Paris envisage l’expulsion de diplomates et la réduction des activités du Mossad

La tension diplomatique entre Paris et Jérusalem franchit un nouveau cap. Selon un article publié par Le Figaro et repris par Ynet, la France envisagerait une riposte sévère si Israël décidait de fermer le consulat général français à Jérusalem. Parmi les options examinées : l’expulsion de diplomates israéliens et la réduction de la présence du Mossad sur le sol français, malgré des années de coopération étroite entre les deux services de renseignement.

Le journaliste Georges Malbrunot, spécialiste des affaires de défense au Figaro, précise que la fermeture du consulat, ouvert depuis 1843 et chargé à la fois des affaires palestiniennes et des 25 000 ressortissants français vivant à Jérusalem-Ouest, serait perçue comme une provocation directe. La réaction de Paris pourrait être immédiate : non seulement sur le plan diplomatique mais aussi dans le domaine sécuritaire.

Un tel scénario inquiète à Tel-Aviv et à Paris, car il remettrait en cause un partenariat historique. Depuis des décennies, la station du Mossad à Paris, dont l’existence est rapportée par plusieurs sources étrangères, collabore étroitement avec la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure). Cette coopération a permis d’empêcher plusieurs attentats sur le sol français. En 2018, par exemple, un complot iranien visant un rassemblement de l’opposition en banlieue parisienne avait été déjoué grâce à des renseignements fournis par Israël 【Wikipédia : Mossad】.

Les analystes soulignent que la réduction des activités du Mossad en France n’aurait pas seulement des conséquences pour Israël. Elle affaiblirait aussi la sécurité intérieure française, puisque la DGSE s’appuie régulièrement sur les informations israéliennes pour contrer des réseaux terroristes liés à l’Iran ou au Hezbollah. « Si Paris expulse nos agents, ce seront ses propres citoyens qui en pâtiront », souligne une source diplomatique israélienne citée par Infos-Israel.News.

Cette crise survient dans un contexte particulièrement tendu. En juillet dernier, le président Emmanuel Macron a annoncé son intention de reconnaître un État palestinien lors de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 【Wikipédia : Reconnaissance internationale de l’État de Palestine】. Quelques semaines plus tard, des diplomates français ont confirmé que cette reconnaissance interviendrait « même si un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas était conclu auparavant ». Cette posture place Paris dans une logique de confrontation avec Israël, alors que Jérusalem considère toute reconnaissance unilatérale comme une récompense offerte au terrorisme.

À Jérusalem, les responsables politiques dénoncent une « trahison » de la part de la France, alliée de longue date. Si la fermeture du consulat français devait effectivement se produire, elle serait un acte symbolique fort de la part d’Israël, visant à rappeler que Jérusalem est sa capitale indivisible. Mais la contrepartie, une réduction du rôle du Mossad en France, risque d’entraver la lutte commune contre le terrorisme islamiste.

Derrière ce bras de fer se profile une question plus large : l’Europe occidentale choisit-elle de rompre avec sa traditionnelle solidarité sécuritaire avec Israël au profit d’un rapprochement diplomatique avec le monde arabe ? Les critiques notent que Paris, en poussant vers la reconnaissance d’un État palestinien, ignore les Accords d’Abraham 【Wikipédia : Accords d’Abraham】, qui ont démontré que la voie de la normalisation régionale peut apporter stabilité et coopération sans passer par des concessions unilatérales.

Pour Israël, la menace française de réduire la coopération avec le Mossad est perçue comme une erreur stratégique. L’histoire récente a montré que l’Europe bénéficie directement du savoir-faire israélien en matière de renseignement, qu’il s’agisse de traquer des cellules iraniennes, de surveiller les filières jihadistes ou de protéger les communautés juives, de plus en plus ciblées par l’antisémitisme.

Dans ce climat électrique, les prochaines semaines seront décisives. Si Paris officialise sa reconnaissance d’un État palestinien et si Israël ferme en retour le consulat français, l’équilibre des relations bilatérales pourrait être durablement brisé. Le risque est que ce conflit diplomatique devienne un handicap pour la sécurité européenne elle-même.

Le Mossad et la DGSE avaient bâti une confiance rare entre deux services souvent méfiants par nature. En menaçant de rompre ce lien, Emmanuel Macron met en péril non seulement l’alliance franco-israélienne, mais aussi la capacité de son propre pays à faire face aux menaces venues du Moyen-Orient.

.