Dans un entretien accordé samedi à la chaîne qatarie Al-Jazeera, l’ancien Premier ministre israélien Ehud Olmert a exprimé son « regret » pour la mort du fils de Khalil al-Hayya, haut responsable du Hamas, tué lors de la frappe israélienne à Doha, ainsi que pour la blessure de son épouse. « Un enfant ne doit pas être une victime, et sa mère non plus », a-t-il déclaré, tout en ajoutant que « les terroristes seront punis en temps voulu ».
Une critique publique de la stratégie actuelle
Olmert, qui fut chef du gouvernement entre 2006 et 2009, a profité de cette tribune pour critiquer violemment la politique de Benjamin Netanyahou et du cabinet de guerre. Selon lui, « l’élimination d’un membre de l’équipe de négociation du Hamas signifie que vous ne voulez pas négocier et que vous ne cherchez pas la libération des otages ». L’ancien Premier ministre a jugé la frappe de Doha « précipitée » et « destructrice sur le plan diplomatique ».
Il a affirmé que l’armée et le cabinet auraient donné pour instruction « de tuer des Palestiniens sans distinction, y compris ceux qui n’ont rien à voir avec les événements du 7 octobre ».
Entre critique interne et récupération extérieure
Si Olmert revendique une position alternative – rappelant qu’en 2008 il avait proposé un plan pour un État palestinien –, ses propos, tenus sur une chaîne souvent accusée de relayer la propagande du Hamas, résonnent comme une caution offerte aux récits de Doha. L’ancien Premier ministre n’a pas hésité à qualifier la politique actuelle de Netanyahou de « danger pour Israël », ajoutant qu’il cherchera à œuvrer, avec d’autres, à mettre fin à son mandat.
Un précédent politique
Olmert n’en est pas à sa première rupture de ligne. Déjà lors des années 2010, il s’était prononcé en faveur de compromis territoriaux importants, en opposition frontale avec la droite israélienne. Mais à la différence de ses interventions passées, sa prise de parole à la télévision qatarie, dans un contexte de guerre ouverte avec le Hamas, prend une tout autre dimension. Elle nourrit, malgré elle ou non, l’argumentaire de ceux qui accusent Israël de mener une guerre « sans distinction », et risque d’affaiblir le front intérieur.
En exprimant des regrets personnels, Ehud Olmert voulait peut-être se poser en homme d’État modéré. Mais ses propos sur une chaîne étrangère hostile à Israël rappellent une réalité : dans un moment de guerre totale, toute critique interne devient munition pour l’adversaire. Si Netanyahou reste contesté en Israël, l’attaque verbale d’Olmert illustre à quel point le débat politique israélien est exposé et instrumentalisé à l’étranger.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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