Avec un jet-ski et ChatGPT : l’odyssée d’un Gazaoui vers l’Europe

Alors que la bande de Gaza vit encore sous le choc de la guerre et de l’occupation partielle par Tsahal, certains habitants cherchent par tous les moyens à fuir. C’est le cas de Mohammed Abou Daka, 31 ans, dont le périple insolite a été raconté par le site religieux Kipa. Après avoir versé 5 000 dollars pour franchir le terminal de Rafah en avril 2024, juste avant que l’armée israélienne ne prenne le contrôle du point de passage, il a multiplié les tentatives d’exil. Son objectif : atteindre l’Europe, coûte que coûte, même après un premier détour raté par la Chine.

C’est finalement en Libye que son plan a pris une tournure inattendue. Abou Daka et deux compagnons originaires de Gaza ont investi dans un jet-ski d’occasion pour 5 000 dollars. Leur pari : traverser la Méditerranée, soit près de 350 kilomètres entre le port libyen d’Al-Khoms et l’île italienne de Lampedusa. Mais pour réussir une telle traversée, il fallait anticiper avec précision la quantité de carburant nécessaire. C’est là qu’intervient un élément inédit dans ce récit : les migrants ont eu recours à ChatGPT, l’intelligence artificielle conversationnelle, pour calculer leur consommation et estimer la faisabilité du trajet.

L’expérience aurait pu virer au drame. Malgré leurs préparatifs, l’essence est tombée à sec à une vingtaine de kilomètres seulement de Lampedusa. Perdus en pleine mer, Abou Daka et ses compagnons ont réussi à lancer un appel de détresse. Secourus par une patrouille maritime roumaine, ils ont finalement atteint la petite île italienne le 18 août, exténués mais vivants. Cette issue heureuse tranche avec la réalité tragique de milliers de migrants africains et moyen-orientaux qui, chaque année, périssent en Méditerranée dans des conditions similaires, victimes des passeurs ou des éléments.

Ce récit, à la frontière du conte moderne et du témoignage dramatique, illustre la complexité de l’exil gazaoui. Depuis la guerre et la destruction de Rafah, de nombreux habitants cherchent à quitter la bande, mais rares sont ceux qui parviennent à franchir les multiples barrières géopolitiques. Le parcours d’Abou Daka souligne à la fois la désespérance d’une population piégée et la créativité extrême déployée pour survivre. L’utilisation d’un outil numérique de pointe comme ChatGPT dans ce contexte tragique révèle une nouvelle facette de la mondialisation : la technologie devient un compagnon d’exil, parfois salvateur, mais incapable d’effacer les dangers mortels d’une traversée illégale.

L’histoire a aussi une résonance politique. Pour Israël, l’exode de Gazaouis après les combats souligne l’ampleur du chaos humanitaire laissé derrière. Pour l’Europe, l’arrivée de nouveaux réfugiés, même par des moyens improbables, rappelle que la Méditerranée reste une ligne de fracture migratoire brûlante. Quant au Hamas, ce récit souligne l’échec de sa promesse de “protéger Gaza” : quand un jeune homme risque sa vie sur un jet-ski pour fuir, c’est que l’horizon local est devenu invivable.

En définitive, le voyage de Mohammed Abou Daka incarne à la fois la fuite, l’ingéniosité et la fragilité des trajectoires humaines dans un contexte de guerre et de désespoir. Sauvé in extremis, il a rejoint l’Europe par la grande porte des drames migratoires. Que son salut soit dû à un mélange de courage, d’opportunisme et d’intelligence artificielle dit beaucoup sur notre époque : même dans les situations les plus désespérées, l’homme cherche des alliés, quitte à demander à une machine de l’aider à traverser la mer.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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