Hébron : l’administration civile israélienne reprend la main sur la gestion du Caveau des Patriarches

Un tournant historique s’opère à Hébron. Pour la première fois depuis plusieurs décennies, l’administration civile israélienne retire des compétences à la municipalité palestinienne de la ville afin de mener à bien des travaux d’aménagement dans l’enceinte du Caveau des Patriarches (Ma’arat HaMakhpela), lieu saint majeur du judaïsme et de l’islam. La décision a été prise après le refus répété de la municipalité d’Hébron de coopérer à un projet de couverture de la cour extérieure, destiné à offrir des conditions dignes de prière aux fidèles.

Conformément aux directives du gouvernement israélien, l’administration civile a informé ce mardi les responsables palestiniens de son intention de mettre en œuvre les procédures d’urbanisme nécessaires pour faire avancer le chantier. Les autorités précisent que le projet « respecte le statu quo » et n’affectera pas l’organisation des offices religieux, mais constitue un « besoin humanitaire » pour l’ensemble des populations qui se rendent sur place.

La portée de la décision dépasse la seule question pratique. Comme l’explique Israël Bramsone, président du conseil de Kiryat Arba-Hébron, « c’est un jour historique pour la ville des Patriarches et pour le peuple d’Israël tout entier. Après des années de lutte et de coopération avec les différentes instances, le moment est venu de voir enfin les travaux sur le terrain. La couverture de la cour n’est pas seulement une réponse fonctionnelle : c’est une déclaration de souveraineté et d’attachement national à Hébron et au Caveau des Patriarches ».

Ce changement institutionnel rappelle l’importance symbolique et politique du lieu. La dernière fois qu’une modification structurelle significative avait été décidée remonte à 1994, dans le sillage de la tragédie du massacre commis par Baruch Goldstein. Depuis, un statu quo extrêmement sensible encadrait la division de l’accès entre musulmans et juifs. Mais, malgré ces restrictions, la communauté juive locale réclamait de longue date la possibilité de prier à l’abri, notamment dans la « cour de Yaakov », utilisée par les fidèles israéliens durant plus de 90 % de l’année.

Pour l’administration civile, le transfert de compétences vise à débloquer un dossier resté figé depuis des années. Outre la couverture de la cour, d’autres aménagements sont envisagés pour améliorer la sécurité et l’accessibilité du site, qui attire chaque année des centaines de milliers de pèlerins juifs et musulmans.

Cette évolution risque toutefois d’attiser de nouvelles tensions. La municipalité palestinienne d’Hébron dénonce déjà une remise en cause du statu quo, voyant dans l’intervention israélienne une extension de contrôle unilatéral. De leur côté, les dirigeants israéliens soulignent que le projet est strictement limité à l’amélioration des conditions de prière et ne modifie en rien la répartition des espaces.

Au-delà du dossier technique, c’est la dimension symbolique qui domine : en assumant directement la gestion des travaux, Jérusalem envoie un message clair sur son lien indéfectible avec l’un des sites les plus sacrés du judaïsme. Cette affirmation de souveraineté, dans une ville qui reste un foyer de tensions permanentes, marque une étape politique et spirituelle lourde de conséquences.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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