Un rapport publié ce vendredi par le quotidien saoudien Asharq Al-Awsat révèle une fracture inquiétante au sein des organes de sécurité houthis au Yémen. Après l’élimination ciblée de hauts responsables du mouvement, la méfiance s’est transformée en véritable guerre de clans : accusations croisées d’espionnage, de fuites d’informations sensibles et de dépassement de compétences sapent la cohésion du leadership rebelle.
Au centre de cette querelle se trouvent Ali Hussein al-Houthi, fils du fondateur du mouvement et chef de la nouvelle « police communautaire », et Abd al-Hakim al-Khiwani, patron des services de sécurité et de renseignement. Chacun accuse l’autre d’infiltration, de détentions arbitraires et de tentative de mainmise sur l’appareil sécuritaire. Al-Khiwani reproche notamment à l’unité d’Al-Houthi de déborder de son rôle initial — surveiller les tribus et partis — pour empiéter sur les prérogatives du renseignement central.
Cette lutte intestine survient alors que les Houthis tentent de former un nouveau gouvernement à Sanaa. Mais de nombreux candidats potentiels refusent d’assumer des fonctions officielles, craignant de devenir des cibles pour les frappes israéliennes, qui ont déjà décimé plusieurs commandants de haut rang, ou de subir des pressions occidentales. Résultat : les nominations stagnent, et l’organisation peine à afficher un front politique cohérent.
Les tensions s’étendent également à la base : différents courants rivalisent pour le contrôle des ressources et des territoires, tandis que la crainte d’une infiltration de « taupes » à la solde de Riyad, Washington ou Jérusalem mine la confiance interne. Face à ce climat de suspicion généralisée, le chef du mouvement, Abd al-Malik al-Houthi, envisagerait de s’appuyer uniquement sur son cercle rapproché pour recomposer une équipe dirigeante, sous haute sécurité.
Pour Israël, cette désorganisation représente une opportunité stratégique : chaque fracture affaiblit la capacité des Houthis à projeter leur puissance — notamment via leurs drones et missiles à longue portée qui menacent Eilat et la mer Rouge. Mais cette même fragilité pourrait pousser la direction houthiste à multiplier les coups d’éclat militaires pour réaffirmer son autorité. Autant dire qu’au-delà des rivalités internes, la menace reste intacte et pourrait même se radicaliser.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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