Iran : trois ans après la mort de Mahsa Amini, la colère populaire refait surface

Trois ans après l’assassinat de Mahsa Amini par la police des mœurs, l’Iran est à nouveau secoué par des manifestations. Dans plusieurs villes, les slogans « Mort au dictateur » et « Mort à Khamenei » résonnent, témoignant d’une société épuisée par la répression, la sécheresse et l’inaction du régime. D’après l’iranologue Dr. Tamar Eilam Gindin, interrogée par Arutz 7, la contestation n’est plus une surprise : les femmes circulent désormais sans voile malgré les tentatives violentes du régime pour réimposer son autorité.

Une répression qui perd de son efficacité

Depuis la mort d’Amini, les Iraniennes se sont habituées à défier la loi sur le hijab. Même lorsque le régime a relancé une campagne de terreur, les femmes ont continué à se dévoiler dans l’espace public. Aujourd’hui, on observe côte à côte des femmes voilées et d’autres tête nue, une scène impensable il y a encore quelques années. Faute de moyens et de troupes — beaucoup ayant été mobilisées pour réprimer d’autres émeutes — l’État se contente de mesures ponctuelles : fermeture immédiate de cafés où l’on danse, renvoi de responsables pour un geste jugé « immoral ».

Le spectre de Mahsa Amini

Le régime redoute la charge symbolique de l’affaire Amini. Chaque année, à la date de son décès, les autorités redoublent d’efforts pour empêcher tout rassemblement : blocage des routes menant au cimetière, pressions sur la famille, et même ouverture de barrages pour inonder les chemins. Dans un pays ravagé par cinq années de sécheresse, voir le régime gaspiller des millions de litres d’eau pour empêcher un hommage a encore accentué la colère populaire.

Une crise écologique et sociale

La sécheresse devient un catalyseur des protestations. Les Iraniens dénoncent qu’en 46 ans, le régime n’a jamais investi dans des infrastructures modernes ni dans l’éducation à l’économie d’eau. Pendant que les dirigeants se vantent d’accords internationaux pour contourner les sanctions, les habitants affrontent pénuries d’eau et de courant. L’absurdité est criante : une délégation iranienne a même été envoyée discrètement apprendre des solutions israéliennes en matière de dessalement et de recyclage des eaux usées.

Un régime vieillissant et déconnecté

Le contraste entre une jeunesse frustrée et une élite vieillissante est saisissant. L’ayatollah Khamenei a 86 ans, plusieurs figures clés dépassent les 90 ans, et très peu de ministres sont nés après la révolution islamique. Cette gérontocratie, figée dans ses dogmes, peine à répondre aux besoins d’une population jeune et connectée, qui ne se reconnaît plus dans ses dirigeants. « Après la mort de Khamenei, il pourrait y avoir un tournant », estime Dr. Gindin, tout en soulignant que la brutalité du régime rend chaque perspective de changement incertaine.

L’Iran au bord d’une nouvelle ère ?

Jusqu’ici, la plupart des soulèvements ont été écrasés en quelques semaines. Mais la mémoire de Mahsa Amini, l’usure du régime, la crise économique et environnementale et la fracture générationnelle créent un cocktail explosif. Même si le régime tente de canaliser la colère par des concerts ou des distractions, la rue iranienne montre que la peur s’effrite. La question n’est plus de savoir si les Iraniens veulent un changement, mais quand et à quel prix. Pour Israël et l’Occident, il s’agit d’un signal : un régime fragile, discrédité et contesté de l’intérieur reste dangereux, mais il est aussi plus vulnérable que jamais.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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