La dernière tentative de l’Égypte pour proposer la création d’une force de défense arabe commune, calquée sur le modèle de l’OTAN, s’est heurtée à un mur. Selon des sources diplomatiques régionales, le Qatar et les Émirats arabes unis (EAU) ont bloqué l’initiative, révélant une fois encore l’impossibilité d’unir le monde arabe autour d’une véritable stratégie de défense collective.
Cet épisode illustre la fragilité des discours sur « l’unité arabe » souvent mis en avant dans les sommets officiels, mais qui disparaissent dès que des intérêts divergents apparaissent. Derrière les belles paroles, la réalité est celle d’une mosaïque de régimes aux ambitions contradictoires, incapables de dépasser leurs rivalités pour bâtir une alliance militaire crédible.
L’idée égyptienne : un bouclier régional
L’Égypte, qui se considère historiquement comme un leader du monde arabe, a tenté de relancer l’idée d’un système de défense collective, inspiré de l’OTAN. L’objectif affiché : créer une structure militaire conjointe capable de répondre aux menaces régionales, qu’elles viennent de l’Iran, de groupes terroristes ou de conflits internes menaçant la stabilité.
Dans le contexte actuel — guerre à Gaza, tensions au Liban, attaques houthies en mer Rouge — l’initiative semblait opportune. Une force arabe coordonnée aurait théoriquement pu renforcer la sécurité régionale et montrer que les pays arabes sont capables de se défendre sans dépendre entièrement de l’Occident.
Mais très vite, le projet a révélé ses limites.
Le veto qatari et émirati
Le Qatar s’est opposé à la proposition, craignant de voir une telle alliance renforcer l’influence de l’Égypte et surtout de l’Arabie saoudite, rivale traditionnelle dans la course au leadership régional. Doha, qui entretient des relations étroites avec les Frères musulmans et a longtemps soutenu le Hamas, redoute qu’une force arabe ne devienne un instrument dirigé contre ses protégés islamistes.
Les Émirats arabes unis, de leur côté, ont également bloqué l’initiative, mais pour d’autres raisons. Abou Dhabi, bien que farouchement opposée aux islamistes, refuse de déléguer sa politique de défense à une coalition dominée par Le Caire ou Riyad. Les EAU ont investi massivement dans une stratégie militaire autonome et préfèrent bâtir des partenariats bilatéraux, notamment avec Israël et les États-Unis, plutôt que de s’enfermer dans une alliance panarabe ingérable.
Le mirage de l’unité arabe
Cet épisode confirme ce que l’histoire a déjà montré à maintes reprises : l’unité arabe est un mythe. De la Ligue arabe, souvent réduite à un club de discussions sans effet concret, aux tentatives passées de créer un commandement militaire commun, toutes les initiatives se sont soldées par des échecs.
Pourquoi ? Parce que chaque régime arabe poursuit d’abord sa survie et ses intérêts propres. Le Qatar cherche à maintenir son rôle de médiateur et son influence via le financement d’organisations islamistes. Les Émirats veulent se présenter comme un pôle de modernité et de puissance économique. L’Égypte veut retrouver son prestige militaire perdu. L’Arabie saoudite, enfin, tente de gérer ses réformes internes tout en contenir l’expansion iranienne.
Ces objectifs divergents rendent illusoire toute coordination militaire sérieuse.
Une opportunité manquée… ou un révélateur ?
Certains observateurs pourraient voir dans cet échec une opportunité perdue : face à l’Iran et à ses proxies, une coalition arabe forte aurait pu jouer un rôle stabilisateur. Mais la vérité est tout autre : une telle structure aurait été minée dès le départ par la méfiance mutuelle, les rivalités de leadership et les alliances contradictoires.
L’exemple du conflit à Gaza le prouve. Alors qu’Israël affronte le Hamas, les États arabes n’ont jamais parlé d’une seule voix. Le Qatar abrite la direction politique du Hamas, l’Égypte joue le rôle de médiateur tout en fermant hermétiquement sa frontière, les Émirats et Bahreïn coopèrent discrètement avec Israël, et l’Arabie saoudite hésite entre rapprochement avec Jérusalem et crainte des réactions de la rue arabe.
Israël, l’allié qu’on ne nomme pas
Ironie du sort, les seuls partenariats militaires arabes qui fonctionnent réellement sont ceux qui incluent… Israël. Depuis les Accords d’Abraham, la coopération sécuritaire entre Israël, les Émirats et Bahreïn a permis de contrer des menaces communes, notamment les attaques de drones et de missiles en provenance d’Iran et de ses alliés.
Si une « OTAN moyen-orientale » doit un jour voir le jour, elle ne pourra pas reposer sur une chimère d’unité arabe, mais sur un axe pragmatique rassemblant les États prêts à agir contre le terrorisme islamiste et l’hégémonie iranienne — et cet axe inclura nécessairement Israël.
Conclusion : l’éternel éclatement du monde arabe
L’échec du projet égyptien rappelle une vérité incontournable : les divisions arabes sont plus fortes que les discours d’unité. Derrière les déclarations enflammées des sommets internationaux, les rivalités, les jalousies et les intérêts divergents empêchent toute action collective réelle.
Pour Israël, cette situation, bien que révélatrice de l’hypocrisie arabe, comporte aussi un avantage stratégique : tant que ses voisins restent incapables de s’unir, ils ne peuvent pas constituer une menace militaire coordonnée.
Mais cela souligne également l’importance, pour Jérusalem, de continuer à bâtir des alliances solides avec les acteurs régionaux sérieux — qu’ils soient arabes ou non — et de rester vigilant face aux illusions dangereuses d’un « front arabe » qui n’existe que dans les discours.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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