Le ministre Eli Cohen répond à Bennett : « Les élections auront lieu à temps, mais ne volez pas les voix cette fois-ci. »

La scène politique israélienne s’est enflammée ce dimanche matin, après une déclaration inattendue de l’ancien Premier ministre Naftali Bennett, qui a affirmé que des pressions seraient exercées sur les systèmes sécuritaires afin de reporter les prochaines élections législatives. « Nous ne permettrons à personne de repousser ou de perturber les élections », a-t-il écrit, précisant qu’un tel report nécessiterait l’aval de 80 députés à la Knesset, « et il n’y en a pas ».

Bennett a également lancé un appel aux responsables sécuritaires, aux fonctionnaires et aux juges, les exhortant à « ne pas plier les règles » malgré les manœuvres politiques. Dans son communiqué, il a assuré que « la normalité démocratique reprendra » et prédit que « bientôt, le gouvernement actuel sera remplacé ».

La réplique n’a pas tardé. Le ministre des Affaires étrangères Eli Cohen a répondu avec virulence, accusant Bennett de duplicité : « Les élections auront lieu à la date prévue. La seule chose à garantir, c’est que toi, Bennett, tu ne voles pas les voix de la droite pour monter une coalition adossée aux Frères musulmans. » Une allusion directe à la participation de la liste arabe islamiste Ra’am à la coalition que Bennett avait dirigée en 2021, un épisode qui reste encore une plaie ouverte dans une partie de l’électorat nationaliste.

Cet échange met en lumière la fébrilité croissante à l’approche du scrutin. Alors que le pays reste plongé dans une guerre longue contre le Hamas et sous tension permanente avec le Hezbollah et l’Iran, la question du calendrier électoral devient un sujet explosif. Les accusations de Bennett, relayées par ses partisans, visent à placer le gouvernement sur la défensive, tandis que la droite au pouvoir brandit l’argument de la trahison passée pour disqualifier toute alternative.

Au-delà des invectives, cette passe d’armes illustre un malaise plus profond : la difficulté pour la démocratie israélienne de maintenir ses institutions dans un contexte de guerre prolongée. Dans l’histoire du pays, jamais une élection n’a été annulée ou reportée pour cause de conflit, un symbole fort de résilience démocratique que les dirigeants, même en désaccord, s’efforcent de rappeler.

Mais l’ombre des alliances passées plane encore. L’entrée de Ra’am dans la coalition Bennett-Lapid en 2021 avait marqué une première historique, mais elle continue de nourrir la rhétorique de la droite qui y voit une compromission avec « les ennemis de l’intérieur ». La réplique d’Eli Cohen vise donc à raviver cette mémoire dans l’opinion publique et à s’assurer que Bennett reste associé à ce « péché originel » politique.

Dans un climat où la sécurité et la survie nationale dominent l’agenda, les débats électoraux risquent de tourner moins autour des programmes que des accusations de trahison ou de loyauté. Israël s’apprête à entrer dans une campagne où chaque mot pèsera lourd, et où l’urgence sécuritaire servira autant de bouclier que d’arme rhétorique.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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