Les habitants des localités proches de la frontière avec l’Égypte alertent sur une intensification spectaculaire des infiltrations de drones chargés d’armes. Selon leurs témoignages, des dizaines d’engins franchiraient la frontière chaque jour, sans réelle réponse de la sécurité israélienne. Le parallèle avec les avertissements ignorés avant le 7 octobre nourrit un sentiment de colère et d’abandon.
Une frontière sous pression
Le week-end dernier, les habitants de Pithat Nitzana, au sud-ouest du Néguev, ont signalé une activité aérienne inédite. « Nous avons compté plus de 25 drones au-dessus de Be’er Milka, tous filmés et documentés. Et combien d’autres passent sous les radars ? », s’indigne un résident dans un message diffusé sur les groupes locaux.
Les témoignages décrivent un trafic d’armes à grande échelle, opéré avec une précision quasi militaire. « Ce n’est pas une petite contrebande marginale, c’est une industrie entière, avec des observateurs, des véhicules et une logistique digne d’un cartel », poursuit le message.
Selon les habitants, ce flux constant d’armes soulève une question cruciale : à qui est destiné cet arsenal qui s’accumule dans le sud du pays ?
Des habitants qui se sentent abandonnés
Le parallèle avec le 7 octobre 2023 revient sans cesse dans leurs propos. À l’époque, des observatrices de Tsahal avaient multiplié les signaux d’alerte sur l’activité du Hamas à Gaza, sans être entendues. Aujourd’hui, les résidents de la zone frontalière égyptienne estiment revivre le même scénario.
« Nous crions encore une fois, et personne ne nous écoute », déclare un villageois. « Où est le Shin Bet ? Où est l’armée ? Nous voyons sous nos yeux une infrastructure de guerre se constituer, et nous sommes ignorés. »
Le sentiment de vulnérabilité est renforcé par l’absence de communication claire de la part des autorités. Aucune réaction officielle du Shin Bet ou de Tsahal n’a encore été publiée, alors que la population locale réclame des renforts immédiats.
Un problème récurrent mais amplifié
La frontière israélo-égyptienne, longue de plus de 200 kilomètres, est historiquement un point sensible pour les trafics. Drogues, migrants clandestins, contrebande d’armes : autant de défis sécuritaires qui pèsent sur les forces israéliennes.
Ces derniers mois, le phénomène des drones s’est intensifié. Selon plusieurs experts militaires, leur usage permet aux trafiquants de contourner plus facilement les patrouilles terrestres et d’introduire des cargaisons d’armes sans confrontation directe.
Le caractère organisé de ces opérations, avec appui logistique côté égyptien, inquiète particulièrement. Il s’agirait d’un « réseau transfrontalier structuré », ressemblant davantage à une filière internationale qu’à une simple contrebande artisanale.
Réactions et implications sécuritaires
L’inquiétude des habitants ne relève pas seulement de la peur immédiate : elle met en lumière une faille potentiellement stratégique. L’accumulation d’armes livrées par drones pourrait, selon eux, alimenter des cellules terroristes dormantes à l’intérieur d’Israël, ou préparer un futur scénario d’attaque coordonnée.
Un ancien officier de Tsahal, interrogé par Ynet, met en garde : « Si ces cargaisons ne sont pas stoppées, elles seront utilisées contre nous. Chaque drone qui franchit la frontière est une bombe à retardement pour les habitants du sud. »
Pour Israël, la question dépasse la seule contrebande : elle touche à la crédibilité du dispositif sécuritaire dans une zone déjà fragilisée par la guerre à Gaza et la menace persistante au nord.
Une coopération avec l’Égypte sous tension
Depuis les accords de Camp David (1979), Israël et l’Égypte coopèrent officiellement en matière de sécurité frontalière, notamment dans le Sinaï. Mais les habitants dénoncent une passivité du côté égyptien, qui laisse se développer des réseaux criminels.
Officiellement, Le Caire ne souhaite pas la confrontation directe avec Israël et affirme lutter contre le trafic. Mais sur le terrain, la réalité est plus complexe : corruption locale, manque de contrôle militaire, et infiltration de groupes organisés rendent la frontière poreuse.
Les appels à l’aide des habitants de Nitzana sonnent comme un signal d’alarme : après le traumatisme du 7 octobre, Israël ne peut se permettre d’ignorer une menace documentée qui se déploie quotidiennement sous ses yeux. Les drones chargés d’armes qui franchissent la frontière ne sont pas un phénomène marginal : ils annoncent potentiellement le prochain front.
À l’heure où l’armée égyptienne se renforce et où les trafiquants se professionnalisent, Israël doit réagir avec fermeté pour restaurer la confiance de ses citoyens du sud. Faute de quoi, l’histoire pourrait bien se répéter, avec un prix humain encore plus lourd.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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