Discours de Netanyahou diffusé par haut-parleurs à Gaza : propagande psychologique ou rappel brutal que la diplomatie a échoué ?

Sur ordre du bureau du Premier ministre, Tsahal a reçu instruction d’installer des haut-parleurs à la frontière de Gaza pour diffuser le discours de Benyamin Netanyahou à l’ONU. Certains dénoncent une « torture psychologique » à l’égard des Palestiniens. Mais pour d’autres, cette initiative illustre surtout l’évidence : si le 7 octobre a vu des foules participer au massacre – en tongs et à vélo – c’est parce qu’Israël a trop longtemps cru à la diplomatie face à des ennemis qui ne connaissent ni paix ni normalité.

L’information révélée par Haaretz a fait l’effet d’une provocation volontaire : l’armée israélienne a reçu consigne de diffuser le discours de Netanyahou devant l’Assemblée générale de l’ONU par des systèmes de sonorisation disposés sur des camions et à proximité immédiate de la clôture séparant Israël de Gaza. Officiellement, il s’agit d’une opération de « guerre psychologique », destinée à rappeler à la population de la bande que leur sort n’est pas dicté par leurs leaders terroristes, mais que la voix d’Israël continue de porter jusque dans leurs rues.

Le dispositif a immédiatement suscité des réactions contrastées. Des critiques, y compris dans certains médias occidentaux, y voient une humiliation supplémentaire imposée aux Gazaouis, assimilée à une forme de torture sonore. Mais à Jérusalem, les partisans de l’initiative insistent : la véritable violence n’est pas dans un haut-parleur, mais dans le sang versé le 7 octobre. Ce jour-là, des milliers de civils palestiniens ont franchi la frontière, accompagnant les commandos du Hamas, armés de simples couteaux, parfois même chaussés de tongs ou montés sur des vélos, pour participer à l’horreur. Une participation populaire qui révèle une société entière acquise à la barbarie, bien au-delà des seuls cadres militaires du Hamas.

Dans ce contexte, diffuser le discours de Netanyahou devient moins un outil de propagande qu’un rappel des vérités fondamentales : Israël a péché par excès de mansuétude. Pendant des années, l’État hébreu a cru qu’en multipliant les ouvertures, les trêves et les concessions, il finirait par instaurer une forme de normalité avec Gaza. La tragédie du 7 octobre a démontré l’illusion : face à une population abreuvée de haine depuis l’enfance, la paix n’est pas un horizon partagé.

Si les Palestiniens avaient connu la paix, ils ne seraient pas descendus en masse, avec leurs enfants, pour piller et tuer . Ce n’était pas seulement une opération militaire : c’était une fête macabre à laquelle tout un peuple a pris part.  Dans cette logique, imposer la voix du Premier ministre à travers des haut-parleurs est une manière de rappeler que le narratif israélien ne disparaîtra pas, et que l’État juif ne cédera pas la victoire idéologique aux bourreaux du Hamas.

La symbolique est forte. Netanyahou devait prononcer devant l’ONU un discours ciblé contre la reconnaissance internationale d’un État palestinien. Son message : « Vous récompensez le terrorisme alors que nos otages restent entre les mains du Hamas. » Diffuser ce même discours à Gaza, directement dans les oreilles des civils, revient à confronter une population entière à l’accusation d’avoir collectivement trahi l’idée même de coexistence.

Les critiques évoquent un risque : galvaniser la haine, renforcer le sentiment de victimisation. Mais c’est oublier que la haine est déjà totale, qu’elle s’enseigne dans les manuels scolaires et qu’elle s’est matérialisée dans le lynchage et le massacre de civils israéliens. « Parler aux Palestiniens dans leur propre environnement est un message de force », explique un stratège israélien. « C’est leur dire : vous avez cru que le 7 octobre allait nous briser. Nous sommes encore là, et nous avons une voix. »

À l’approche de son discours à l’ONU, Netanyahou doit jongler entre plusieurs publics : galvaniser sa base en Israël, envoyer un signal à Trump et préparer le terrain d’un règlement post-guerre. L’initiative des haut-parleurs s’inscrit dans cette logique : montrer que, même en pleine bataille diplomatique, Israël n’oublie pas que son véritable front est idéologique, face à une société qui a remplacé la normalité par la haine et qui ne comprend que le langage de la fermeté.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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