Battue par Donald Trump en 2024, l’ex-vice-présidente Kamala Harris revient sur le devant de la scène avec un livre explosif, 107 jours. Elle y livre un récit cru de sa campagne et de sa relation tendue avec Joe Biden, qu’elle décrit comme « fatigué », parfois « imprudent », et dont la décision de se représenter aurait été « une erreur ». L’ouvrage, autant règlement de comptes qu’autoportrait, relance une question ironique : Harris prépare-t-elle réellement un retour en 2028 — alors même que Biden, âgé et retiré, est encore vivant pour constater cette mise à distance sans ménagement ?
Les faits — Dans son livre, Harris reconnaît sa loyauté initiale envers Biden mais souligne que ses « sentiments de chaleur et de fidélité » se sont mués en « douleur et déception ». Elle l’accuse d’avoir ignoré les signaux d’usure et d’avoir compromis la campagne démocrate en 2024. À plusieurs reprises, elle égratigne son équipe de conseillers et n’hésite pas à qualifier la candidature de Biden de « téméraire ». Ces révélations ont choqué nombre de proches de l’ancien président, qui dénoncent une trahison inutile, et jettent une ombre sur la mémoire politique d’un homme encore bien vivant.
Réactions dans le camp démocrate — Certains y voient un exercice cathartique ; d’autres, une faute stratégique. Des voix progressistes rappellent que Harris n’a jamais su choisir entre un discours modéré et une ligne radicale, perdant en clarté et en conviction. Des centristes lui reprochent aujourd’hui de rouvrir les blessures au lieu de cimenter une opposition face à Trump. Même parmi ses anciens collaborateurs, la gêne est palpable : « Elle aurait dû écrire un livre qui fixe son héritage, pas un recueil de ressentiments », critique Ashley Etienne, ex-directrice de communication de Harris.
Un parfum de revanche — Officiellement, Harris affirme qu’il ne s’agit que d’un « tour promotionnel » pour un livre. Mais sa tournée d’événements publics, les acclamations de militants qui l’encouragent à « retenter sa chance », et surtout son refus de fermer la porte à une candidature en 2028, alimentent les spéculations. Elle n’a pas voulu se présenter au poste de gouverneure de Californie, craignant que cela ne l’empêche d’ambitionner la Maison-Blanche. En coulisses, ses proches reconnaissent qu’elle « ne se sentait pas prête pour une nouvelle campagne si tôt », mais qu’elle n’a pas renoncé à son horizon présidentiel.
L’ironie cruelle — Pour beaucoup d’Américains, et à plus forte raison pour les Républicains, la situation prête à sourire : Biden, dont Harris dresse le portrait d’un homme « fatigué », est toujours vivant, lucide et capable de mesurer l’ampleur des reproches lancés par son ancienne numéro deux. Si le livre devait marquer l’acte I d’un « comeback », il commence par un paradoxe : Harris semble vouloir bâtir son avenir politique en dynamitant l’héritage d’un président dont elle fut la première partenaire — au risque de paraître ingrate et opportuniste.
Perspective — Si Harris devait effectivement briguer l’investiture démocrate en 2028, elle devra convaincre une base militante méfiante et un électorat qui ne l’a pas suivie en 2024. L’attaque frontale contre Biden pourrait séduire ceux qui veulent « tourner la page » — mais aliéner durablement ceux qui considèrent qu’on ne ridiculise pas un président sortant encore en vie, fût-il en retrait. En politique américaine, la mémoire est courte mais la rancune peut être tenace.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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