À l’occasion du rassemblement commémorant l’assassinat d’Hassan Nasrallah, le secrétaire général par intérim du Hezbollah, Naim Kassim, a envoyé un message clair et sans ambiguïté : « Nous ne renoncerons pas à nos armes ». Face au discours offensif de Benjamin Netanyahu à l’ONU et aux appels internationaux à la démilitarisation du groupe chiite, Kassim a choisi la défiance. Le spectre d’un nouveau front nord, et d’une pression accrue sur Beyrouth, revient au premier plan. (Times of Israel)
Les faits — Devant des dizaines de milliers de partisans réunis au Liban pour commémorer l’élimination de Nasrallah, Kassim a déclaré : « Nous n’abandonnerons jamais nos armes, ni ne les remettrons », ajoutant sa disponibilité au « martyre » et affirmant que le groupe « ne quittera pas le champ de bataille ». L’intervention, très politique et très symbolique, survient au lendemain du discours ferme de Netanyahu à l’Assemblée générale, et alors que des pressions internationales s’exercent pour contenir la prolifération d’armes non étatiques au Liban. (Times of Israel)
Réactions et enjeux immédiats — La rhétorique de Kassim réanime plusieurs lignes de fracture : d’une part, elle contredit frontalement les déclarations de responsables occidentaux et de certains gouvernements libanais qui appellent au désarmement des milices ; d’autre part, elle laisse peu de marge de manœuvre à Beyrouth, fragile sur le plan politique et économique, qui subit la pression israélienne et les sollicitations internationales. Sur le plan opérationnel, un tel refus de dépossession rend toute perspective de désescalade conditionnelle — si le Liban ne peut garantir la neutralisation des capacités militaires du Hezbollah, Israël considère que sa sécurité resterait en péril. (Al Jazeera)
Pourquoi ce refus persiste — Trois logiques expliquent la position de Kassim. La première est stratégique : Hezbollah se présente comme le garant — réel ou narratif — de la « résistance » face à Israël et considère son arsenal comme un élément de dissuasion indispensable. La deuxième est politique : aucun dirigeant du mouvement ne peut accepter un désarmement qui serait perçu, dans ses bastions chiites, comme une capitulation. Enfin, la dimension régionale pèse lourd : l’ombre de l’Iran, principal pourvoyeur financier et logistique, confère au groupe une autonomie stratégique qui complexifie toute tentative de démantèlement. (AP News)
Risques d’escalade et calculs d’équilibre — Le discours de Kassim n’est pas qu’un geste rhétorique : il redessine les contraintes sur le terrain. Si Beyrouth venait à être considéré comme incapable de contrôler les milices, Israël pourrait accentuer ses opérations préventives le long de la frontière, ce qui entraînerait une intensification des frappes, des ripostes de missiles et une pression humanitaire sur les populations civiles libanaises — scénario que redoutent la communauté internationale et les acteurs régionaux. À l’inverse, toute tentative extérieure de forcer un désarmement pourrait déclencher un affrontement intra-libanais aux conséquences imprévisibles. (AP News)
L’ironie des postures internationales — La charge de Kassim s’inscrit dans un contexte où les critiques contre Israël se multiplient sur la scène internationale — contexte dont la Russie ou d’autres puissances profitent pour repositionner leur influence régionale. Mais l’argument moral ne suffit pas à annuler les réalités militaires : pour beaucoup d’Israéliens, la présence d’un arsenal structuré et autonome au Liban demeure la menace majeure. En filigrane, la question est simple et terrible : comment concilier la souveraineté d’un État, la sécurité de ses citoyens et l’existence, enracinée, d’acteurs non étatiques armés ? (Le Monde.fr)
Que peuvent faire les puissances européennes, et la France ? — Certains commentateurs, y compris des voix publiques en France, estiment que Paris — par son influence diplomatique et ses relations historiques au Liban — pourrait jouer un rôle d’apaisement en poussant Beyrouth à reprendre la main sur l’État et ses institutions. Mais toute pression européenne a ses limites si elle n’est pas suivie d’un plan régional engageant les acteurs iraniens et saoudiens, et sans garanties concrètes pour la sécurité libanaise. L’appel du type « Macron, calmez le Liban » — compréhensible au regard de la volonté d’éviter une nouvelle guerre — reste, dans la pratique, d’une mise en œuvre politique fragile. (Opinion exprimée par des observateurs.) (L’Orient Today)
Conclusion — La déclaration catégorique de Naim Kassim est un marqueur politique et stratégique : elle confirme que, malgré les pertes et les pressions, le Hezbollah entend conserver son autonomie militaire. Pour Israël, c’est un signal clair que la menace sur la frontière nord n’est pas éteinte. Pour le Liban, c’est un défi existentiel : concilier la souveraineté nationale et la coexistence d’un acteur armé quasi-étatique. À défaut d’une solution régionale globale, le risque d’une nouvelle détérioration reste élevé — et la voie diplomatique paraît, à court terme, fortement contrainte par les réalités militaires sur le terrain. (Times of Israel)
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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