Lapid promet un « filet de sécurité » à Netanyahu — mais pour qui agit-il vraiment ?

Le chef de l’opposition Yair Lapid a annoncé avoir assuré à l’administration américaine qu’il fournirait à Benjamin Netanyahu une « réseau de sécurité » politique pour conclure un accord de libération des otages et mettre fin à la guerre. Derrière ce geste, présenté comme un acte de responsabilité nationale, se cache un calcul politique transparent : Lapid cherche avant tout à renforcer sa stature internationale et à se poser en alternative crédible, quitte à ignorer les risques qu’un accord prématuré ferait courir à Israël.

Les faits — Dans un message publié sur X, Lapid a affirmé avoir informé Washington qu’il soutiendrait Netanyahu si celui-ci acceptait l’initiative américaine pour une « transaction otages contre cessez-le-feu ». Il a minimisé les menaces de rupture de coalition proférées par Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, qualifiant leurs avertissements d’« intimidations creuses ». Selon lui, « il y a une majorité à la Knesset et dans le pays pour cet accord ». Une déclaration qui intervient à la veille de discussions cruciales entre Netanyahu et Trump sur le plan américain en 21 points.

Les critiques — Pour ses détracteurs, Lapid ne défend pas ici l’intérêt national mais sa propre carrière. L’ancien Premier ministre sait qu’en s’alignant sur la Maison-Blanche, il gagne des points de crédibilité aux yeux des partenaires occidentaux. Mais la logique d’un accord rapide, qui prévoirait un retrait progressif des forces israéliennes de Gaza, laisse planer le risque de voir le Hamas se reconstituer, réarmer et relancer la guerre à court terme. En promettant de « couvrir » Netanyahu, Lapid s’arroge une posture d’homme d’État responsable, mais en réalité, il court-circuite le débat israélien le plus vital : faut-il sauver des otages maintenant en laissant le Hamas respirer, ou continuer la guerre jusqu’à son démantèlement ?

Une stratégie personnelle — Ce n’est pas la première fois que Lapid utilise l’argument de la « responsabilité » pour se distinguer de Netanyahu tout en soutenant des choix controversés. Déjà lors des débats sur les réformes judiciaires, il avait privilégié le dialogue avec les chancelleries occidentales, au prix d’une fracture interne. Aujourd’hui, son calcul est clair : apparaître comme l’homme de confiance de Washington et de l’Europe, quitte à ce que la population israélienne paie plus tard le prix d’une guerre inachevée.

Enjeux pour Israël — La question n’est pas seulement tactique mais existentielle. Un accord bâclé, même couvert par l’opposition, ne garantirait ni la disparition du Hamas ni la sécurité des otages à long terme. Israël risquerait de voir se répéter le scénario des échanges asymétriques du passé, où des prisonniers ou des concessions majeures n’ont servi qu’à renforcer l’ennemi. En promettant une « majorité politique », Lapid détourne le regard de la réalité militaire : sans victoire totale, il n’y aura pas de paix durable.

L’attitude de Lapid illustre une dérive classique de la politique israélienne : utiliser le dossier brûlant des otages et de la guerre pour bâtir une image personnelle auprès des puissances étrangères. Présenté comme un acte de patriotisme, son soutien ressemble surtout à un investissement électoral. Or le véritable patriotisme consiste à protéger le peuple d’Israël, pas à protéger une carrière.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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