Hadera sous le choc : un père de famille abattu, sa veuve dénonce « un Harlem israélien »

Un nouveau meurtre en plein cœur de la ville illustre une fois de plus l’escalade inquiétante de la violence armée au sein de la société arabe en Israël. Samedi soir, à l’entrée d’un kiosque du centre de Hadera, Abed Khaled Sheikh Suleiman a été criblé de balles à bout portant par des hommes masqués. Sept coups de feu, une fuite désespérée et une veuve laissée seule avec un enfant de quatre ans. « C’est Harlem ici. Aujourd’hui, c’est mon mari, demain ce sera une autre femme qui deviendra veuve », déclare Vicky, sa femme, anéantie, dans un témoignage glaçant accordé à Ynet.

La police, pour sa part, a rapidement évoqué un règlement de comptes d’origine criminelle. Suleiman, affirment les enquêteurs, était connu pour des liens présumés avec les milieux de l’armement illégal et de la drogue. Mais pour Vicky, ces affirmations ne sont que des distractions qui détournent l’attention du véritable drame : « Tout le monde est occupé à écrire des choses horribles, à se concentrer sur des détails secondaires. Pendant ce temps, les assassins sont libres. Le plus important, c’est de trouver qui a pris la vie de mon mari. »

Elle décrit un homme travailleur, généreux, père attentionné. « Il se levait chaque matin à 6 h 30 pour aller travailler. Il ne rentrait qu’à la nuit tombée. Il vivait de son labeur honnête. On dit qu’il était un délinquant ? C’est un mensonge. Mon mari n’avait rien à voir avec ces choses-là. Nous élevions notre fils avec des valeurs positives. » La dernière conversation du couple n’avait rien d’exceptionnel, mais elle reste gravée dans sa mémoire : « Nous avons ri ensemble. Je lui ai demandé si tout allait bien avant de coucher notre fils. Il m’a dit qu’il rentrait bientôt. Quelques heures plus tard, on m’a appelée pour me dire de venir à la supérette… J’ai vu les gyrophares, la police. Et puis le vide. »

Le meurtre d’Abed Khaled Sheikh Suleiman s’ajoute à une longue série d’assassinats qui ensanglantent les localités arabes d’Israël. Depuis plusieurs années, l’épidémie de violence et d’armes illégales défie les autorités, qui peinent à restaurer l’ordre. Les familles endeuillées, elles, dénoncent un sentiment d’abandon. « Tout ce flot d’armes illégales circule librement dans les rues. Ce sont des citoyens innocents qui en paient le prix. Cela doit cesser », martèle Vicky.

זירת הרצח של עבדאללה שיח' סלימאן

La tragédie de Hadera n’est pas un cas isolé. Elle fait écho à d’autres fusillades qui, semaine après semaine, ravagent des quartiers entiers, créant un climat de peur et d’impuissance. Alors que le gouvernement promet régulièrement de renforcer la lutte contre le crime organisé dans le secteur arabe, la réalité sur le terrain reste cruelle : les règlements de comptes s’enchaînent, et chaque enterrement devient un nouveau symbole de l’échec des politiques sécuritaires.

Au-delà des chiffres, il y a les visages : un enfant privé de son père, une femme transformée en veuve du jour au lendemain, des familles entières frappées par la terreur et l’incertitude. La comparaison de Vicky avec Harlem des années 1980 n’est pas anodine : elle traduit la conviction que la violence est devenue un mode de vie imposé, contre lequel l’État semble désarmé.

Cette affaire interroge directement la responsabilité des autorités. Comment enrayer l’expansion de réseaux criminels solidement implantés ? Comment briser l’omerta et la peur qui paralysent les témoins potentiels ? Et surtout, comment rétablir la confiance d’une population qui se sent abandonnée ?

Car au-delà de la douleur individuelle, c’est une question de souveraineté et de cohésion nationale. Israël ne peut tolérer que certaines zones de son territoire deviennent des sanctuaires du crime organisé, où la loi des armes prime sur celle de l’État. La lutte contre ce fléau n’est pas seulement un impératif sécuritaire : c’est aussi un enjeu sociétal et moral. Sans réponse ferme et systématique, l’hécatombe continuera, laissant derrière elle d’autres veuves et d’autres orphelins.

Vicky Suleiman, dans sa douleur, résume l’angoisse d’une communauté entière : « Mon mari était un homme de paix, respecté de tous. Aujourd’hui, je suis seule avec mon fils. Demain, une autre femme connaîtra ce cauchemar. Il faut que cela s’arrête. »

 


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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