Un geste spectaculaire de Madrid menace de tendre encore davantage les relations diplomatiques. Selon le quotidien espagnol *El País*, le gouvernement de Pedro Sánchez a refusé à plusieurs appareils et navires militaires américains, transportant des armes à destination d’Israël, le droit de faire escale sur son sol. Sont concernés les bases stratégiques de Rota (province de Cadix) et Morón de la Frontera (province de Séville), utilisées conjointement par les forces américaines et espagnoles.
Les autorités ibériques rappellent que ces infrastructures « ne sont pas un passoir » et que « toute activité y est soumise à l’autorisation de l’Espagne », insistant sur le fait qu’il s’agit de territoires placés sous commandement espagnol. En toile de fond : l’embargo sur les armes décrété par Madrid contre Israël, une mesure assumée comme partie intégrante de sa politique extérieure hostile à l’État hébreu.
Washington a fait part de son mécontentement, estimant que ces blocages « peuvent nuire aux opérations militaires américaines ». Toutefois, selon les sources diplomatiques, les États-Unis reconnaissent la « sensibilité espagnole » et ont déjà adapté leurs itinéraires. Preuve en est : six avions de chasse F-35 livrés à Israël au printemps dernier n’ont pas transité par l’Espagne mais par les Açores, territoire portugais, avant de traverser le détroit de Gibraltar.
Cette décision s’inscrit dans une série de mesures annoncées début septembre par Pedro Sánchez, incluant un embargo total sur les ventes d’armes à Israël et l’interdiction des vols transportant des cargaisons militaires vers l’État hébreu. En riposte, le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Sa’ar, a sanctionné deux membres du gouvernement espagnol, dont la vice-première ministre Yolanda Díaz.
L’affaire place l’Espagne dans une position paradoxale. Officiellement, Madrid réaffirme son attachement au traité de défense signé avec Washington en 1988, qui encadre la présence militaire américaine sur son sol. Mais en pratique, elle instrumentalise cet accord pour limiter toute assistance indirecte à Israël. Cette attitude alimente un malaise au sein de l’OTAN, alors que l’alliance est censée montrer une unité face aux menaces régionales.
Ce bras de fer illustre la montée d’une diplomatie européenne de plus en plus critique à l’égard de Jérusalem. Là où l’Espagne croit envoyer un signal politique, elle risque en réalité d’entamer sa crédibilité auprès de ses alliés atlantiques, tout en affaiblissant la capacité des États-Unis à soutenir Israël dans un contexte de guerre prolongée au Moyen-Orient.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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