Cyberattaque à l’hôpital Assaf Harofeh : 8 téraoctets de données médicales volés en plein Yom Kippour

Alors que le pays était figé par le jeûne et le recueillement de Yom Kippour, l’un des plus grands hôpitaux d’Israël a été pris pour cible par l’une des organisations criminelles les plus redoutées au monde. Le centre médical Shamir-Assaf Harofeh, situé au sud-est de Tel-Aviv, a subi une attaque informatique massive, revendiquée par le groupe de hackers Qilin, ex-« Agenda », connu pour ses actions à grande échelle en Europe et aux États-Unis.

Selon les autorités israéliennes, l’attaque a été détectée et neutralisée « dans ses premiers stades », permettant d’assurer la continuité des soins. Mais un doute majeur subsiste : les assaillants ont affirmé avoir exfiltré près de 8 téraoctets de données sensibles, comprenant dossiers médicaux, communications internes et informations opérationnelles. Des documents ont déjà été publiés sur un site du dark web, accompagnés d’un avertissement : « Payez, ou nous exposerons tout. »

Le ministère de la Santé et le cyber-directorat national ont tenté de rassurer, assurant qu’aucun dysfonctionnement immédiat n’avait touché les patients et que des équipes spécialisées passaient les systèmes au crible. « Le fonctionnement du centre hospitalier se poursuit normalement », a déclaré le ministère. Pourtant, la fuite d’informations sensibles – sur l’état de santé de milliers de patients – constitue une atteinte directe à la vie privée et une menace de chantage à grande échelle.

Le groupe Qilin, qui agit depuis l’Europe de l’Est avec des ramifications mondiales, s’est spécialisé dans le rançongiciel et l’exploitation financière des données volées. Ses opérations reposent sur une stratégie de double pression : bloquer les systèmes tout en menaçant de divulguer les informations sensibles si la rançon n’est pas versée. Dans ce cas précis, Assaf Harofeh affirme ne pas avoir reçu de demande de rançon formelle, une contradiction qui interroge les experts sur la stratégie réelle des hackers : pure intimidation médiatique ou prélude à un chantage plus massif.

Cet épisode rappelle qu’Israël, malgré son statut de puissance cybernétique mondiale, reste vulnérable aux offensives visant ses infrastructures critiques. Après les attaques contre des hôpitaux en Europe et aux États-Unis ces dernières années, l’ombre d’une guerre hybride s’impose : les groupes criminels, parfois adossés à des États hostiles, ciblent les points névralgiques – santé, énergie, eau – pour semer la panique et fragiliser la résilience nationale.

Dans un contexte de guerre ouverte contre le Hamas et sous la menace constante de l’Iran et de ses alliés régionaux, l’attaque contre Assaf Harofeh n’est pas perçue seulement comme une tentative d’extorsion financière. Elle illustre une bataille parallèle, invisible mais tout aussi dangereuse : celle des cyberguerres, où la santé des citoyens et la confidentialité médicale deviennent des armes et des leviers politiques.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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