Iran : le président Pezeshkian évoque un transfert de la capitale hors de Téhéran en raison du « désastre hydrique »

Un séisme politique secoue l’Iran. Le président Masoud Pezeshkian a déclaré, lors d’une visite dans la province d’Hormozgan au bord du golfe Persique, qu’il n’existait « plus d’autre choix » que de déplacer la capitale iranienne hors de Téhéran, citant l’ampleur du désastre environnemental auquel la métropole fait face. Ses propos, relayés par The Guardian, confirment qu’il a déjà présenté cette idée à l’ayatollah Ali Khamenei l’année passée, sans succès.

« Téhéran, Karaj et Qazvin traversent une crise de l’eau qui n’a pas de solution facile », a averti le président. Avec ses plus de 10 millions d’habitants, Téhéran consomme près d’un quart de l’approvisionnement en eau de tout le pays. Or, les précipitations annuelles se sont effondrées : 140 mm en 2024 contre une norme de 260 mm, soit une baisse de 50 à 60 %. « Si nous voulons acheminer de l’eau vers Téhéran, le coût atteindra 4 euros par mètre cube », a-t-il détaillé.

La capitale, qui reçoit normalement 70 % de son eau grâce à ses barrages et le reste par nappes souterraines, est aujourd’hui menacée par une surexploitation chronique et une sécheresse persistante. Le niveau des barrages s’est effondré, les puits s’assèchent, et le phénomène de subsidence inquiète les géologues : « Certains terrains s’affaissent de 30 centimètres par an », a reconnu Pezeshkian.

En proposant de transférer la capitale vers le sud, probablement dans une région côtière proche de Bandar Abbas, le président met en avant la possibilité d’un accès direct aux eaux du golfe Persique et à de nouvelles perspectives de commerce maritime. « Si nous changeons notre regard, nous pouvons bâtir une région prospère et moderne », a-t-il insisté, appelant à « redessiner la carte scientifique et économique du pays ».

La déclaration a suscité des critiques virulentes au sein de l’establishment iranien. Déplacer la capitale reviendrait à admettre l’échec de décennies de gestion urbaine et environnementale. Pour de nombreux responsables, un tel projet serait non seulement irréaliste financièrement, mais surtout perçu comme une atteinte au prestige de Téhéran, cœur politique et symbolique du régime depuis 1796.

Mais la gravité de la crise hydrique en Iran, l’une des plus sévères du Moyen-Orient, rend le débat inévitable. Déjà en 2015, plusieurs études environnementales avaient mis en garde contre le risque de désertification accélérée du plateau iranien, aggravée par la croissance démographique et la mauvaise gestion des ressources. Aujourd’hui, le président admet que « le développement sans équilibre entre besoins et ressources mène à la destruction ».

Pour Israël et les observateurs régionaux, cette crise révèle la fragilité structurelle de la République islamique : un régime obsédé par sa puissance militaire et ses ambitions régionales, mais incapable d’assurer des services essentiels à ses citoyens. Alors que Téhéran investit des milliards dans le Hezbollah, le Hamas ou son programme balistique, sa propre capitale s’enfonce littéralement dans le sol.

Au-delà du symbole, la suggestion de Pezeshkian illustre un point crucial : le régime iranien, qui se veut éternel, doit désormais faire face à ses contradictions internes. Et si Téhéran devait être abandonnée à cause de la soif et de l’effondrement des sols, ce serait plus qu’un revers logistique : ce serait l’aveu que la « forteresse révolutionnaire » n’est plus capable de protéger ses propres fondations.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés