Alors que le plan Trump suscite une vague de réactions au sein de la classe politique israélienne, le député du Likoud Amit Halevy met en garde contre une « erreur stratégique » : selon lui, l’arrêt temporaire des opérations militaires à Gaza, décidé sous pression américaine, expose les soldats israéliens à des risques accrus et affaiblit la position d’Israël face au Hamas.
Dans une déclaration ferme relayée peu après la sortie du shabbat, le député Amit Halevy, membre influent de la Commission des Affaires étrangères et de la Défense, a dénoncé une décision qu’il qualifie de « dangereuse et naïve ». « Suspendre la guerre à ce stade reflète une incompréhension totale de la nature du Hamas », a-t-il affirmé. Pour lui, le mouvement terroriste, qu’il qualifie de « néo-nazi », profitera de la pause pour se réorganiser, tendre des embuscades et piéger les soldats encore stationnés dans la bande de Gaza.
Halevy alerte sur un risque immédiat : « Nos combattants deviennent statiques, donc plus exposés aux tireurs d’élite et aux engins piégés », a-t-il expliqué, soulignant que toute suspension d’opération est un signal de faiblesse interprété par l’ennemi comme une opportunité. Selon lui, l’unique langage que comprend le Hamas est celui de la force : « Si, et seulement si, des négociations ont lieu avec une organisation terroriste, elles doivent se dérouler sous un feu nourri. C’est le seul dialogue efficace au Moyen-Orient », a-t-il insisté.
Cette position s’oppose frontalement à la ligne défendue par le président américain Donald Trump, qui a salué la décision israélienne de cesser les frappes afin de favoriser la libération des otages et la mise en œuvre d’un cessez-le-feu. Pour Halevy, « céder à la pression américaine, même temporairement, crée un précédent dangereux » qui pourrait miner la crédibilité de la dissuasion israélienne. Il redoute également que cette pause ne soit interprétée par les ennemis régionaux — notamment le Hezbollah ou les milices pro-iraniennes — comme un signe d’épuisement ou de faiblesse stratégique.
Cette sortie musclée rejoint les inquiétudes exprimées dans les cercles sécuritaires proches de Tsahal, où certains officiers redoutent que la suspension des offensives permette au Hamas de regrouper ses forces, de repositionner ses roquettes et d’améliorer ses défenses souterraines. Des précédents similaires — notamment la trêve de novembre 2023 — avaient déjà montré que le Hamas avait profité de chaque arrêt pour reconstituer ses capacités militaires.
Politiquement, la déclaration de Halevy met en lumière une fracture croissante au sein de la coalition : d’un côté, le bloc sécuritaire traditionnel du Likoud, qui plaide pour la poursuite de la guerre jusqu’à la « neutralisation totale » du Hamas ; de l’autre, les alliés d’extrême droite comme Itamar Ben-Gvir et Bezalel Smotrich, qui brandissent la menace de quitter le gouvernement si un accord de paix implique un retrait de Tsahal. Face à eux, Benjamin Netanyahu tente de ménager les pressions américaines et internationales tout en conservant la cohésion d’un exécutif fracturé.
Sur le plan diplomatique, l’administration Trump maintient sa ligne : l’objectif reste la libération rapide de tous les otages israéliens en échange d’un cessez-le-feu conditionné. Mais pour les partisans d’une ligne dure comme Halevy, ce type de négociation est « une illusion politique dangereuse ». Selon eux, la seule garantie de sécurité durable passe par la victoire militaire complète et non par des arrangements temporaires imposés de l’extérieur.
Cette polémique révèle une fois de plus le dilemme israélien : faut-il interrompre la guerre pour sauver les captifs, au risque d’un retour du Hamas renforcé, ou maintenir la pression militaire au prix d’un coût humain immédiat ? À mesure que la diplomatie américaine s’active et que la rue israélienne s’impatiente, le débat se durcit entre l’urgence humanitaire et l’exigence stratégique.
Dans cette bataille d’opinions, la voix d’Amit Halevy illustre la crainte d’une partie du camp national : celle de voir Israël céder à la diplomatie au détriment de la dissuasion. « Au Moyen-Orient, celui qui baisse les yeux perd », a-t-il conclu, reprenant un adage familier aux stratèges israéliens. Une phrase qui résonne comme un avertissement adressé autant à Washington qu’à Jérusalem.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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