Pendant plusieurs mois, la ville de Haïfa a été souillée par une série d’actes antisémites d’une rare violence symbolique : des dizaines de croix gammées ont été peintes sur les murs, les commerces et les bâtiments publics. Ce week-end, la police israélienne a finalement mis la main sur le suspect, un habitant de 53 ans, pris en flagrant délit alors qu’il s’apprêtait à reproduire une nouvelle fois le symbole nazi sur un mur du centre-ville.
L’enquête avait été ouverte dès le mois de mai, après la découverte d’un premier graffiti dans le quartier de Shaar HaAliya, au sud de Haïfa. Très vite, d’autres inscriptions identiques ont été signalées dans plusieurs quartiers : Neve Shaanan, Hadar, Bat Galim. En tout, plus de trente croix gammées ont été recensées sur des immeubles, des abribus et même sur la devanture d’une synagogue. Devant l’émoi suscité dans la population, la police du district du Carmel a mis en place une cellule spéciale d’investigation au sein de l’unité YALP Carmel.
Selon un porte-parole de la police, cité par Ynet et Kan News, les enquêteurs ont passé des semaines à collecter des images de vidéosurveillance, à comparer les traces de peinture et à établir un profil du suspect. « Nous avons réussi à identifier son mode opératoire, ses trajets nocturnes et les zones qu’il visait », a indiqué le commandant du district, précisant que l’homme avait été interpellé “sur le fait”, alors qu’il peignait une nouvelle croix gammée sur une clôture métallique près du port de Haïfa.
Le suspect, décrit comme un résident local sans antécédents judiciaires notables, a été placé en garde à vue et transféré dans les locaux de la police pour être interrogé. Il aurait agi seul et de manière obsessionnelle. La police n’exclut pas toutefois une motivation idéologique. « Tout acte portant des symboles du nazisme constitue une incitation à la haine et une atteinte grave aux valeurs de l’État d’Israël », a rappelé le porte-parole. Une demande de prolongation de détention doit être présentée au tribunal dans les prochaines heures.
Les réactions officielles n’ont pas tardé. Le maire de Haïfa, Yona Yahav, a salué l’efficacité de la police tout en soulignant la gravité du phénomène : « Ce genre de crime n’est pas seulement un acte de vandalisme, c’est une tentative d’humiliation collective de notre mémoire et de notre identité juive. Haïfa est une ville de coexistence, elle ne tolérera pas les symboles de haine. » Le président Isaac Herzog a également réagi depuis Jérusalem en déclarant que « voir des croix gammées sur les murs d’Israël, quatre-vingts ans après la Shoah, est une insulte à la mémoire de nos martyrs et à la dignité du peuple juif ».
Ce n’est pas la première fois qu’un tel incident secoue la société israélienne. En 2023, plusieurs croix gammées avaient été découvertes sur les murs d’une école religieuse à Bat Yam, suscitant l’indignation du grand rabbinat. L’usage du symbole nazi est strictement interdit en Israël depuis la loi de 2012 qui punit jusqu’à un an de prison quiconque l’utilise pour outrager ou provoquer. Cette législation a été adoptée après une série de profanations similaires, notamment dans les cimetières de Jérusalem et d’Ashdod.
Les responsables communautaires de Haïfa appellent aujourd’hui à un renforcement des mesures éducatives. « Il ne s’agit pas seulement d’un acte criminel, mais d’un symptôme d’ignorance et de dérive morale », a affirmé le rabbin David Stepansky, directeur d’une yeshiva du centre-ville. Il a invité les écoles et les associations locales à consacrer des activités à la mémoire de la Shoah et à la lutte contre l’antisémitisme.
Au-delà de l’émotion, cet épisode rappelle combien les symboles du nazisme demeurent, pour Israël, une blessure à vif. Dans un pays fondé sur les cendres d’un génocide, le simple fait de voir resurgir la croix gammée sur un mur public réveille un traumatisme collectif. « Ce n’est pas seulement une peinture », a souligné un policier interrogé par Maariv. « C’est un message de haine, une négation de ce que nous sommes. »
La police du district du Nord a réaffirmé sa détermination à lutter contre toute forme de provocation antisémite ou de vandalisme à connotation idéologique. « Nous continuerons d’agir avec fermeté pour défendre les symboles de l’État d’Israël et protéger la cohésion sociale », conclut le communiqué officiel.
Cet incident, aussi isolé soit-il, intervient dans un contexte de montée des discours extrémistes en ligne et de banalisation de la haine anti-juive dans certaines sphères occidentales. Pour beaucoup d’Israéliens, il s’agit d’un avertissement : la vigilance face à la réémergence des idéologies qui ont conduit à la Shoah ne doit jamais faiblir.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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