À quelques kilomètres de Modiin, les drapeaux du Hamas rappellent la menace intérieure : Israël déploie un dispositif sécuritaire massif avant la libération de prisonniers palestiniens
À l’approche du premier volet de l’accord d’échange d’otages, les autorités israéliennes ont renforcé leur dispositif sécuritaire en Judée-Samarie. Des unités du Tsahal, du Shin Bet, de la police des frontières et de l’administration civile ont été déployées dans les zones sensibles pour prévenir tout débordement, alors que des rassemblements pro-Hamas sont déjà apparus dans plusieurs villages proches de la Ligne verte — à seulement quelques kilomètres de Modiin, cœur symbolique du centre d’Israël.
Samedi, selon les communiqués militaires, des cortèges arborant des drapeaux verts du mouvement islamiste ont été dispersés dans les villages de Silwad et Na’alin, dans la région de Binyamin. Les forces israéliennes ont arrêté huit suspects, confisqué des véhicules décorés de symboles du Hamas et retiré plusieurs bannières d’incitation à la violence.
En parallèle, sept autres personnes ont été interpellées pour incitation au terrorisme en ligne, parmi elles Abd al-Aziz Khmayseh, administrateur d’une page à forte audience utilisée pour glorifier les attentats et diffuser la propagande du Hamas. L’homme est le frère d’Islam Khmayseh, un activiste du Jihad islamique tué lors d’une frappe conjointe du Tsahal et du Shin Bet à Jénine en mai dernier.
Un échange hautement sensible
Le plan, fruit du premier volet de l’accord de trêve, prévoit la libération de 20 otages israéliens contre 250 prisonniers palestiniens — dont plusieurs condamnés pour meurtre — ainsi que le transfert à Gaza de 1 700 détenus supplémentaires, arrêtés après le 7 octobre. Parmi eux figurent 22 mineurs de moins de 18 ans. Israël remettra également 360 dépouilles de terroristes tombés durant les affrontements.
Un chiffre qui illustre la complexité morale et sécuritaire de cette transaction : si elle répond à l’exigence humanitaire du retour des captifs, elle alimente aussi une intense campagne de communication du Hamas, qui cherche à transformer la libération des prisonniers en victoire politique et en instrument de légitimation.
L’État juif sur ses gardes
Pour contrer cette offensive symbolique, l’appareil sécuritaire israélien a mis en place un plan d’alerte de plusieurs jours. Des équipes spécialisées effectuent des entretiens préventifs avec les familles de détenus pour les avertir des conséquences pénales de toute manifestation de soutien au terrorisme. Des ordres de fermeture temporaire de routes autour de certains villages à risque ont été émis, et le renseignement militaire intensifie la surveillance des réseaux sociaux arabes et palestiniens.
Un haut responsable de la défense résume la philosophie de cette phase critique :
« Le Hamas veut transformer la libération de ses membres en carnaval de haine. Nous, nous devons en faire un moment de silence et de vigilance. »
Les images de drapeaux verts flottant à quelques kilomètres de Modiin ont profondément choqué l’opinion israélienne. Elles rappellent que le danger ne vient pas seulement de Gaza, mais aussi de l’intérieur, là où le Hamas tente depuis des années d’implanter sa propagande et son influence.
Un équilibre fragile
Les autorités civiles redoutent une possible escalade : manifestations violentes, tirs sporadiques ou tentatives d’attentats individuels profitant du climat d’émotion. L’armée insiste cependant sur le fait que la libération d’otages ne se fera pas au prix de la sécurité nationale. Le message officiel, répété dans tous les communiqués, reste clair :
« Nous honorerons nos engagements, mais nous ne tolérerons aucune glorification du terrorisme sur le sol israélien. »
Le sens politique du moment
Au-delà du dispositif de sécurité, ce nouvel épisode révèle la tension politique et psychologique qui accompagne chaque accord d’échange. Dans la mémoire israélienne, les images d’accueil triomphal de terroristes libérés en 2011 après l’affaire Gilad Shalit hantent encore l’opinion. Cette fois, le gouvernement entend éviter toute scène semblable. Les ordres sont précis : pas de tentes, pas de banderoles, pas de drapeaux du Hamas dans les rues de Judée-Samarie.
Mais la bataille de l’image reste redoutable. Le Hamas, même affaibli militairement, sait que l’opinion arabe — de Naplouse à Gaza — mesure sa “victoire” au nombre de prisonniers retrouvant la liberté. Israël, lui, veut transformer cet échange en preuve de force morale et stratégique, rappelant qu’il s’agit d’un geste humanitaire sous contrôle militaire, et non d’une capitulation.
Enjeux futurs
Les prochains jours seront un test majeur pour les forces de sécurité et pour le gouvernement Netanyahou : parvenir à concilier le retour des captifs avec la préservation de la dissuasion nationale. Dans les villages palestiniens comme dans les grandes villes israéliennes, le mot d’ordre reste le même — ne pas laisser le Hamas imposer son récit.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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