Un signal diplomatique inattendu venu du cœur du monde arabe. Selon la chaîne saoudienne Al-Hadath, la Syrie envisagerait de remettre à Israël les restes d’Eli Cohen, le plus célèbre espion israélien exécuté à Damas en 1965. Si l’information se confirme, elle marquerait une rupture historique après six décennies de refus syrien obstiné de restituer sa dépouille.
Une première ouverture depuis soixante ans
Al-Hadath affirme que cette restitution serait étudiée dans le cadre de discussions indirectes entre Israël et la Syrie, avec le parrainage discret de médiateurs arabes et internationaux. L’idée d’un transfert des restes d’Eli Cohen est décrite comme un “geste humanitaire” de Damas, susceptible d’améliorer le climat régional dans le contexte de la nouvelle phase de cessez-le-feu et des rééquilibrages diplomatiques post-Gaza.
Le média israélien Ynet confirme que cette hypothèse émerge dans un moment de contacts sécuritaires entre les deux pays, « où plusieurs gestes de bonne volonté ont été évoqués ».
L’homme qui a infiltré le sommet du pouvoir syrien
Né en 1924 à Alexandrie, Eli Cohen fut l’un des agents les plus brillants du Mossad. Sous l’identité de Kamel Amin Thaabet, homme d’affaires syrien exilé en Argentine, il s’introduisit au début des années 1960 dans les cercles politiques et militaires les plus restreints de Damas.
Grâce à son charme et à son audace, il devint conseiller de confiance du ministre syrien de la Défense et eut accès à des informations capitales sur les positions militaires sur le plateau du Golan. Ses rapports, transmis à Israël par radio clandestine, permirent à Tsahal de préparer la conquête du Golan pendant la guerre des Six Jours.
Arrêté en janvier 1965, torturé et pendu publiquement à Damas, Eli Cohen fut enterré dans un lieu tenu secret. Depuis lors, la Syrie a refusé à plusieurs reprises de restituer sa dépouille, malgré les appels répétés de Jérusalem et de sa veuve Nadia Cohen, figure emblématique en Israël.
Un précédent récent : la récupération des archives Cohen
Cette nouvelle intervient quelques mois après une opération secrète israélienne confirmée par le Bureau du Premier ministre à Jérusalem : le Mossad avait réussi à exfiltrer près de 2 500 pièces de l’archive officielle syrienne consacrée à Eli Cohen – documents, effets personnels et photographies – rapportées en Israël dans le plus grand secret.
Cette opération, révélée par plusieurs agences internationales, avait été saluée comme un acte de réparation morale pour la famille et pour le pays.
Un tournant politique possible
La restitution des restes du célèbre agent aurait une portée symbolique considérable. D’un point de vue humanitaire, elle offrirait à Israël la possibilité d’enterrer Cohen en héros national au mont Herzl, comme l’ont réclamé depuis des décennies ses proches.
Mais sur le plan politique, le geste serait encore plus lourd de sens :
- Il signalerait une volonté de Damas de se réinsérer progressivement dans le jeu diplomatique régional, notamment auprès de Riyad et du Caire, après des années d’isolement.
- Il ouvrirait la porte à d’autres dossiers humanitaires évoqués depuis longtemps dans les canaux secrets : la recherche d’Israéliens disparus en Syrie et au Liban depuis les guerres de 1973 et 1982.
Entre mémoire et stratégie
À Jérusalem, aucune réaction officielle n’a été publiée dimanche soir, mais plusieurs observateurs évoquent déjà une “fenêtre historique” : la combinaison d’une pression américaine accrue sur Damas, du rôle régional de Donald Trump dans la relance des négociations de sécurité, et de la médiation égyptienne pourrait créer le terrain propice à un échange symbolique de ce type.
Pour Israël, le retour des restes d’Eli Cohen serait plus qu’un succès diplomatique : un acte de justice historique envers celui dont les informations ont changé le cours de la guerre et consolidé la sécurité du pays.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés