Malgré l’accord censé mettre fin à la guerre de Gaza, les responsables de sécurité des kibboutzim de l’enveloppe de Gaza – ces villages collectifs situés le long de la frontière sud – ne connaissent toujours pas la sérénité. Beaucoup d’entre eux ont été remplacés depuis le 7 octobre 2023, mais les traumatismes et les leçons de cette journée restent gravés dans chaque regard, chaque routine, chaque sirène.
Trois d’entre eux, nommés au cours de l’année écoulée, ont accepté de raconter à Ynet ce que signifie aujourd’hui protéger un kibboutz qui a déjà tout perdu.
Une veille permanente
« Nous dormons avec nos chaussures », confie Avi, le nouveau chef de la sécurité du kibboutz Nir Oz, où des dizaines de civils furent enlevés et massacrés lors de l’attaque du Hamas.
« Ce n’est pas une métaphore. Beaucoup d’entre nous ne parviennent plus à fermer l’œil sans être habillés, prêts à courir dehors au moindre bruit. On ne se permettra plus jamais d’être surpris. »
À quelques kilomètres de là , Yael, responsable de la sécurité à Kfar Aza, décrit le même climat d’alerte :
« J’ai remplacé un ami tombé le 7 octobre. Chaque fois que je passe devant sa maison, je me rappelle pourquoi je fais ce métier. Nous avons reconstruit une équipe, formé une nouvelle unité d’intervention locale, et pourtant… chaque drone, chaque aboiement de chien nous fait sursauter. »
Reprendre confiance, sans illusion
Depuis un an, Tsahal et la police israélienne ont renforcé les moyens de sécurité des localités de l’enveloppe : caméras thermiques, véhicules blindés légers, lignes directes avec les bases militaires voisines. Mais sur le terrain, le sentiment d’abandon reste vif.
« Ce ne sont pas les chars qui protègent nos enfants », dit Rafi, du kibboutz Nirim. « Ce sont les hommes du kibboutz, les volontaires armés qui connaissent chaque sentier, chaque haie. On a reconstruit nos unités de réserve, mais la peur reste là . »
Les habitants ont vu passer des visites ministérielles, des promesses d’aide et des cérémonies symboliques, mais beaucoup dénoncent une normalisation dangereuse du risque.
« On nous parle d’une nouvelle ère de sécurité après l’accord. Moi, je ne crois pas aux mots », ajoute Yael. « La réalité ici, c’est qu’on vit à quelques centaines de mètres de ceux qui ont égorgé nos voisins. »
Une paix fragile au goût amer
Alors que l’armée parle d’une “nouvelle réalité sécuritaire”, ces gardiens du sud savent que le répit ne sera pas immédiat. Les réseaux du Hamas, bien que brisés, continuent d’opérer depuis le nord de Gaza.
« La guerre peut être sur pause, mais la menace n’a pas disparu », résume Avi. « On continuera à s’entraîner, à surveiller, à protéger nos kibboutzim. Parce que cette fois, plus personne ne veut se réveillir sans chaussures. »
Une phrase simple, terrible et juste : le sud d’Israël dort en alerte.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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