La scène se passe dans un café de Tel-Aviv : un homme lit la une des journaux — “Paix au Moyen-Orient” — et sa voisine lui répond avec un sourire blasé : “Je sais, mais ne laissons pas ça nous gâcher le week-end.” La caricature signée Claire Lehman, diffusée sur Telegram – Icaricature, illustre mieux que mille analyses l’état d’esprit paradoxal d’une partie de la gauche israélienne après la victoire historique de Donald Trump et de Benyamin Netanyahou sur le Hamas.
Car c’est un fait : Trump a réussi l’impossible. En un geste diplomatique inédit, il a contraint le Hamas à capituler, obtenu la libération de tous les otages vivants et imposé une trêve contrôlée par Israël. L’opposition israélienne, qui brandissait depuis un an le slogan “Tous, maintenant !”, s’est retrouvée soudain sans voix. La principale revendication morale contre le gouvernement s’est évaporée du jour au lendemain. Le “camp de la démocratie” — comme il se définit lui-même — s’est retrouvé face à un vide idéologique : que faire quand la réalité prouve que le gouvernement honni a tenu ses promesses ?
La caricature tourne donc en dérision cette incapacité d’une certaine gauche militante à se réjouir d’un succès national lorsqu’il porte la signature de Netanyahou. Sur les réseaux sociaux, les messages sarcastiques abondent : “Le gouvernement fasciste a rendu les otages ? Quel scandale !” ou “Il faut relancer une manifestation pour protester contre la paix !”. Derrière l’humour se cache un malaise profond. Depuis des années, une partie de l’élite israélienne a fait de la critique permanente de Netanyahou un réflexe pavlovien. Peu importe le résultat : s’il échoue, c’est la preuve de son incompétence ; s’il réussit, c’est une menace pour la démocratie.
Mais cette fois, la réalité est trop éclatante pour être ignorée. Comme le souligne Arutz Sheva, “le succès combiné de Trump et de Netanyahou a retiré à leurs opposants la dernière arme narrative dont ils disposaient”. Israël, libérant ses otages sans céder militairement, démontre la validité d’une stratégie fondée sur la force, la patience et la dissuasion. Les manifestants de Kaplan, qui se posaient en gardiens de la morale, apparaissent soudain comme les seuls Israéliens tristes au milieu d’un pays euphorique. Et c’est précisément ce que dénonce le texte original : cette minorité qui, au nom du “progrès”, en vient à souhaiter l’échec du pays pour avoir raison politiquement.
L’auteur de la caricature ne s’y trompe pas : il s’agit moins d’un dessin humoristique que d’un miroir tendu à la société israélienne. Il révèle l’écart croissant entre ceux qui vivent encore dans le réel — les soldats, les familles d’otages, les habitants du Sud — et ceux qui continuent à mener leur guerre culturelle depuis les cafés de Tel-Aviv. “Comme ils ont inventé la pandémie, la démocratie et les otages pour combattre le gouvernement de vérité, ils trouveront bien une nouvelle excuse”, raille le texte. Ce cynisme assumé renvoie à une réalité politique : la victoire d’Israël sur le Hamas ne met pas fin à la guerre des récits. Elle l’expose.
Au fond, la caricature de Claire Lehman dit tout : dans une société qui a souffert autant qu’Israël, certains ont oublié la joie du simple mot “victoire”. Alors que le monde entier salue un accord de paix inédit, certains préfèrent s’inquiéter de leurs brunchs du week-end. Mais la paix, la vraie, ne se négocie pas dans les cafés : elle se construit dans le courage, la lucidité et la mémoire.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés
Â