Benjamin Netanyahou a ordonné la fermeture complète du passage de Rafah « jusqu’à nouvel ordre ». Une décision motivée, selon lui, par le non-respect par le Hamas de ses engagements dans l’accord sur les otages et la restitution des corps. Tandis que les ONG dénoncent un « étouffement humanitaire », Jérusalem assume un choix de fermeté qui vise à briser le chantage exercé par le mouvement islamiste.
La Leshkat Rosh HaMemshala (Bureau du Premier ministre) a publié samedi un communiqué clair : « מעבר רפיח לא ייפתח עד להודעה חדשה. פתיחתו תישקל בהתאם לאופן שבו חמאס תממש את חלקה בהשבת החטופים החללים ובמימוש המתווה המוסכם. »
(« Le passage de Rafah ne sera pas rouvert jusqu’à nouvel ordre. Son ouverture sera envisagée selon la manière dont le Hamas respectera sa part dans le retour des otages et l’application de l’accord conclu. »)
Cette décision intervient dans la foulée du rapatriement du corps d’Eliyahu Margalit, kidnappé à Nir Oz le 7 octobre. D’après Amir Tsarfati, cette restitution ne constitue qu’un « geste calculé » du Hamas, visant à relancer la pression sur Israël pour obtenir davantage de concessions logistiques et politiques.
(Source : Amir Tsarfati Telegram, 18 octobre 2025).
Rafah, nœud humanitaire et géopolitique
Situé à la frontière sud de la bande de Gaza, Rafah est le seul passage permettant la circulation entre Gaza et l’Égypte. C’est par cette porte que transitent carburants, médicaments et aide internationale sous contrôle du Caire.
Sa fermeture, décidée par Israël, a immédiatement suscité les protestations du Croissant-Rouge égyptien et des agences de l’ONU, qui dénoncent une aggravation de la crise humanitaire.
Mais Jérusalem répond que « chaque camion traversant Rafah peut devenir un conduit pour armes et argent vers le Hamas », selon le porte-parole du ministère de la Défense, Daniel Hagari, cité par Times of Israel (source).
La position officielle : aucune ouverture tant que le Hamas ne rendra pas tous les otages et les dépouilles encore détenues.
Réactions internationales
Washington, par la voix du Département d’État, a exprimé « sa préoccupation face aux conséquences humanitaires », tout en reconnaissant « le droit d’Israël à garantir sa sécurité ». L’Union européenne, elle, a appelé à un « accès humanitaire constant et prévisible ».
Du côté égyptien, les autorités ont fait savoir qu’elles « comprennent les impératifs sécuritaires israéliens », tout en insistant sur le risque d’effondrement logistique à Gaza si le blocus s’étend.
Analyse — entre diplomatie et dissuasion
Cette fermeture n’est pas une simple mesure administrative. Elle traduit une stratégie de pression : contraindre le Hamas à livrer des informations sur les otages restants, mais aussi rappeler à la communauté internationale qu’Israël détient encore les leviers du terrain.
En bloquant Rafah, Jérusalem expose un dilemme moral : comment maintenir la fermeté sans accentuer la souffrance des civils ?
Pour les stratèges israéliens, la réponse est claire : « Chaque ouverture doit se mériter. Si le Hamas veut du carburant, il doit d’abord livrer nos enfants », confie un haut officier au Jerusalem Post (source).
Réactions intérieures et tensions politiques
Cette politique de blocage renforce paradoxalement le ministre Ben Gvir, qui réclame depuis des semaines une ligne dure sur Gaza et la fermeture totale des points de passage tant qu’un seul otage reste aux mains du Hamas.
Pour l’opposition, en revanche, Netanyahou instrumentalise Rafah pour détourner l’attention de la crise interne et des menaces de rupture de coalition.
« Le Premier ministre ne gouverne plus, il réagit », a déclaré Yaïr Lapid sur X (ancien Twitter), accusant Netanyahou d’utiliser « la politique du siège » à des fins politiques.
Enjeux stratégiques
Rafah est aujourd’hui le thermomètre de la guerre : chaque ouverture signale un apaisement, chaque fermeture un retour à la confrontation.
Le Hamas, qui refuse toujours tout désarmement, comme l’a confirmé Mohammad Nazzal à Reuters, considère la fermeture comme une punition collective. Israël y voit au contraire un outil de dissuasion pour « forcer le mouvement à respecter sa parole ».
La guerre des passages est devenue la guerre des principes : dignité des otages contre survie logistique de Gaza.
En choisissant la fermeture, Netanyahou ne cherche pas seulement à punir le Hamas : il veut rappeler au monde que la sécurité d’Israël prime sur toute autre considération. À Rafah, chaque porte close porte désormais le poids des otages qui ne sont pas encore revenus.
Sources principales :
- Times of Israel, “Netanyahu orders Rafah crossing closed until further notice”, 18.10.2025 — https://www.timesofisrael.com
- Jerusalem Post, “Rafah closure linked to hostages’ return”, 18.10.2025 — https://www.jpost.com
- Reuters, “Hamas official rejects disarmament proposal”, 18.10.2025 — https://www.reuters.com
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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