Dans son analyse du soir, le journaliste Amir Segal invite IsraĂ«l Ă rompre avec le cycle infernal des âroundsâ militaires. Selon lui, la vĂ©ritable Ă©preuve ne se joue plus dans les airs, mais dans la capacitĂ© du pays Ă dĂ©sarmer durablement le Hamas â par la force ou par un nouvel Ă©quilibre stratĂ©gique.
« MĂȘme prolonger les frappes aĂ©riennes quelques jours ne change rien au fond », Ă©crit Segal dans un message publiĂ© dimanche soir. « Le test, câest le dĂ©sarmement. » Cette phrase, sobre mais dĂ©cisive, rĂ©sume lâĂ©tat dâesprit dâune partie croissante de lâopinion israĂ©lienne : aprĂšs un an de guerre, la patience sâĂ©puise, la stratĂ©gie sâinterroge.
Depuis la reprise des bombardements Ă Khan YounĂšs, IsraĂ«l oscille entre la logique du coup dâarrĂȘt militaire et celle de la dissuasion prolongĂ©e. Les AmĂ©ricains, explique Segal, misent dĂ©sormais sur une « force multinationale » â composĂ©e dâacteurs arabes modĂ©rĂ©s et supervisĂ©e par Washington â chargĂ©e de stabiliser la bande de Gaza et de dĂ©sarmer le Hamas sans relancer une guerre totale.
IsraĂ«l, plus sceptique, estime quâaucune force extĂ©rieure ne pourra dĂ©sarmer une organisation profondĂ©ment enracinĂ©e dans la sociĂ©tĂ© gazaouie.
Le dilemme israélien : entre prudence et nécessité
Le dĂ©bat traverse aussi la classe politique : faut-il attendre la fin complĂšte du processus de libĂ©ration des otages avant toute action terrestre, ou au contraire reprendre lâoffensive totale pour imposer un nouvel ordre sĂ©curitaire ?
Segal souligne que les deux options ne sâexcluent pas, mais reposent sur une mĂȘme exigence : ne pas retomber dans la logique des âroundsâ, ces confrontations cycliques oĂč IsraĂ«l frappe, nĂ©gocie, attend, puis frappe encore.
« Ce modÚle est un piÚge, écrit-il. Il ne nous protÚge plus, il nous enferme. »
Ce constat rejoint celui de nombreux anciens responsables sĂ©curitaires, qui appellent Ă un changement doctrinal : passer dâune stratĂ©gie de rĂ©action Ă une stratĂ©gie dâimposition. Lâobjectif : priver le Hamas non seulement de sa capacitĂ© militaire, mais de sa fonction politique.
Washington temporise, Jérusalem hésite
Du cÎté américain, la priorité reste la stabilisation régionale. Le président Trump, qui entretient une relation directe et sans filtre avec Jérusalem, a rappelé cette semaine :
« Si le Hamas refuse de se désarmer, Israël aura notre feu vert pour agir. »
Une dĂ©claration lourde de sens. En rĂ©alitĂ©, Washington cherche Ă gagner du temps diplomatique avant dâapprouver une Ă©ventuelle reprise de lâoffensive terrestre. Le message est clair : la porte reste ouverte, mais la patience a des limites.
Ă JĂ©rusalem, lâestablishment militaire partage largement cette analyse. Tsahal, en coopĂ©ration avec le Shin Bet, poursuit la prĂ©paration de scĂ©narios opĂ©rationnels post-trĂȘve, y compris une incursion ciblĂ©e Ă grande Ă©chelle visant Ă neutraliser les derniĂšres infrastructures de commandement du Hamas Ă Khan YounĂšs et Rafah.
Le tournant stratégique attendu
Pour Amir Segal, lâenjeu dĂ©passe la question militaire. Il sâagit dâune Ă©preuve existentielle pour la doctrine israĂ©lienne de sĂ©curitĂ©.
Depuis deux dĂ©cennies, IsraĂ«l alterne entre escalades et cessez-le-feu sans jamais obtenir la reddition de lâennemi. Chaque opĂ©ration â âPlomb durciâ, âBordure protectriceâ, âGardien des muraillesâ, âĂpĂ©es de ferâ â a renforcĂ© la dissuasion Ă court terme, mais laissĂ© intacte la capacitĂ© du Hamas Ă renaĂźtre.
« Si Israël veut garantir sa sécurité pour une génération, il doit briser cette spirale », conclut Segal.
La fin de la politique des rounds ne se dĂ©crĂšte pas : elle sâimpose par la clartĂ© dâun objectif et la cohĂ©rence dâune stratĂ©gie.
Une conclusion lucide
Ă lâheure oĂč la diplomatie internationale multiplie les appels au âcalme durableâ, IsraĂ«l sait que sa survie dĂ©pend de sa capacitĂ© Ă agir avec dĂ©termination, sans dĂ©pendre du rythme imposĂ© par ses ennemis.
Les propos dâAmir Segal rĂ©sonnent donc comme une mise en garde : la guerre ne se gagnera pas dans les communiquĂ©s, ni dans les nĂ©gociations, mais dans la volontĂ© dâimposer une paix fondĂ©e sur la victoire.
Et cette victoire, rappelle-t-il, « ne sera pas comptĂ©e en jours de trĂȘve, mais en annĂ©es de sĂ©curitĂ© ».
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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