Dans une déclaration inattendue, le président américain Donald Trump a laissé entendre que la récente attaque contre les forces israéliennes, qui a coûté la vie à deux soldats à Rafah, pourrait être le fait de “rebelles internes” au Hamas plutôt que d’un ordre direct de sa direction. Une prise de position qui intrigue, à la croisée du calcul politique et de la diplomatie régionale.
L’affirmation, rapportée par Amir Tsarfati dans la nuit de dimanche à lundi, a surpris jusque dans les cercles diplomatiques de Washington.
« Nous pensons que la direction du Hamas n’était peut-être pas directement impliquée dans cet incident, a déclaré Trump. Il se peut qu’il s’agisse de rebelles à l’intérieur du mouvement. Dans tous les cas, nous traiterons cela avec fermeté. »
Ces mots, prononcés après un week-end marqué par une recrudescence des tensions à Gaza et par la mort tragique des officiers Yaniv Kula et Itay Yavetz, traduisent la ligne de crête sur laquelle évolue l’administration américaine : soutenir Israël sans fermer la porte au processus de paix.
Entre prudence diplomatique et calcul stratégique
En laissant planer le doute sur la responsabilité directe du Hamas, Trump cherche à éviter l’effondrement total du cessez-le-feu fragile négocié avec l’appui du Qatar et de l’Égypte. Les États-Unis veulent à tout prix éviter que la reprise des hostilités n’anéantisse plusieurs mois de discussions secrètes autour d’un accord de désarmement graduel du mouvement islamiste.
Mais cette nuance a immédiatement fait réagir à Jérusalem.
« Les terroristes du Hamas agissent sous la même bannière, qu’ils soient commandés ou non », a déclaré un haut responsable israélien cité par Infos-Israel.News. « Les soi-disant rebelles obéissent à la même idéologie. Israël ne fera pas de distinction entre un tireur isolé et son chef spirituel. »
Ce commentaire résume le fossé entre la vision américaine – pragmatique, diplomatique – et la vision israélienne – fondée sur la dissuasion et la clarté morale.
Washington ménage Doha et Le Caire
Le discours de Trump s’inscrit aussi dans une manœuvre régionale plus large. Selon des sources diplomatiques, les États-Unis cherchent à maintenir le Qatar et l’Égypte dans le rôle de médiateurs.
Qualifier l’incident de « rébellion interne » permettrait de préserver le canal de communication avec la direction politique du Hamas, sans rompre publiquement le dialogue engagé dans le cadre du processus de paix.
Mais cette approche soulève des critiques à Jérusalem comme à Washington. Certains analystes estiment qu’en séparant artificiellement les “bons” et les “mauvais” terroristes, la Maison-Blanche affaiblit le message de fermeté indispensable à la dissuasion régionale.
« Le Hamas n’est pas un mouvement fracturé : c’est une organisation hiérarchisée avec une idéologie unifiée », rappelle un ancien responsable du Mossad. « Les soi-disant dissidents ne sont qu’un outil commode pour les négociateurs occidentaux. »
Israël garde la ligne dure
Sur le terrain, l’armée israélienne n’a pas ralenti ses opérations. Les frappes ciblées contre les infrastructures du Hamas à Khan Younès se poursuivent, tandis que les unités du renseignement surveillent les flux d’armes venus du Sinaï.
Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a répondu indirectement à la déclaration américaine en affirmant :
« Peu importe qui a appuyé sur la gâchette. Ce sont les mêmes mains, la même haine, et la même guerre. »
Les proches des deux soldats tombés ont également réagi. Dans un message relayé sur les réseaux sociaux, la famille Kula a écrit : « Nous n’attendons pas de nuances. Nous attendons la justice. »
Une diplomatie sous tension
Le ton modéré de Trump traduit avant tout une stratégie : garder la main sur le tempo de la crise, tout en ménageant les partenaires arabes et européens. Mais à Jérusalem, beaucoup redoutent que cette prudence n’envoie un signal d’ambiguïté.
Pour Israël, la cohérence du message occidental est aussi importante que la coopération militaire.
Alors que les Américains tentent de « sauver la paix », Israël, lui, tente de sauver la clarté morale. Deux objectifs difficiles à concilier dans un Moyen-Orient où chaque phrase peut déclencher une tempête.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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