« L’objectif était de nous faire disparaître » : sur les traces des derniers Juifs de Syrie

Le silence qui régnait depuis des décennies dans la vieille ville de Damas s’est brisé.
Six mois après la chute du régime Assad, quelques survivants de la communauté juive de Syrie ont osé ressortir de l’ombre.
Parmi eux, Eid Samantov, 74 ans, qui a confié à L’Orient-Le Jour :

« J’ai de nouveau le droit de dire que je suis juif, d’appeler ma famille à Tel-Aviv, de parler d’Israël sans peur. »

Un peuple effacé

Avant la guerre civile, la Syrie comptait près de 35 000 Juifs. Aujourd’hui, ils ne sont plus qu’une poignée à Damas et à Alep.
Le régime d’Assad les avait réduits à une existence clandestine : interdiction de voyager, surveillance permanente, arrestations arbitraires, spoliations.
« Nous étions des otages d’État », résume Eid Samantov.

Sous Hafez, puis Bachar el-Assad, l’antisionisme officiel servait de prétexte à la répression.
Les synagogues fermées, les écoles juives dissoutes, les cimetières profanés.
Certains Juifs furent accusés d’espionnage simplement pour avoir appelé de la famille en Israël.

Une libération fragile

Depuis le départ du dictateur, quelques familles ont retrouvé leurs maisons ou rouvert des commerces.
Mais tout est Ă  reconstruire.
« Nos enfants sont partis. Nos rabbins sont morts. Notre jeunesse vit à Tel-Aviv, Netanya ou Montréal », dit Samantov, la voix tremblante.

Pour Israël, la survie de cette communauté relève de la mémoire nationale : elle rappelle que le monde juif ne s’est jamais limité à l’Europe.
De Damas à Bagdad, de Fès au Yémen, la civilisation juive du Moyen-Orient fut un pilier du judaïsme.
Sa disparition lente sous les régimes arabes est l’un des drames silencieux du XXᵉ siècle.

Le lien indéfectible avec Israël

Beaucoup de réfugiés syriens installés en Israël racontent la même histoire : la peur, l’exil, puis la renaissance.
L’un d’eux confie à Haaretz :

« Quand je vois le drapeau israélien flotter à Damas sur les images du départ d’Assad, j’ai pleuré. »

À Jérusalem, le ministère de la Diaspora a promis d’aider à restaurer la grande synagogue de Damas, détruite en partie en 2014.
Pour le Premier ministre Netanyahu, « la renaissance juive en Syrie serait le plus grand démenti à ceux qui ont voulu effacer Israël du Proche-Orient. »

Une page d’histoire à sauver

Les archives de l’Alliance israélite universelle et les bibliothèques israéliennes conservent encore les manuscrits hébreux damascènes, témoins d’une culture raffinée.
Mais sur place, tout reste menacé par le chaos.
Les synagogues sont vides, les écoles fermées, et la peur demeure.

La Syrie post-Assad offre peut-ĂŞtre une fenĂŞtre historique : permettre aux Juifs de revenir sur leurs traces.
Eid Samantov conclut :

« Ils ont voulu nous faire disparaître. Nous sommes encore là. »

Un message simple, mais bouleversant : tant qu’un Juif prie à Damas, la Syrie n’a pas entièrement perdu son âme.

Sources : L’Orient-Le Jour, Haaretz, Times of Israel, Jewish Breaking News.



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