La capitale israélienne se prépare à une journée de blocages sans précédent. À partir de midi, Jérusalem sera quasiment coupée du reste du pays : la grande manifestation annoncée sous le nom d’« Atséret ha-Milyon » — la « marche du million » — mobilise la communauté ultra-orthodoxe contre le projet gouvernemental de conscription dans Tsahal. Des milliers d’autobus afflueront vers la ville, tandis que les principales voies d’accès seront interdites aux véhicules privés.
Une ville sous contrĂ´le policier
Selon le Calcalist Digital, les restrictions débutent à 12 h 00, heure à laquelle la Route 1 (Tel-Aviv–Jérusalem) sera fermée à la circulation privée entre Latroun et Guivat Shaar HaGai. L’entrée par la Route 16 et le secteur de Shaar HaGaï seront également interdites. Seuls les bus organisés à l’avance seront autorisés à franchir les check-points, sous escorte policière.
La gare Yitzhak Navon, principal terminal ferroviaire de la capitale, fermera à 12 h 30 pour des raisons de sécurité et ne rouvrira qu’à la fin de la manifestation. Tous les autres trains continueront de circuler normalement.
À l’intérieur de Jérusalem, les quartiers centraux — autour de la gare routière, de Shazar, Yafo, Bar-Ilan et Malchei Israel — seront bouclés. Les lignes de tramway seront interrompues entre Hadassah Ein Kerem et Kikar Dania, ainsi qu’entre Neve Yaakov et Davidka.
Les lignes d’autobus 54 et 89 ne fonctionneront pas du tout, et les autres seront détournées vers des trajets partiels ou alternatifs.
Une manifestation d’ampleur nationale
Des dizaines de milliers de participants sont attendus, convoqués par les principaux rabbins et les partis haredim, Shas et Yahadout HaTorah. Le mot d’ordre : protester contre le plan de conscription obligatoire des jeunes ultra-orthodoxes, actuellement débattu à la Knesset.
La police a déployé plusieurs centaines de policiers et de gardes-frontières autour des entrées de la ville et du centre-ville. Il est strictement interdit d’utiliser des véhicules privés pour accéder à Jérusalem, de faire brûler des objets, de bloquer des routes non autorisées ou de faire voler des drones sans permis préalable.
Selon la presse israélienne (Ynet), la manifestation doit débuter à 14 h 30 et durer environ deux heures, jusqu’à 16 h 30. Toutefois, la police prévient que les fermetures routières et le dispositif de sécurité resteront en place jusqu’en soirée, le temps d’assurer la dispersion complète des participants et la réouverture progressive des grands axes.
Les autorités locales s’attendent à une participation massive, comparable à celle des grandes mobilisations de 2013 et 2017 contre la conscription. Le maire Moshe Lion a appelé les habitants à « faire preuve de patience et à éviter toute circulation inutile ».
Les conséquences pratiques
La police de Jérusalem prévient que de lourds embouteillages sont inévitables sur les grands axes menant à la capitale :
- La Route 1, dans les deux sens, sera fermée aux voitures privées.
- La Route 443 (via Modiin) restera ouverte, mais très congestionnée.
- Les bus interurbains venant de Beit Shemesh, de la vallée du Jourdain, de Gush Etzion ou de Maalé Adoumim seront redirigés vers des terminaux périphériques (Har Herzl, Har Hatoum, Givat HaTahmoshet, ou Malha).
- Aucune ligne interurbaine supplémentaire ne sera mise en service pendant la manifestation.
Le plan directeur de transport de Jérusalem avertit également que des retards importants sont attendus sur les lignes de tramway et d’autobus. Les usagers sont invités à consulter en temps réel les applications de transport pour suivre les fermetures et modifications de trajet.
Un enjeu politique explosif
L’« AtsĂ©ret ha-Milyon » intervient dans un contexte particulièrement tendu entre les partis religieux et le gouvernement. Le plan de conscription, dĂ©fendu par le ministre de la DĂ©fense et soutenu par le Premier ministre BenjamĂn Netanyahou, vise Ă instaurer une participation minimale des jeunes haredim au service militaire, après plus de soixante-quinze ans d’exemptions.
Les leaders ultra-orthodoxes dénoncent une atteinte directe à « l’âme du peuple juif ». Le grand rabbin Gershon Edelstein a appelé à la « résistance pacifique », tandis que des députés du Likoud tentent d’éviter une rupture politique avec leurs alliés religieux.
Dans la rue, les slogans parlent d’« oppression » et de « persécution », tandis que les soutiens laïcs du projet rappellent que la guerre d’octobre 2023 et les pertes humaines imposent une réforme du modèle de défense nationale.
Une journée test pour l’État hébreu
Cette manifestation ne se résume pas à un désaccord religieux : elle cristallise une fracture de plus en plus profonde au sein de la société israélienne entre les citoyens soumis au service militaire et ceux qui y échappent.
Si les violences sont évitées, cette journée pourrait néanmoins marquer un tournant dans le débat sur la répartition de la charge de défense nationale. Mais si les affrontements éclatent, elle risque au contraire de renforcer la polarisation politique et de mettre le gouvernement Netanyahou sous pression.
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Dans un contexte sécuritaire déjà tendu au nord comme à Gaza, l’État d’Israël devra prouver qu’il sait gérer simultanément la guerre extérieure et la tempête intérieure.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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