L’information, confirmée par plusieurs observateurs militaires, illustre le renforcement des liens entre Moscou et Téhéran : un Antonov An-124 Ruslan, le plus grand avion cargo militaire de Russie, a atterri vendredi matin sur le tarmac de l’aéroport militaire de Mehrabad, en Iran. Ce géant du transport aérien, capable d’acheminer jusqu’à 150 tonnes de matériel lourd, est principalement utilisé pour le transfert de systèmes d’armement stratégiques, notamment des chasseurs, drones et batteries antiaériennes.
Selon des sources issues du renseignement occidental citées par Carmel News et le site spécialisé Iran Observer, le vol serait directement lié à une opération conjointe de transfert d’équipements militaires entre la Russie et l’Iran. L’appareil aurait transporté des composants destinés à la modernisation de systèmes de défense aériens iraniens, voire des éléments de drones d’attaque Shahed, dont Moscou fait un usage massif dans sa guerre en Ukraine.
Une coopération militaire assumée
Depuis le début de la guerre en Ukraine, les relations entre Moscou et Téhéran se sont transformées en partenariat militaire structuré. L’Iran fournit des drones kamikazes et une expertise en guerre asymétrique, tandis que la Russie offre des technologies aéronautiques et des systèmes radar avancés. L’arrivée d’un An-124, rare et coûteuse à mobiliser, montre que les échanges dépassent désormais la simple logistique.
Un analyste militaire à Jérusalem estime que « ce vol pourrait annoncer le déploiement en Iran de nouvelles plateformes russes de surveillance aérienne ou de défense anti-missile, susceptibles de protéger les infrastructures nucléaires iraniennes ».
L’inquiétude croissante d’Israël et de Washington
Pour Tsahal comme pour le Pentagone, cette coopération inquiète. Si l’Iran renforce sa défense aérienne avec de la technologie russe, toute future frappe préventive israélienne contre les sites nucléaires deviendrait plus risquée.
Le ministre israélien de la Défense Yoav Katz a prévenu hier :
« Quiconque contribue à renforcer la capacité militaire de l’Iran porte la responsabilité des conséquences régionales. Nous ne resterons pas passifs. »
À Washington, le département d’État a dénoncé un « commerce d’armes illégal et dangereux » entre deux puissances soumises à sanctions internationales. Un haut responsable américain a confirmé que les services de renseignement surveillent de près les mouvements aériens entre les bases russes de Kaluga et les aéroports iraniens de Téhéran et Ispahan.
L’ombre chinoise et les enjeux régionaux
Selon plusieurs experts, cette coopération pourrait s’inscrire dans une coordination trilatérale avec la Chine, dans le cadre d’un bloc anti-occidental élargi. Pékin, qui importe massivement le pétrole iranien malgré les sanctions, soutient discrètement le développement de nouvelles routes d’approvisionnement militaire entre les trois États.
Le Moyen-Orient, déjà marqué par la guerre à Gaza et les tensions au Liban, devient ainsi un carrefour d’affrontement indirect entre les grandes puissances. Les services de renseignement israéliens évaluent que la Russie cherche à ancrer durablement sa présence aérienne au Moyen-Orient, notamment via l’Iran, afin de contourner les restrictions imposées en Syrie.
Un tournant stratégique majeur
L’atterrissage de l’An-124 à Téhéran n’est pas un simple fait logistique : il consacre une alliance technico-militaire entre deux régimes isolés mais complémentaires. Moscou obtient un relais régional pour contourner l’OTAN ; Téhéran, un parapluie technologique pour consolider son arsenal.
En filigrane, cette coopération dessine les contours d’un nouvel axe Moscou-Téhéran-Pékin, face à l’alliance menée par Washington, Jérusalem et Riyad. Dans cette lutte pour le contrôle de l’espace aérien du Moyen-Orient, chaque cargaison compte — et chaque atterrissage pèse désormais comme un message politique.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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