Après une disparition inquiétante et une garde à vue prolongée, l’ancienne procureure militaire en chef, la général Yifat Tomer-Yerushalmi, a reconnu lors de son interrogatoire avoir envisagé de mettre fin à ses jours. Une confession qui relance une affaire explosive mêlant secrets militaires, fuites médiatiques et soupçons de collusion au sommet de la justice israélienne.
La scène s’est déroulée à Tel-Aviv, devant les enquêteurs de la police militaire. Selon des sources proches du dossier, Yifat Tomer-Yerushalmi, l’ancienne Procureure générale de Tsahal (פצ »רית), a fondu en larmes avant de déclarer :
« Oui, j’ai voulu le faire. Ma vie est devenue un enfer. »
L’ex-haut gradée, au cœur d’un scandale sans précédent pour l’armée israélienne, est soupçonnée d’avoir orchestré ou dissimulé la fuite d’une vidéo militaire confidentielle, diffusée par le journaliste Guy Peleg, sur les événements de Shde Teiman.
Une tentative de fuite… ou une mise en scène ?
Dimanche soir, la général avait été portée disparue pendant plusieurs heures. Sa voiture a été retrouvée à proximité de la plage de HaTzuk, au nord de Tel-Aviv. Une vaste opération de recherche avait alors mobilisé la police, les pompiers et des plongeurs de ZAKA.
Les enquêteurs soupçonnent qu’elle ait voulu détruire son téléphone portable, clé de voûte de l’enquête. « Elle a simulé un suicide pour effacer des preuves », affirment certaines sources policières citées par Walla! News.
Mais Tomer-Yerushalmi, lors de son interrogatoire, a contesté cette version, assurant qu’elle était dans un état de détresse psychologique extrême après des semaines d’humiliation publique :
« On a détruit mon nom, ma carrière et ma santé. »
Des échanges explosifs et un téléphone introuvable
Selon la police, le téléphone de la procureure n’a toujours pas été retrouvé. Les enquêteurs disposent toutefois de transcriptions issues des téléphones de sept autres officiers de la justice militaire, dont le colonel Matan Solomesh, également placé en garde à vue.
Ces échanges, extraits des groupes WhatsApp internes, pourraient révéler une coordination préalable à la fuite du document vidéo.
Les deux officiers ont été confrontés lors d’un face-à -face tendu au siège de la police. Solomesh aurait nié toute connaissance préalable de la fuite, affirmant avoir « été mis devant le fait accompli ». L’ex-procureure, elle, assure le contraire : il était « pleinement informé ».
Le système judiciaire ébranlé
La juge du tribunal de Tel-Aviv a décidé de prolonger la détention des deux officiers jusqu’à vendredi, estimant qu’il existait un risque concret de subornation et de destruction de preuves.
Elle a également souligné que la prévenue nécessitait une surveillance médicale constante, à la suite d’un rapport d’urgence rédigé par le service psychiatrique de l’hôpital Ichilov.
Les charges envisagées sont lourdes : divulgation de secrets officiels, abus de pouvoir, entrave à la justice et violation de la loyauté militaire.
Une source proche du ministère de la Justice résume la gravité du dossier :
« Ce n’est pas une simple erreur de communication. C’est une brèche dans la chaîne de commandement et une crise de confiance entre Tsahal et le système judiciaire. »
Silence embarrassé du gouvernement
Le bureau du Premier ministre Benjamin Netanyahou a refusé de commenter « une enquête judiciaire en cours ». Mais en coulisses, plusieurs ministres dénoncent l’inaction du parquet civil, dirigé par la conseillère juridique du gouvernement, Gali Baharev-Miara, proche de Tomer-Yerushalmi.
Un député de la coalition estime que « l’affaire révèle la politisation d’une partie du système judiciaire, qui protège ses alliés au lieu de protéger la vérité ».
Une armée ébranlée mais déterminée à restaurer sa crédibilité
Pour l’institution militaire, l’enjeu dépasse le sort d’une seule officier : il s’agit de restaurer la confiance du public dans la transparence de Tsahal, en particulier après un an de guerre épuisante et d’accusations incessantes venues de l’étranger.
Le porte-parole de Tsahal a rappelé dans un communiqué que “toute fuite d’informations sensibles, quelle qu’en soit la motivation, met en danger la vie des soldats et la sécurité nationale.”
Une crise morale et institutionnelle
Au-delà du scandale personnel, cette affaire révèle la tension croissante entre les élites juridiques et les forces opérationnelles, alors que l’armée se bat sur plusieurs fronts – à Gaza, au Liban et dans la guerre médiatique mondiale.
La chute brutale d’une figure du droit militaire interroge sur la responsabilité morale et le contrôle civil dans une démocratie confrontée au terrorisme.
L’enquête continue, et le téléphone disparu pourrait bien décider du destin de cette affaire — ou de celui de la confiance des Israéliens dans leurs institutions.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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