Les sirènes ont retenti au-dessus du littoral libanais : selon plusieurs sources arabes, une frappe aérienne israélienne a visé ce jeudi midi la région de Tyr, bastion chiite du sud du Liban. L’attaque, confirmée par des témoins locaux et des médias affiliés au Hezbollah, marque une nouvelle étape dans la stratégie de dissuasion israélienne face à une milice de plus en plus provocatrice depuis le cessez-le-feu d’octobre.
D’après des correspondants de presse libanais, les frappes ont ciblé un dépôt d’armes et un véhicule appartenant à un cadre du Hezbollah dans un quartier périphérique de Tyr. L’armée israélienne n’a pas revendiqué officiellement l’opération, conformément à sa doctrine de “flou opérationnel”, mais plusieurs analystes militaires estiment qu’il s’agit d’une riposte directe aux multiples violations de la trêve par l’organisation chiite. Ces dernières semaines, Tsahal a recensé plus de 60 incidents survenus dans la zone frontalière — drones, tirs de roquettes, ou incursions suspectes — tous attribués au Hezbollah.
Quelques heures avant la frappe, le Hezbollah avait publié un nouveau communiqué incendiaire, réaffirmant son “droit légitime à la résistance contre l’occupation sioniste” et avertissant le gouvernement libanais contre toute “négociation politique avec l’ennemi”. Ce message, diffusé par la chaîne Al-Manar, visait explicitement le président Joseph Aoun, le Premier ministre Nawaf Salam et le président du Parlement Nabih Berri. Le texte affirmait que “la défense de la souveraineté libanaise ne passe pas par le désarmement”, rejetant toute idée de démilitarisation du Hezbollah dans le cadre de la trêve internationale.
Pour Tsahal, cette rhétorique n’est pas anodine. L’état-major à Tel-Aviv y voit une tentative de tester la détermination israélienne alors que les unités du Nord sont désormais libérées de la pression opérationnelle à Gaza. “Le Hezbollah s’imagine que nous sommes distraits, mais il se trompe lourdement”, a confié un officier du commandement Nord. “Nous avons la capacité d’agir sur plusieurs fronts, et la frappe d’aujourd’hui n’est qu’un avertissement.”
Les observateurs notent que depuis la mort d’Hassan Nasrallah l’an dernier, le Hezbollah a perdu une partie de sa cohésion interne. Son aile politique cherche à se repositionner à Beyrouth, tandis que son bras armé continue de fonctionner comme une milice parallèle. Les dernières déclarations publiques du mouvement — affirmant que “le Liban n’a pas à être entraîné dans des négociations” — reflètent cette tension entre la survie politique et la confrontation permanente.
Sur le plan militaire, la frappe de Tyr s’inscrit dans une logique de pression graduelle. Ces dernières semaines, l’armée de l’air israélienne a mené plusieurs opérations ciblées dans la plaine de la Bekaa et autour de Saïda, visant des dépôts de munitions, des systèmes de communication et des unités du “Radwan Force”, l’élite combattante du Hezbollah. Hier encore, Tsahal annonçait l’élimination de Hassan Jabir Dib, un membre de cette unité impliqué dans la préparation d’attaques contre le territoire israélien.
L’état-major israélien considère le front nord comme une priorité stratégique pour les mois à venir. “Nous avons achevé notre redéploiement à Gaza et concentrons désormais nos capacités d’attaque et de renseignement sur le Liban”, a déclaré un porte-parole militaire. “Le Hezbollah doit comprendre que la prochaine guerre ne ressemblera pas à celle de 2006 : notre puissance de feu est aujourd’hui multipliée par dix.”
Du côté libanais, les médias locaux évoquent des “explosions puissantes” dans la zone côtière, tandis que des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux montrent des panaches de fumée au-dessus de Tyr. Le Hezbollah, fidèle à sa méthode, nie la présence de cibles militaires dans le secteur et accuse Israël de “violations de la souveraineté nationale”. Une rhétorique désormais bien rodée, qui tente de transformer chaque frappe préventive en argument politique contre Beyrouth.
Mais la vérité est ailleurs : depuis la signature du cessez-le-feu, Israël a détecté une reprise massive des activités logistiques du Hezbollah dans le Sud-Liban. L’organisation tente de reconstituer ses dépôts d’armes et ses positions d’observation, souvent dissimulées dans des zones civiles, au mépris de la résolution 1701 du Conseil de sécurité. L’ONU, dont la FINUL est censée superviser le secteur, se montre impuissante face à ces violations répétées.
Pour Jérusalem, il ne s’agit plus d’attendre la prochaine attaque, mais de neutraliser la menace avant qu’elle ne frappe. Le Premier ministre Benjamin Netanyahou a réaffirmé cette semaine que “toute violation du cessez-le-feu entraînera une réponse immédiate et proportionnée”. Le ministre de la Défense Israël Katz, de son côté, a déclaré que “le Liban doit choisir entre être un État souverain ou une base iranienne”.
Les experts israéliens estiment que le Hezbollah, affaibli économiquement et militairement, tente de jouer la carte de la victimisation pour regagner du soutien interne. Mais la population libanaise, épuisée par la crise économique et l’effondrement des infrastructures, n’a plus la même tolérance pour les aventures militaires du parti chiite. “La société libanaise comprend de plus en plus que le Hezbollah ne défend pas le Liban, il l’enferme dans la guerre”, analyse un diplomate occidental à Beyrouth.
Au sein de Tsahal, la frappe de Tyr n’est qu’un élément d’un plan plus vaste. Les analystes parlent d’un “pré-positionnement stratégique” en vue d’une éventuelle opération élargie. Des renforts de blindés et d’artillerie ont été observés le long de la frontière nord, tandis que des unités d’élite s’entraînent à la neutralisation de tunnels transfrontaliers et à la guerre urbaine dans les villages du Sud-Liban.
Israël continue d’espérer éviter un conflit ouvert, mais le message est clair : tant que le Hezbollah persistera à agir comme un bras armé de l’Iran, le Liban entier portera la responsabilité de ses provocations. “Nous ne voulons pas d’une guerre, mais nous n’en craignons aucune”, a résumé un officier israélien.
Le ton est posé, mais la détermination est totale. Entre les montagnes du Nord et les couloirs diplomatiques, Israël trace sa ligne rouge : la sécurité de ses citoyens ne se négocie pas, elle se défend.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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