Drones suspects en Belgique : l’Allemagne et la France envoient des équipes anti-drones en Belgique : Bruxelles accuse la Russie.

Une série d’incursions de drones au-dessus des aéroports et bases militaires belges alerte l’Europe. Résultat : des perturbations aériennes à l’aéroport de Bruxelles et à Liège, une réunion d’urgence du gouvernement belge, et une coopération franco-allemande en renfort. Alors que le European Union dénonce une « guerre hybride », la question de la responsabilité russe reste en suspens.

Les faits
Au cours de la semaine, la Belgique a connu plusieurs épisodes d’intrusions de drones : à l’aéroport de Bruxelles-Zaventem, à celui de Liège, et au-dessus de bases militaires sensibles comme Kleine Brogel Air Base, dans le nord-est du pays. (AP News)
Selon la compagnie de contrôle aérien Skeyes, l’aéroport de Bruxelles a dû suspendre temporairement ses opérations après qu’un drone eut été repéré. Environ 54 vols ont été annulés et 24 détournés. (AP News) Le ministre de la Défense belge, Theo Francken, a qualifié l’opération de « coordonnée ». (AP News)
Le 6 novembre, la Belgique a annoncé la création d’un « centre national de sécurité aérienne » opérationnel au 1er janvier, et l’acquisition de matériel de détection et neutralisation de drones. (Reuters)
Ajoutant à la tension, le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius, a évoqué un lien possible entre ces intrusions et les discussions sur l’utilisation des 183 milliards d’euros d’avoirs russes gelés en Belgique pour aider l’Ukraine. Il a qualifié les actions de tentative d’intimidation : « Ceci ne peut s’interpréter autrement ». (Reuters)
Le Royaume-Uni a annoncé qu’il déploierait des experts et équipements en Belgique pour la lutte anti-drone. (Reuters)
Selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, il s’agit d’une « campagne ciblée de zones grises », correspondant à une stratégie russe visant à « semer la division » en Europe. (AP News)

Réactions officielles et politiques
Du côté belge, la réunion d’urgence du Conseil national de sécurité a réuni le Premier ministre, les ministres de l’Intérieur et de la Défense, ainsi que les services de sécurité. (AP News)
En Allemagne, Boris Pistorius a estimé que « les Belges comme nous voyons ce lien », indiquant que « toucher aux avoirs russes vous met dans le viseur ». (Reuters)
L’Union européenne, à travers Ursula von der Leyen, a appelé à une réaction coordonnée à l’échelle européenne, et à un renforcement des capacités de défense collective face à ces « attaques hybrides ». (AP News)
Au Royaume-Uni, le chef des forces armées britanniques a confirmé l’envoi de personnel et d’équipements vers la Belgique à la demande de celle-ci. Il a précisé que la source des incidents n’était pas clairement établie, mais que le cadre s’inscrivait dans une stratégie de « guerre hybride russe ». (Reuters)

Analyse et mise en perspective
Les incidents belges s’inscrivent dans une série plus vaste d’atteintes à l’espace aérien européen depuis septembre 2025 : des dizaines de drones russes seraient entrés dans l’espace polonais, des survols non identifiés ont été enregistrés en Allemagne, Danemark et les pays baltes. (Reuters)
L’enjeu dépasse la simple perturbation aérienne : il s’agit de tester les défenses, de semer l’incertitude, et potentiellement d’envoyer un message politique. Selon von der Leyen, la stratégie russe chercherait à agir « sans franchir la ligne du conflit armé traditionnel », dans ce qu’elle nomme « grey-zone campaign ». (AP News)
La Belgique, dotée d’infrastructures clés de l’Union européenne et de l’OTAN, mais aussi de la plateforme financière Euroclear qui héberge des avoirs russes gelés, constitue une cible symbolique et stratégique. Le lien évoqué par l’Allemagne entre les drones et les avoirs gelés renforce l’hypothèse d’un message d’intimidation. (Reuters)
La réponse européenne — création d’un centre anti-drone, système de surveillance renforcé, coopération franco-allemande, assistance britannique — marque un tournant : l’Europe reconnait désormais ces incidents comme des menaces de sécurité collective et adapte ses défenses.

Conséquences et enjeux futurs
L’un des effets immédiats est la militarisation accrue de l’espace aérien civil et l’accélération des projets de défense anti-drone. La Belgique prévoit une base opérationnelle pour le 1er janvier, achat de matériels spécialisés, et coopération avec d’autres États-membres.
Politiquement, cette série d’attaques pourrait modifier la manière dont l’Union européenne envisage la sécurité intérieure et « hybride ». Le seuil entre sabotage, espionnage et actes de guerre devient flou. Si l’on n’établit pas de réponse ferme, von der Leyen avertit que « la zone grise ne fera que s’étendre ». (AP News)
Pour Israël, alliée de l’Europe et de l’OTAN, cette situation revêt une double portée : d’une part, elle illustre que même les pays d’Europe centrale sont vulnérables aux tactiques asymétriques — comme ceux subis depuis des années par Israël au Moyen-Orient. D’autre part, elle rappelle que la capacité à protéger le ciel, civils et militaires, est essentielle pour préserver la souveraineté et la stabilité.
La riposte coordonnée — France, Allemagne, Royaume-Uni — doit maintenant se traduire par des actes concrets : surveillance renforcée, législation adaptée, chaînes de commandement clarifiées, et traçage des responsabilités. Le risque est que l’inaction encourage d’autres acteurs — étatiques ou non — à copier ces techniques de déstabilisation ciblée.

L’onde de choc provoquée par les drones au-dessus de la Belgique met en lumière un nouveau front de la sécurité européenne : des zones grises où le conflit se joue sans déclaration de guerre, mais avec des conséquences bien réelles pour les civils, l’économie et l’ordre public. L’Europe, jusque-là absorbée par d’autres crises, doit désormais montrer qu’elle est capable de défendre ses airs — et par conséquent, ses principes. Pour Israël, ce qui se passe en Europe est autant un signal d’alerte qu’un miroir des défis d’aujourd’hui : dans un monde où la ligne guerre/paix s’efface, la vigilance ne peut plus être optionnelle.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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