Après des mois de paralysie économique liée à la guerre, la ville de Kiryat Shmona voit renaître la compétition commerciale. L’ouverture d’un supermarché Neto Hissakhon, issu du groupe Super Sapir, vient bousculer l’équilibre local dominé par Rami Levy, Shufersal et Yohananof. Un signe encourageant de reprise pour le nord d’Israël.
Le nouveau point de vente Neto Hissakhon a ouvert ses portes dans la zone industrielle sud de Kiryat Shmona, sur le site de l’ancien magasin “HaZol BeYoter”. Le projet, évalué à plusieurs dizaines de millions de shekels, s’étend sur plusieurs milliers de mètres carrés et propose un concept de discount intégral : prix de gros, caisses automatiques et large assortiment local. (globes.co.il)
Le lancement marque le retour de l’enseigne Super Sapir dans la région, après plusieurs années d’absence. D’après la direction, l’objectif est clair : “redonner du pouvoir d’achat aux habitants du Nord et relancer la concurrence stoppée par la guerre”.
Un marché local en reconstruction
Depuis l’évacuation partielle de Kiryat Shmona à l’automne 2023, la ville a subi une désertification commerciale. De nombreux commerces étaient restés fermés, les chaînes nationales hésitant à investir dans une zone régulièrement menacée par les tirs du Hezbollah.
Aujourd’hui, avec le retour progressif des habitants et le redéploiement des activités, la présence d’un nouvel acteur symbolise la résilience du nord du pays.
Selon Ynet Business, les ventes au détail dans le district nord ont reculé de 15 % en 2024, mais devraient remonter de 7 % en 2025 si la stabilité sécuritaire se maintient.
Concurrence accrue
Le marché de Kiryat Shmona est historiquement dominé par trois géants : Rami Levy, Shufersal et Yohananof. Ces enseignes contrôlent près de 80 % des parts locales. L’arrivée de Neto Hissakhon pourrait provoquer une guerre des prix.
Les premières affiches promotionnelles annoncent un pain à 2,90 ₪, une huile d’olive à 14,90 ₪ et des couches Huggies à 29,90 ₪ — soit 10 % à 15 % de moins que la moyenne nationale.
Pour les consommateurs, cette bataille s’annonce bénéfique : Calcalist rapporte que le panier moyen dans le nord reste 8 % plus cher que dans le centre du pays, principalement à cause des coûts logistiques.
Un signal pour la périphérie
Au-delà de l’enjeu local, l’ouverture d’un grand magasin de discount dans une ville frontalière traduit un tournant dans la stratégie des chaînes israéliennes.
Depuis deux ans, la majorité des investissements se concentraient sur le centre et la côte. L’initiative de Super Sapir pourrait inspirer d’autres groupes à miser sur la périphérie, soutenus par des subventions publiques et des exonérations fiscales.
Le maire de Kiryat Shmona a salué “un acte de foi dans l’avenir du nord et une injection d’oxygène économique indispensable”.
L’arrivée de Neto Hissakhon agit comme un test de vitalité pour l’économie régionale. Elle mesure la confiance des investisseurs dans le redressement du nord, mais aussi la volonté de l’État de rééquilibrer les disparités territoriales.
Les chaînes implantées devront s’adapter : Rami Levy pourrait renforcer ses promotions, tandis que Shufersal envisagerait une rénovation de ses surfaces locales. Yohananof, de son côté, mise sur son modèle de service et de variété.
Dans un pays où la cherté de la vie reste un sujet explosif, chaque baisse de prix prend une dimension politique.
Le ministère de l’Économie estime que la concurrence accrue pourrait entraîner une baisse moyenne de 3 % des prix alimentaires dans la région sur douze mois.
Le gouvernement prévoit par ailleurs un plan d’incitations fiscales pour encourager l’ouverture de commerces dans les zones frontalières. Kiryat Shmona, longtemps considérée comme une ville sous perfusion économique, pourrait redevenir un pôle commercial régional.
Entre reconstruction et renouveau, l’ouverture de Neto Hissakhon marque une étape concrète dans la reprise du nord d’Israël. Dans une région encore marquée par l’évacuation et les sirènes, ce supermarché devient plus qu’un lieu de consommation : un symbole de normalité retrouvée. Si la paix tient, la concurrence fera le reste.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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