Tension explosive à la Knesset : Ben Gvir célèbre le vote historique de la peine de mort pour les terroristes

La Knesset a adopté en première lecture le projet de loi sur la peine de mort pour les terroristes. Un débat houleux marqué par des affrontements verbaux entre le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et le député arabe Ayman Odeh, finalement expulsé de la séance. L’atmosphère électrique n’a pas empêché la coalition d’imposer une victoire symbolique, saluée par la droite israélienne comme un « tournant moral et sécuritaire ».

La séance parlementaire de ce lundi soir restera dans les annales de la Knesset. Après des heures de débats tendus, le projet de loi prévoyant la peine de mort pour les terroristes a été adopté en première lecture, par 39 voix contre 16.
L’initiative, portée par la vice-présidente de la Knesset, Limor Son Har-Melech, membre du parti Otzma Yehudit, soutenue par le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir, a suscité une onde de choc dans les rangs de l’opposition et des partis arabes.

Une loi pour frapper fort

Le texte stipule que tout terroriste ayant assassiné un citoyen israélien pour des motifs nationalistes ou racistes sera passible de la peine de mort, sans possibilité d’allègement de peine. Le jugement pourrait être prononcé par un tribunal militaire à la majorité simple des juges.

Dans l’exposé des motifs, les auteurs de la loi rappellent qu’au cours des dernières années, de nombreux Israéliens ont été tués uniquement parce qu’ils étaient juifs, dans une volonté délibérée d’affaiblir l’État.
Le texte vise donc à restaurer la dissuasion et à mettre fin à une situation absurde, selon ses promoteurs, où « des terroristes condamnés purgent leurs peines dans des conditions confortables, avant d’être libérés lors d’accords d’échanges ».

Une session chaotique

L’ambiance a rapidement dégénéré dans l’hémicycle. Au moment du débat, Ayman Odeh, chef de la Liste arabe unifiée, a tenté d’approcher Ben Gvir en criant contre lui. Des agents de sécurité ont dû intervenir pour le repousser hors de la salle.
La présidente de séance, Limor Son Har-Melech, a ordonné l’expulsion des députés qui semaient le désordre, parmi lesquels Odeh et Ahmad Tibi.

Ben Gvir, provocateur assumé, a alors lancé aux députés arabes :

« Vous êtes des soutiens du terrorisme ! »

Il a ensuite distribué des baklawas aux députés de la coalition pour fêter le vote de la loi, un geste aussi symbolique que polémique. Sur les réseaux sociaux, la scène s’est rapidement répandue, illustrant la fracture politique et morale qui traverse la société israélienne depuis le 7 octobre.

« Qui tue doit mourir »

À la sortie de la séance, Ben Gvir a tenu des propos sans ambiguïté :

« Celui qui tue, viole ou enlève nos enfants et nos filles n’a pas le droit de voir la lumière du jour. Il mérite la mort. Il est temps de franchir un cap dans la dissuasion. La loi sur la peine de mort n’est pas seulement juste sur le plan moral, elle est essentielle à la sécurité du pays. C’est ainsi qu’on combat le terrorisme, c’est ainsi qu’on rétablit la peur dans le camp ennemi. »

Pour lui, cette loi traduit l’esprit d’une nation qui refuse de baisser la tête après les massacres du 7 octobre.

La coalition galvanisée

Au sein de la coalition, la satisfaction est palpable.
Limor Son Har-Melech, qui présidait la séance, a déclaré :

« Aujourd’hui, nous avons accompli une étape historique vers une véritable justice et vers le renforcement de la dissuasion. La loi sur la peine de mort pour les terroristes est une expression morale et nationale du peuple juif qui refuse de tolérer que les assassins de ses enfants vivent confortablement en prison en attendant un échange. C’est la loi d’un peuple qui veut vivre et qui se bat pour la sainteté de la vie juive. Le sang juif n’est pas à vendre. »

Le président de la commission de la Sécurité nationale, le député Tzvika Fogel (Otzma Yehudit), a salué lui aussi ce qu’il a qualifié de « moment historique » :

« Quiconque vient pour tuer des Juifs, mû par la haine d’Israël, doit savoir que son sang retombera sur sa tête. C’est la première étape d’une véritable dissuasion et d’une justice pour les victimes. »

Israël Beiteinou soutient le texte

Dans un climat politique souvent divisé, la loi a reçu un appui inattendu de la part du parti Israël Beiteinou, dirigé par Avigdor Liberman, pourtant situé dans l’opposition.
Répondant à une question d’Israël Hayom pendant la réunion de son groupe, Liberman a déclaré :

« Ce projet est fondamental. Nous voterons pour, même si cela représente une victoire pour la coalition. La justice doit l’emporter sur la politique. »

Le parti a publié un communiqué soulignant que, malgré « le marché honteux entre les partis ultraorthodoxes et les partis arabes », la vérité et la justice ont triomphé.

« Israël ne fera plus preuve de pitié envers les assassins de ses citoyens. Un État qui compatit avec les terroristes se montre cruel envers ses victimes. Israël Beiteinou continuera à défendre la sécurité des Israéliens. »

Une opposition divisée et impuissante

Face à cette majorité unie, l’opposition s’est montrée fragmentée.
Yair Lapid, chef du parti Yesh Atid, a boycotté le vote, un choix qui a permis à la coalition d’obtenir la majorité requise. Seuls 16 députés ont voté contre, parmi eux les députés arabes et plusieurs figures de la gauche : Merav Michaeli, Naama Lazimi, Ofer Cassif, Aida Touma-Sliman, Gilad Kariv, et Mansour Abbas.

Leur argument principal : la peine de mort ne constitue pas une dissuasion efficace, et son application risquerait d’aggraver les tensions internes et internationales.
Mais cette position, jugée déconnectée du sentiment national après les massacres du 7 octobre, est désormais minoritaire dans l’opinion publique.

Une victoire symbolique dans un climat post-7 octobre

Pour beaucoup de députés de droite, cette loi est une réponse directe aux atrocités commises par le Hamas.
Le député Nissim Vatori a résumé le sentiment général :

« C’est un moment fondateur. Après le 7 octobre, les doutes sont terminés. Nous devons cette loi à nos frères et sœurs assassinés. C’est un devoir moral. »

Son propos a été largement relayé sur les réseaux sociaux et salué par les partisans du gouvernement.

Ce vote illustre une évolution profonde du discours politique israélien, où la recherche d’une dissuasion totale a pris le pas sur les considérations humanitaires ou juridiques.

La loi poursuit son chemin législatif

Le projet de loi est désormais transmis à la commission de la Sécurité nationale de la Knesset, présidée par Tzvika Fogel, pour préparation de la deuxième lecture.
La majorité de la coalition entend accélérer le processus et parvenir à un vote final avant la fin de la session d’hiver.

Si elle est adoptée, ce serait la première fois depuis la création de l’État d’Israël qu’une peine de mort spécifique pour terrorisme est inscrite dans la législation israélienne — un signal politique fort adressé tant à l’opinion publique qu’aux ennemis du pays.

Une scène politique en ébullition

La soirée s’est terminée dans une atmosphère à la fois euphorique et tendue. Les partisans de Ben Gvir, filmés en train de célébrer avec lui autour d’une boîte de baklawas, y ont vu une revanche morale.
Ses opposants, eux, ont dénoncé une mise en scène « indécente ».
Mais pour l’homme fort d’Otzma Yehudit, l’image résume la philosophie de son parti : fermeté, fierté, et absence de compromis.

« Ce soir, nous avons envoyé un message simple à ceux qui veulent notre mort : Israël ne tremble plus. »

Un pays déterminé à ne plus reculer

Entre colère et soulagement, le vote de la Knesset traduit un tournant : le pays a cessé d’excuser le mal.
Dans une région où les ennemis d’Israël glorifient les assassins, la décision d’instaurer la peine de mort pour les terroristes prend des allures de manifeste moral : celui d’une nation décidée à survivre.

Et alors que la loi poursuit son chemin parlementaire, une phrase résonne dans les travées de la Knesset : « Plus jamais ça. »

 


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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