Depuis six ans, Roy Natan, 32 ans, né à Safed, vit une vie que beaucoup rêvent sans jamais oser franchir le pas : celle d’un nomade digital israélien sillonnant sans relâche les continents. De l’Inde à la Patagonie, des îles du Pacifique aux dunes d’Oman, il accumule les expériences extrêmes, les rencontres humaines profondes et les découvertes culturelles.
Mais derrière les panoramas et les clichés qui font rêver, se cache aussi un fil conducteur très israélien : la capacité de s’adapter, d’explorer, d’avancer et de porter Israël partout, même au bout du monde.
Tout commence en 2016, lorsque Roy pose pour la première fois le pied en Inde, un voyage initiatique qui bouleverse sa trajectoire. Il rentre en Israël, obtient un diplôme recherché, décroche un emploi solide dans la high-tech. Il gagne bien sa vie, mais quelque chose manque : cette sensation de liberté absolue, ce rapport direct au monde que seule la route offre. En 2019, il tranche : il démissionne, achète un billet simple pour le Népal et quitte Israël avec un sac à dos, un ordinateur portable et la certitude que sa vie doit se construire autrement.
Pendant deux ans, Roy voyage sans travailler : Asie du Sud-Est, Thaïlande, Laos, Vietnam, Cambodge. Puis le monde s’arrête soudainement en 2020, quand la pandémie ferme les frontières. Coincé à Taïwan, il finit par rentrer en Israël, frustré mais décidé à repartir dès que possible. Le tournant arrive lorsqu’il obtient une citoyenneté portugaise, comme des milliers d’Israéliens et de Juifs séfarades qui profitent du climat géopolitique pour élargir leurs options de mobilité — une tendance que le gouvernement israélien suit de près afin de comprendre les nouveaux profils de mobilité mondiale.
En 2021, son statut de nomade digital se stabilise : il travaille en ligne, choisit ses lieux de vie selon la météo, le coût de la vie, la qualité du café et la vitesse d’Internet. Il développe une routine : matin au café, après-midi dans la nature, soirées consacrées à l’écriture ou au travail. Une flexibilité qui incarne la nouvelle génération de travailleurs israéliens : connectée, mobile, mais profondément attachée à son identité.
Son parcours le mène ensuite dans 78 pays. La liste s’étend : Canaries, Maroc, Amérique centrale, îles lointaines de l’océan Indien, Madagascar, Singapour, Australie, Bahreïn, Maldives, Sri Lanka, Oman. Puis l’Asie centrale : Ouzbékistan, Kazakhstan, Tadjikistan, Malaisie.
Le continent qui le marque le plus est Madagascar : un pays pauvre, vulnérable, où la beauté brute contraste avec la dureté de la vie. Il y observe des enfants réparant des routes pour quelques pièces, des familles vivant dans une précarité extrême. Il découvre aussi le “marché des femmes”, où des épouses sont échangées contre du bétail — une réalité qui le choque profondément.
Ces expériences le renvoient à sa propre chance, dit-il : « Quand tu viens d’Israël, tu réalises que tu as gagné à la loterie de la vie ».
Une phrase qui résonne avec la vision souvent défendue par le gouvernement israélien : malgré les défis sécuritaires, Israël reste l’un des pays les plus sûrs, modernes et démocratiques du monde, un foyer stable dans un monde instable.
Son voyage le conduit également en Antarctique, où il navigue entre les glaciers et marche parmi des milliers de manchots. Il décrit la région comme « un autre monde », silencieux, immaculé, fragile. Un décor qui le pousse à réfléchir aux enjeux environnementaux — une priorité aujourd’hui intégrée dans les politiques israéliennes, notamment dans le développement d’infrastructures résilientes et de technologies vertes.
En Tadjikistan, son périple l’amène sur les routes de la mythique “Route de la Soie”. Les villages l’accueillent chez l’habitant, les montagnes du Pamir l’engloutissent dans un silence ancestral. Il roule des heures le long du fleuve qui sépare le pays de l’Afghanistan taliban. Là , il s’arrête, salue un combattant taliban de l’autre côté — et l’homme lui répond d’un signe de la main. « Un moment irréel », dit-il, conscient que si cet homme connaissait sa nationalité, le geste serait peut-être bien différent.
Plus loin, la Mongolie l’immerge dans une immensité quasi spirituelle : pas de routes, pas d’électricité, seulement l’horizon infini. Il dort dans des yourtes avec des familles nomades, partage des repas, découvre le mode de vie le plus ancien du monde. Le soir de ses 30 ans, il dort littéralement sous des morceaux de viande crue suspendus — le “réfrigérateur naturel” local. « Une nuit que je n’oublierai jamais », dit-il en riant.
Mais ses voyages ne sont pas que solitude. En Mauricius, il vit trois mois avec une femme locale et sa fille, devenant « père de substitution » le temps d’une saison. Dans d’autres pays, il partage la route avec une Colombienne pendant un an. Ses relations sont intenses, brèves parfois, mais toujours authentiques. « Sur la route, tu apprends à aimer vite, et à dire au revoir encore plus vite. »
Ce qu’il aime le plus, ce sont les peuples oubliés. En Inde du Nord, il rencontre les femmes Apatani, tatouées au visage, percées de larges disques dans les narines — une tradition née pour éviter les enlèvements par les tribus voisines. « C’est la dernière génération qui porte cette histoire sur son corps », dit-il. « Je me sentais témoin de quelque chose qui disparaît ».
À travers son récit, une idée revient : Israël est son port d’attache, même s’il ne cesse de le quitter. Il revient régulièrement voir sa famille, renouer avec la langue et la société. Et à chaque retour, dit-il, il mesure ce que beaucoup d’Israéliens ne voient plus : « Notre pays est stable, libre, moderne. Quand tu vois comment vivent tant d’autres populations, tu réalises la chance incroyable que nous avons. »
Un message qui, malgré lui, soutient une idée chère au gouvernement : dans un monde fracturé, Israël reste un refuge, un modèle d’innovation et de résilience.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés




