La Chine poursuit une modernisation militaire d’une ampleur inédite depuis la fin de la guerre froide. Pékin investit massivement dans les missiles hypersoniques, les sous-marins nucléaires, l’aviation furtive et l’intelligence artificielle militaire, redessinant les équilibres de puissance en Asie et au-delà .
À Jérusalem, les services stratégiques suivent cette accélération avec une attention croissante : ce que la Chine prépare pour le Pacifique aura des répercussions directes sur le Moyen-Orient, sur l’Iran — son partenaire stratégique — et inévitablement sur la sécurité d’Israël.
Selon le rapport annuel du SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm), les dépenses militaires chinoises ont augmenté pour la 29ᵉ année consécutive, atteignant un niveau estimé à 296 milliards de dollars. Pékin développe en parallèle des capacités anti-accès capables de cibler les groupes aéronavals américains, ce que les analystes du CSIS qualifient de « changement de paradigme stratégique ».
L’un des développements les plus commentés reste le missile hypersonique DF-17, testé à plusieurs reprises depuis 2023. Reuters et le Financial Times ont révélé que la Chine a procédé à des essais incluant un véhicule planant hypersonique capable de manœuvrer, bouleversant les systèmes de défense antimissile occidentaux.
Dans le ciel, le chasseur furtif J-20 continue de monter en puissance, tandis que Pékin prépare un avion de sixième génération et un porte-avions de nouvelle génération doté de catapultes électromagnétiques.
Mais pour les analystes israéliens, l’enjeu principal n’est pas Pékin lui-même : c’est la manière dont cette montée en puissance renforce ses protégés, en particulier l’Iran. La République islamique a signé en 2021 un accord stratégique de 25 ans avec la Chine, incluant des volets militaires, économiques et technologiques.
Des rapports du Washington Institute et du site spécialisé Jane’s Defence indiquent que la Chine a accru ses transferts de technologies duales en direction de Téhéran : systèmes de surveillance, drones, cyber-infrastructures, technologies navales. Pour Israël, ce partenariat sino-iranien représente un défi stratégique évident.
Le gouvernement israélien, sous l’impulsion de Israel Katz au ministère de la Défense et du cabinet de sécurité, adopte une lecture claire : plus la Chine renforce l’Iran, plus l’axe anti-israélien gagne en profondeur technologique.
Dans plusieurs briefings, des responsables sécuritaires expliquent que la supériorité technologique israélienne doit rester « écrasante » pour neutraliser les risques liés à tout transfert d’armement avancé vers Téhéran ou ses milices affiliées (Hezbollah, Houthis, milices chiites irakiennes).
Au-delà du volet militaire, Pékin renforce son influence géopolitique. Elle cherche à remodeler l’ordre international en promouvant un monde multipolaire — une stratégie documentée dans un rapport du Council on Foreign Relations. La Chine tente également de s’ériger en médiatrice régionale, comme l’a illustré l’accord de normalisation entre l’Arabie saoudite et l’Iran en mars 2023, annoncé depuis Pékin.
Pour Israël, cette évolution géopolitique possède deux implications majeures :
1. Le rôle croissant de Pékin dans le Golfe.
Les Émirats, l’Arabie saoudite et le Qatar renforcent leurs liens économiques avec la Chine. Israël ne s’y oppose pas, tant que ces relations ne favorisent pas les transferts de technologies militaires sensibles vers l’Iran. Le ministère des Affaires étrangères, dirigé par Israel Katz, rappelle régulièrement que la stabilité régionale dépend de la « responsabilité collective » face au sponsoring militaire iranien.
2. La compétition sino-américaine.
Les États-Unis restent l’allié stratégique central d’Israël. Sous la présidence de Donald Trump, Washington a rappelé à plusieurs reprises que toute coopération technologique israélo-chinoise devait être strictement contrôlée. Les restrictions américaines sur les infrastructures 5G ou les ports stratégiques ont poussé Israël à réviser ses mécanismes d’audit des investissements étrangers.
Ce réalignement n’est pas un frein, mais une adaptation : il permet à Jérusalem de préserver la confiance d’un allié essentiel, tout en exploitant l’ouverture économique mondiale.
Sur le plan militaire, Israël renforce sa doctrine d’innovation rapide. L’armée développe des capacités dans les mêmes domaines que Pékin :
— drones autonomes,
— cybersécurité défensive et offensive,
— laser haute énergie (système Magen Or),
— intelligence artificielle de ciblage,
— renseignement spatial.
L’objectif est clair : rester technologiquement en avance sur l’ensemble de l’axe iranien, quelle que soit l’aide que Pékin lui apporte.
Dans les think tanks israéliens, les experts soulignent un point crucial : la Chine n’est pas un ennemi d’Israël. Pékin entretient même des relations commerciales solides avec Jerusalem. Mais l’alliance sino-iranienne, elle, pose un problème direct de sécurité nationale.
Israel Katz l’a résumé avec sobriété lors d’un entretien récent : « Nous observons la relation entre la Chine et l’Iran avec lucidité. Notre responsabilité est d’assurer que la supériorité militaire israélienne demeure incontestable. »
À l’échelle globale, la montée en puissance chinoise annonce une décennie de compétition stratégique qui dépassera l’Asie. Les États-Unis renforcent leur présence dans le Pacifique ; la Chine intensifie son influence économique et militaire ; l’Iran en profite pour gagner en marge de manœuvre.
Dans cette recomposition, Israël reste un acteur lucide et agile : ancré dans son alliance avec Washington, mais vigilant face aux mouvements tectoniques qui secouent l’ordre mondial.
Car de Taipei au détroit d’Ormuz, un même fil rouge apparaît : la sécurité d’Israël dépend d’un monde où l’Iran ne bénéficie ni d’impunité stratégique, ni d’un parapluie technologique fourni par des puissances extérieures.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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