L’annonce a secoué les milieux diplomatiques : Zohran Mamdani, élu futur maire de New York, a déclaré dans une interview qu’il ordonnerait l’arrestation de Benjamin Netanyahu s’il venait à l’Assemblée générale de l’International Criminal Court (CPI) ou visitait Manhattan. Selon un article de l’Australian Broadcasting Corporation paru le 31 octobre 2025, Mamdani a revendiqué vouloir « faire respecter la loi internationale » et se montrer cohérent avec l’ordonnance d’arrestation de la CPI à l’égard de Netanyahu. (ABC)
Cette déclaration, si elle n’était jusqu’alors qu’une promesse électorale audacieuse, a immédiatement déclenché une onde de choc à Jérusalem. Le Premier ministre israélien ne cache pas son irritation : il a qualifié ces propos de « non-sérieux » lors d’une intervention publique. Selon un article du magazine Time publié en juillet 2025, Netanyahu a fustigé Mamdani en indiquant que « beaucoup de gens se sont faits prendre par cette absurdité ». (TIME)
Le contexte est clair : depuis l’émission le 21 novembre 2024 par la CPI d’un mandat d’arrêt contre Netanyahu pour « crimes de guerre et crimes contre l’humanité » dans le cadre du conflit israélo-palestinien, chaque visite internationale du chef du gouvernement israélien est observée au microscope. (Wikipedia) L’élection de Mamdani à la mairie de New York, la ville abritant le siège de l’ONU, pose donc un défi unique à la diplomatie israélienne.
Un engagement électoral qui pose problème
Mamdani, membre de l’Assemblée de l’État de New York et figure montante de la gauche progressiste, a multiplié les prises de position contre la politique israélienne dans la bande de Gaza, allant jusqu’à soutenir le mouvement BDS. Dans le camp israélien, cette posture est perçue comme une rupture nette avec les liens historiques entre la diaspora juive new-yorkaise et Israël. (New York Post)
Pour autant, si Mamdani affirme qu’il « ordonnera » l’arrestation du Premier ministre en cas de visite à New York, des juristes spécialisés parlent sans détour d’une « promesse électorale irréalisable ». L’ABC cite les professeurs Alex Whiting (Harvard) et Michael Newton (Vanderbilt), qui expliquent que la juridiction d’un maire municipal ne couvre pas l’arrestation d’un chef d’État, encore moins pour faire appliquer un mandat de la CPI que les États-Unis ne reconnaissent pas. (ABC)
Implications pour Israël et les États-Unis
Du côté israélien, la menace récurrente d’arrestation d’un chef de gouvernement par une autorité étrangère – même municipale – est reçue comme un signe d’isolement diplomatique. Tel-Aviv considère que cette trajectoire peut fragiliser la confiance de ses alliés, notamment les États-Unis, qui répugnent à voir un chef de gouvernement hébreu traité comme un criminel de guerre dans la sphère publique new-yorkaise.
À Washington, la situation inquiète également. Les États-Unis ne sont pas signataires du Statut de Rome instituant la CPI et ont adopté des lois – comme l’American Service-Members Protection Act – limitant la coopération avec cette institution. Un maire américain tentant d’appliquer une mesure de la CPI risquerait un conflit frontal avec l’exécutif fédéral. (Yahoo)
Une ville, un enjeu géopolitique
New York n’est pas qu’une métropole : c’est le carrefour des relations internationales, le siège de l’ONU et un bastion de la communauté juive américaine. L’élection d’un maire promettant d’arrêter le Premier ministre israélien constitue un symbole fort, portant un message politique au-delà des voies légales.
Mamdani l’a lui-même affirmé : « Cette ville veut respecter le droit international » — et ce, même si, dans les faits, l’application sera quasi impossible. Pour Israël, c’est le signe que l’un de ses alliés traditionnels internes peut désormais devenir un foyer d’hostilité officielle.
Quelle stratégie adopter pour Israël ?
Tel-Aviv dispose de plusieurs leviers :
- renforcer ses relations directes avec l’administration fédérale américaine, afin d’éviter que les mesures municipales portent atteinte à sa légitimité.
- mobiliser la diaspora juive de New York, qui joue un rôle clé dans l’équilibre politique local et qui pourrait s’opposer à une mise au ban du Premier ministre sur sol américain.
- rester vigilant sur tout déplacement international de Netanyahu à New York, anticiper les réactions médiatiques et diplomatiques.
Une épreuve pour la diplomatie israélienne
L’affaire Mamdani illustre à quel point Israël est désormais pris entre deux feux :
- d’un côté, une guerre sécuritaire prolongée qui impose vigilance et fermeté ;
- de l’autre, un isolement progressif dans les sphères internationales, y compris dans les grandes villes occidentales.
Alors que le monde change rapidement, la chaîne d’alliance traditionnelle — Israël–États-Unis–Occident — semble sujette à des réaménagements. Un maire progressiste d’une mégapole américaine, en promettant l’arrestation d’un chef de gouvernement israélien, envoie un signal nouveau : l’univers légal international, plus que jamais, entre dans le champ politique.
Pour Israël, l’enjeu est clair : préserver ses relations stratégiques tout en déconstruisant l’idée qu’il pourrait être traité comme une puissance paria. L’équilibre n’est pas seulement diplomatique, il est existentiel.
Les alliances ne sont pas abstraites : elles portent sur la survie de l’État hébreu et la garantie de sa sécurité. Cette affaire à New York rappelle que même un maillon local peut devenir un champ de bataille mondial.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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