En Thaïlande, un vent de panique traverse depuis quelques jours les communautés israéliennes établies à Phuket, Koh Samui, Chiang Mai ou Bangkok. Le royaume, longtemps considéré comme un refuge accessible pour les familles israéliennes, les retraités, les nomades digitaux et les jeunes fuyant les tensions sécuritaires de ces dernières années, vient de modifier brutalement sa politique de séjour pour les étrangers. Les nouvelles règles, publiées par l’immigration thaïlandaise le 13 novembre, menacent directement le mode de vie de milliers d’Israéliens qui vivaient grâce à des renouvellements successifs de visas touristiques.
Selon les informations publiées dans Haaretz (source : https://www.haaretz.com), la réforme n’affecte pas, pour l’instant, les touristes venus pour un séjour courte durée ; ces derniers continueront d’obtenir un visa de 60 jours à l’arrivée. Mais les étrangers qui utilisent ce visa pour résider durablement dans le pays sont désormais dans le viseur. La Thaïlande limite désormais sévèrement le système du « visa run », qui consistait à quitter le pays brièvement – souvent par voie terrestre – pour y revenir quelques heures plus tard avec un nouveau tampon.
D’après les nouvelles directives publiées par l’immigration thaïlandaise dans le Bangkok Post (source : https://www.bangkokpost.com/thailand/general), un visiteur muni d’un visa touristique ne pourra entrer qu’à deux reprises par an dans le cadre de ces extensions informelles : une première fois pour 30 jours supplémentaires, et une seconde fois pour seulement 7 jours. De plus, ces extensions ne seront désormais accordées qu’aux voyageurs arrivant par avion, ce qui ferme une porte largement utilisée par les résidents informels, qui franchissaient régulièrement les frontières terrestres avec le Laos, le Cambodge ou la Malaisie.
Autre nouveauté : toute personne effectuant un « visa run » devra désormais passer au moins une journée entière hors de Thaïlande avant de pouvoir rentrer. Une obligation qui renchérit et complique considérablement la vie des familles israéliennes installées à Koh Phangan, Phuket ou Krabi, qui vivaient jusqu’ici dans une zone grise juridique tout en scolarisant leurs enfants sur place ou en opérant de petites activités locales.
Le site Thai PBS confirme que ces mesures visent à « fermer les failles permettant une installation permanente sous couverture touristique » (source : https://www.thaipbsworld.com). Plusieurs responsables thaïlandais cités dans la presse parlent d’une volonté de « mettre de l’ordre » après une année marquée par de multiples scandales impliquant des touristes étrangers – dont plusieurs Israéliens ayant fait la une des médias locaux pour conduite dangereuse, comportements irrespectueux, nuisances nocturnes, voire des actes obscènes dans des sites naturels, comme l’a rapporté la chaîne Channel 3.
Cette réalité, largement relayée sur les réseaux sociaux thaïlandais, a nourri un discours croissant contre les visas trop souples. Certains tabloïds locaux ont consacré des articles à des ressortissants israéliens arrêtés pour vol, usage de stupéfiants ou nuisances publiques, accentuant une forme d’agacement dans l’opinion.
Pour les milliers d’Israéliens installés durablement dans le royaume – certains depuis des années – l’annonce est un choc. Les groupes WhatsApp des communautés de Koh Samui, Phuket et Bangkok sont en ébullition : familles avec enfants, entrepreneurs, enseignants de yoga, indépendants en télétravail, retraités ayant quitté Israël après le 7 octobre… tous se demandent désormais s’ils pourront continuer à vivre en Thaïlande sans passer par un visa long terme, souvent plus complexe et coûteux. Les visas de travail à distance, de retraite ou d’études existent, mais chacun impose des conditions strictes que tous ne remplissent pas.
Un Israélien installé à Koh Phangan confie dans Haaretz qu’il y voit une stratégie plus large : « C’est clair, ils veulent nous renvoyer chez nous. Trop de familles israéliennes ont quitté Israël ces dernières années. C’est le moyen le plus simple de les faire revenir. »
Il s’agit bien sûr d’une interprétation personnelle, et non d’une position officielle, mais ce sentiment est largement partagé dans les groupes de discussion d’expatriés.
Selon Reuters (source : https://www.reuters.com/world/asia-pacific/thailand-visa-policy-changes-2025-11-15), la décision thaïlandaise s’inscrit dans un mouvement plus large de contrôle accru des flux migratoires informels, un phénomène qui touche aussi les Russes, les Européens, les Coréens et de nombreux nomades digitaux qui utilisent le pays comme base permanente tout en restant officiellement des touristes.
Imri Kalman, représentant du tourisme thaïlandais en Israël, confirme que Bangkok ne cherche pas à exclure les Israéliens, mais à réguler un phénomène devenu incontrôlable : « La Thaïlande veut des nomades digitaux, mais pas une immigration déguisée. Les touristes classiques ne seront pas affectés, mais ceux qui vivent ici devront désormais régulariser leur situation. »
Les mois à venir diront si la Thaïlande maintient cette politique strictement ou l’assouplit sous la pression des acteurs du tourisme. Mais pour l’heure, une chose est certaine : l’époque où les Israéliens pouvaient vivre indéfiniment au soleil de Koh Phangan ou Phuket grâce à un simple tampon touristique touche à sa fin.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés






