Il est lâun de ces militants sociaux qui ne cherchent ni lumiĂšre ni gloire. Ă 62 ans, Itsik Nefesh, responsable de contrĂŽle et dâexĂ©cution Ă lâHistadrout, vient dâĂȘtre nommĂ© âYakir HaIr Ashkelonâ. Une distinction rare pour un homme devenu, au fil de 36 annĂ©es dâengagement, lâadresse incontournable des citoyens en dĂ©tresse administrative. Son travail, pourtant peu mĂ©diatisĂ©, rĂ©vĂšle un enjeu crucial : celui de la protection des droits socio-Ă©conomiques en IsraĂ«l.
La cĂ©rĂ©monie sâest dĂ©roulĂ©e dans une ambiance Ă©mouvante, en prĂ©sence de responsables municipaux, dâassociations locales et de reprĂ©sentants de lâHistadrout. Parmi les seize citoyens rĂ©compensĂ©s cette annĂ©e par le titre prestigieux de âYakir HaIr Ashkelonâ, une figure se distinguait particuliĂšrement : celle dâItsik Nefesh, 62 ans, pilier discret mais essentiel de la dĂ©fense des consommateurs dans la rĂ©gion.
Son nom est familier Ă des milliers de familles dâAshkelon. Pour beaucoup, il est âlâhomme Ă appeler quand tout va malâ. ProblĂšmes face au Bituah Leumi, litiges avec des entreprises, abus administratifs, contrats opaques, fraudes ciblant les personnes ĂągĂ©es : Nefesh est intervenu, annĂ©e aprĂšs annĂ©e, dans des dizaines de situations devenues parfois dĂ©sespĂ©rĂ©es pour les citoyens.
Dans un pays oĂč les formalitĂ©s administratives peuvent devenir labyrinthiques, son travail a souvent constituĂ© la derniĂšre bouĂ©e de sauvetage.
Un vĂ©tĂ©ran de lâHistadrout devenu symbole local
Comme le racontent Davar et Calcalist, Itsik Nefesh a intĂ©grĂ© lâHistadrout il y a 36 ans. Dâabord engagĂ© en tant que reprĂ©sentant syndical classique, il sâest rapidement spĂ©cialisĂ© dans les problĂ©matiques de dĂ©fense des consommateurs â un domaine alors peu structurĂ©, parfois mĂȘme ignorĂ© des instances syndicales.
Au fil du temps, il a bĂąti un vĂ©ritable service local de mĂ©diation, accessible, non bureaucratique, et fonctionnant souvent en dehors des heures officielles. Son tĂ©lĂ©phone ne sâarrĂȘtait jamais, mĂȘme le vendredi.
Ses interventions portaient sur :
- des litiges avec les fournisseurs dâĂ©lectricitĂ© et dâeau ;
- des erreurs de facturation de compagnies de télécom ;
- des abus dâentreprises visant des retraitĂ©s ;
- des situations complexes face au Bituah Leumi (handicap, indemnités, congés maladie) ;
- des tensions avec des organismes publics trop lents ou indifférents.
âAu dĂ©but, tout se faisait de bouche Ă oreilleâ, raconte-t-il. TrĂšs vite, sa rĂ©putation a dĂ©passĂ© les limites du syndicat : mĂ©decins, enseignants, travailleurs sociaux, policiers, retraitĂ©s⊠tous ont commencĂ© Ă lui adresser des cas difficiles.
1 500 demandes par an : une charge qui dĂ©passe lâimaginable
Selon les donnĂ©es publiĂ©es par Davar, Itsik Nefesh reçoit environ 1 500 demandes chaque annĂ©e. Appels, SMS, WhatsApp, courriels, plaintes formelles â sa permanence est devenue un refuge pour les citoyens de tous horizons.
Il traite chaque dossier lui-mĂȘme, parfois en quelques heures, parfois aprĂšs des semaines dâacharnement administratif. Sa mĂ©thode :
- écouter ;
- identifier lâorganisme responsable ;
- intervenir directement auprĂšs des directions ;
- négocier ;
- et, si nécessaire, déposer une plainte ou une demande de compensation.
Il a aidĂ© des centaines de personnes Ă rĂ©cupĂ©rer de lâargent facturĂ© Ă tort, Ă faire valoir leurs droits mĂ©dicaux, ou Ă se dĂ©fendre contre des opĂ©rateurs peu scrupuleux.
Dans un témoignage cité par Globes, une retraitée raconte :
âJe nâavais plus personne. Une compagnie mâavait volĂ© 6 000 shekels. Il a rĂ©glĂ© le problĂšme en deux jours.â
Deux affaires qui ont marqué sa carriÚre
Parmi les nombreux dossiers quâil a traitĂ©s, deux ont retenu lâattention des mĂ©dias locaux.
1. Un juge lui demande de lâaide
Un ancien vice-prĂ©sident du tribunal dâAshkelon, dĂ©sormais Ă la retraite, sâest rendu Ă son bureau aprĂšs avoir Ă©tĂ© victime dâun litige avec un opĂ©rateur mobile.
Ironie du sort : Nefesh lâavait dĂ©jĂ affrontĂ© lors de procĂšs en petites crĂ©ances quâil plaidait au nom de consommateurs lĂ©sĂ©s.
En 24 heures, le juge retraité a récupéré son remboursement.
Un symbole de lâefficacitĂ© de la âmĂ©thode Nefeshâ.
2. Une fraude massive contre 24 familles ùgées
Il y a sept ans, plusieurs entreprises vendaient de faux âcontrats dâassuranceâ Ă des personnes ĂągĂ©es, prĂ©levant parfois des milliers de shekels pour des services inexistants.
Nefesh a réuni :
- les 24 victimes,
- les documents,
- les preuves des prélÚvements,
- et a convoqué la société incriminée.
Selon The Marker, il leur a lancé :
âVous avez deux options : affronter 24 procĂšs â ou rembourser tout le monde en une semaine.â
Deux jours plus tard, un employĂ© de lâentreprise sâest prĂ©sentĂ© avec une liste dâadresses et des enveloppes contenant les remboursements.
Une philosophie : âNe jamais remettre au lendemainâ
Itsik Nefesh a développé une rÚgle qui est devenue sa signature : ne jamais reporter un dossier.
Il affirme que les gens qui viennent Ă lui sont souvent âau bord du dĂ©couragementâ, et que la rapiditĂ© de la rĂ©ponse fait partie du remĂšde.
Il explique :
âJe traite chaque personne comme jâaimerais quâon me traite.â
Dans une sociĂ©tĂ© parfois rongĂ©e par la lenteur bureaucratique, cette approche fait figure dâexception.
Un impact qui dépasse Ashkelon
MalgrĂ© son poste actuel â responsable du contrĂŽle interne au sein de lâHistadrout â il continue Ă recevoir quotidiennement des demandes liĂ©es aux droits des consommateurs.
Dans un pays oĂč les litiges administratifs peuvent entraĂźner des pertes financiĂšres significatives, voire des drames humains, son rĂŽle fait partie des engagements les plus concrets en faveur de la justice sociale.
Son prix de âYakir HaIrâ rĂ©compense aussi un modĂšle : celui dâun syndicalisme qui nâest pas seulement revendicatif, mais aussi humain, efficace et ancrĂ© dans le terrain.
Conclusion : un citoyen ordinaire devenu pilier de justice locale
La distinction attribuĂ©e Ă Itsik Nefesh nâest pas quâune mĂ©daille honorifique. Câest la reconnaissance dâun travail invisible mais vital. Ă lâheure oĂč IsraĂ«l traverse une pĂ©riode de tensions sociales et sĂ©curitaires, son action rappelle que le tissu social du pays se tient aussi grĂące Ă ceux qui sâengagent â un dossier, un appel, une famille Ă la fois.
Son parcours rappelle quâen IsraĂ«l, la solidaritĂ© ne repose pas uniquement sur les grandes institutions ou les dĂ©cisions gouvernementales, mais aussi sur ces femmes et ces hommes qui choisissent dâĂȘtre la voix des plus fragiles.
RĂ©daction francophone Infos Israel News pour lâactualitĂ© israĂ©lienne
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