Accusée de tous les crimes, l’armée israélienne continue pourtant d’enseigner au monde : 20 pays réunis en Israël pour étudier les leçons d’une guerre multi-fronts

À entendre certains gouvernements occidentaux et une partie de l’opinion publique mondiale, Israël serait devenu depuis deux ans le symbole du « crime absolu », un pays engagé dans des « violations massives du droit international », selon les formules répétées dans les déclarations diplomatiques. Pourtant, la scène qui vient de se dérouler à Tel-Aviv raconte une tout autre histoire, dévoilant le contraste saisissant entre les proclamations politiques et la réalité opérationnelle. Plus de cent hauts gradés militaires, venant d’une vingtaine de pays — parmi lesquels les États-Unis, le Canada, l’Allemagne, la France, la Finlande, le Japon, la République tchèque ou encore Chypre — ont participé à un programme intensif de cinq jours dirigé par Tsahal, consacré aux enseignements de la guerre multi-fronts menée depuis octobre 2023. Difficile d’imaginer un geste plus clair : malgré les accusations, les critiques et les menaces diplomatiques, les armées du monde continuent de venir apprendre du savoir-faire israélien.

Ce contraste est d’autant plus frappant que plusieurs des États présents ont récemment dénoncé Israël avec une virulence particulière. Le Canada et la France ont reconnu un État palestinien, une démarche essentiellement symbolique mais politiquement chargée, souvent présentée par leurs dirigeants comme une manière de « sanctionner » Jérusalem. L’Allemagne a imposé un embargo temporaire sur certaines livraisons d’armes à Israël. Le Japon a accusé Tsahal de conduire des opérations « inacceptables » à Gaza et d’aggraver une crise humanitaire. La Finlande est allée jusqu’à déclarer que les actions israéliennes « violaient le droit international ». Et pourtant, tous ces pays ont envoyé leurs officiers supérieurs participer à un programme de formation avancée dispensé par cette même armée qu’ils ont publiquement condamnée.

La liste des participants, dévoilée dans le Telegraph britannique, suffit à elle seule à comprendre l’enjeu stratégique du moment : États-Unis, Canada, Allemagne, Finlande, France, Inde, Grèce, Chypre, République tchèque, Hongrie, Pologne, Autriche, Estonie, Japon, Maroc, Roumanie, Serbie, Slovaquie. Une coalition hétérogène, mais composée d’États dont beaucoup font face à des menaces croissantes — Russie sur le flanc est-européen, Iran au Moyen-Orient, jihadisme en Afrique du Nord, tensions en mer de Chine. Tous cherchent à comprendre comment Israël, isolé sur le plan diplomatique, a réussi à mener simultanément une guerre à Gaza, une confrontation intense avec le Hezbollah au nord, et des opérations continues contre des réseaux iraniens en Syrie et au-delà.

Les thèmes du programme démontrent l’écart abyssal entre le récit politique accusant Israël de « génocide » et la réalité militaire observée par les experts : avancées dans l’usage des données opérationnelles et de l’intelligence artificielle, synchronisation drones-artillerie pour protéger des troupes au sol, optimisation de la survie des blessés sur le champ de bataille. Rien à voir avec les accusations hystériques qui circulent dans certaines chancelleries européennes ou sur les réseaux militants. Les officiers venus du monde entier ne se sont pas déplacés pour apprendre à « commettre des crimes de guerre » — mais parce que Tsahal, malgré la pression internationale, fait face à des défis stratégiques que bien d’autres armées craignent d’affronter un jour.

Ce paradoxe soulève une question centrale, exprimée avec ironie par le journaliste israélien Amit Segal : comment des pays qui accusent Israël de crimes contre l’humanité peuvent-ils, dans le même souffle, envoyer leurs états-majors étudier ses méthodes ? Croient-ils réellement leurs propres condamnations ? Ou bien ces déclarations ne seraient-elles qu’un produit de politique interne, un geste destiné à calmer une opinion publique agitée, tout en maintenant discrètement une coopération militaire indispensable ? L’écart entre ce que les gouvernements disent et ce qu’ils font semble répondre implicitement à la question.

Le double langage diplomatique n’est pas nouveau, mais l’épisode actuel lui confère une dimension presque cynique. Au moment même où des ministres européens dénoncent Israël pour « usage disproportionné de la force », leurs généraux viennent écouter les analyses détaillées des combats urbains menés à Gaza, en prenant des notes sur la manière dont Tsahal combine renseignement en temps réel, IA, manœuvres terrestres et frappes chirurgicales. Pendant que des diplomates parlent de « famine organisée », les mêmes États cherchent à comprendre comment l’armée israélienne a réussi à opérer dans un environnement saturé de tunnels, de pièges explosifs, d’escouades suicides et de civils utilisés comme remparts humains par le Hamas.

Cet épisode souligne également un élément rarement dit à haute voix : malgré deux ans de pression internationale, l’armée israélienne demeure un modèle pour beaucoup. Son adaptation rapide, sa capacité à combiner plusieurs théâtres simultanément, sa résilience face aux drones explosifs, aux attaques cybernétiques et aux missiles de précision, tout cela constitue un laboratoire militaire que les grandes puissances veulent comprendre. Même lorsque des capitales européennes adoptent des positions critiques, leurs états-majors savent que la survie d’Israël dans cet environnement donne des enseignements précieux pour l’avenir des guerres modernes.

Il faut aussi rappeler que nombre de ces pays perçoivent désormais, à des degrés différents, la menace iranienne. L’influence croissante des Gardiens de la Révolution, leurs réseaux en Syrie, au Liban, en Irak ou au Yémen, et l’extension de leur hégémonie par proxies terroristes inquiètent énormément l’Europe. Israël affronte déjà depuis des années ce que beaucoup d’États redoutent d’affronter demain. De ce point de vue, la coopération militaire n’est pas un luxe : elle est une nécessité stratégique.

En dépit du climat diplomatique hostile, cet afflux de délégations internationales est aussi un signal politique adressé à Téhéran et au Hezbollah : malgré la cacophonie médiatique, Israël dispose d’une crédibilité opérationnelle que les capitales occidentales n’ignorent pas. Il serait naïf de croire que ces délégations auraient participé si elles suspectaient la moindre « illégalité structurelle » dans les pratiques israéliennes. Les armées occidentales sont liées par des normes extrêmement strictes, souvent plus rigides encore que celles du droit international humanitaire. Elles ne s’associeraient pas à un partenaire dont elles jugeraient les méthodes inacceptables.

Ce programme militaire confirme surtout ce que les Israéliens savent depuis longtemps : au-delà du verbe politique, au-delà des motions votées dans certains parlements, au-delà des postures symboliques, la réalité stratégique s’impose toujours. Les pays peuvent condamner Israël en façade, mais lorsqu’il s’agit de préparer l’avenir, ils savent où aller chercher les bonnes réponses.

Et si les dirigeants européens persistent à se contredire entre parole publique et coopération discrète, la question posée par Amit Segal restera, elle, suspendue : croyez-vous vraiment à ce que vous dites lorsque vous accusez Israël de crimes collectifs, ou s’agit-il seulement d’un théâtre politique destiné à calmer les foules ? Car dans les salles de classe de Tsahal, en Israël, les mêmes pays apprennent en silence ce que leurs dirigeants refusent d’admettre en public : que l’armée israélienne demeure l’une des plus compétentes, innovantes et expérimentées au monde.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés

 

Â