Dans un climat économique étouffant, où les prix explosent de mois en mois et où les produits laitiers coûtent une véritable fortune pour les familles israéliennes, le ministre des Finances Bezalel Smotrich a lancé un pavé dans la mare. Dans un entretien accordé à Aroutz 7, il accuse les trois géants du secteur – Tnouva, Tara et Strauss – de mener une campagne multimillionnaire pour empêcher la réforme du lait qu’il porte depuis plusieurs mois, une réforme qu’il présente comme un acte de justice économique destiné à libérer les consommateurs. Selon lui, les monopoles cherchent à préserver leurs marges colossales au détriment des ménages, en manipulant l’opinion et en instrumentalisant les fermiers pour camoufler un modèle qui asphyxie les familles, notamment celles nombreuses qui doivent remplir un chariot entier chaque semaine.
Smotrich décrit une opération parfaitement huilée : publicités massives, articles orientés, slogans qui jouent sur la corde émotionnelle de la « défense de la ferme israélienne ». Il dénonce un « mensonge organisé », et rappelle ce que beaucoup de familles constatent déjà : on se retrouve à devoir choisir entre soutenir les agriculteurs israéliens — souvent vulnérables — et soutenir les Israéliens derrière la caisse du supermarché, ces familles qui n’arrivent plus à payer leurs courses. Car au milieu de ce champ de bataille économique, une réalité demeure : en Israël, un yaourt coûte parfois le double de son équivalent européen, et certaines fromages atteignent des prix surréalistes. Les consommateurs le savent, les familles le vivent, mais les monopoles refusent de l’admettre.
Dans son interview, Smotrich affirme sans détour que trois géants orchestrent une rente protégée depuis des décennies. « Il n’y a aucune raison qu’en Israël, une simple brique de lait coûte 150 à 190 % de plus qu’en Europe », martèle-t-il. Il dévoile que le producteur laitier — le fermier — ne reçoit qu’environ un tiers du prix payé par le consommateur. « Sur un carton de lait acheté 7 shekels, le fermier ne touche que 2,40 shekels », explique-t-il. Le reste, dit-il, se perd dans les marges des usines, de la distribution et du système opaque qui a transformé les produits laitiers en produits de luxe. Un contraste violent dans un pays où 40 % des foyers ont du mal à finir le mois.
La réforme proposée par Smotrich veut ouvrir le marché à davantage de concurrence contrôlée, sans sacrifier la production locale. Il insiste : « Nous allons protéger les éleveurs, les indemniser, moderniser les fermes, augmenter leur productivité, tout en cassant les marges des monopoles ». Il ajoute qu’Israël ne dépend plus des importations turques, rappelant qu’il n’existe de toute façon plus aucun commerce entre Israël et la Turquie depuis deux ans, démentant ainsi les accusations selon lesquelles il importerait du lait d’Erdogan. « Un mensonge parmi d’autres », tranche-t-il.
Smotrich expose un plan structuré : racheter volontairement les petites exploitations peu rentables, leur offrir des indemnités pour se reconvertir, moderniser les grandes fermes, garantir un prix minimum aux producteurs et éviter qu’aucun fermier ne fasse faillite pendant la transition. L’État, dit-il, couvrira les risques. Ce modèle existe déjà dans de nombreux pays européens, où les prix sont plus bas tout en maintenant une agriculture nationale forte. Pour lui, réduire le coût de la vie n’est pas un acte technique, mais un devoir sioniste, au même titre que soutenir les fermes. « Permettre à une famille israélienne de remplir son chariot sans s’endetter, c’est aussi de l’amour du pays », insiste-t-il.
Les critiques internes, notamment celles d’Otzma Yehudit, ne l’impressionnent pas. Il estime qu’elles relèvent davantage du calcul politique que d’une réelle opposition. Il accuse les détracteurs de ne pas connaître le dossier et de se laisser manipuler par les géants industriels. « Ils servent les monopoles sans même s’en rendre compte », dit-il, rappelant que Tnouva appartient désormais à un fonds chinois, un détail souvent oublié par ceux qui invoquent la « protection du produit bleu-blanc ».
Sur la question explosive du démantèlement des constructions non autorisées dans le Gush Etzion, Smotrich clarifie : « Ce n’est pas un combat idéologique, c’est un litige foncier ». Il refuse la dramatisation et rappelle que personne n’a été expulsé de sa maison. Selon lui, l’État doit imposer la loi, y compris en Judée-Samarie, pour garantir un développement ordonné. Il précise que les structures retirées se trouvaient sur la seule réserve foncière stratégique permettant la construction de milliers de logements. « Ce ne sont pas des destructions pour punir », dit-il, « mais pour permettre une expansion bien plus large ». Il affirme qu’il s’agit d’un débat interne à l’implantation, non d’un retrait politique d’importance nationale.
Concernant Gaza et la guerre contre le Hamas, Smotrich adopte un ton martial : « Tsahal prépare les plans pour conquérir totalement la bande et détruire le Hamas si la voie diplomatique voulue par le président Trump échoue ». Il insiste sur la nécessité de ne jamais répéter les erreurs du passé. Pour lui, laisser le Hamas se réarmer serait un crime envers les habitants du sud. Dans le même souffle, il défend la décision de Tsahal de maintenir une présence militaire continue dans le sud du Liban, afin d’empêcher le Hezbollah de revenir s’installer aux portes des communautés du Nord.
Sur le dossier brûlant de la conscription des haredim, Smotrich se dit déterminé : « Ce qui était ne sera plus ». Il appelle à une réforme profonde et progressive qui intègre les ultra-orthodoxes dans l’effort national. Il insiste sur le fait que la guerre a démontré les limites d’une armée trop petite. L’élargissement du service militaire est pour lui un impératif stratégique, moral et historique. Il promet un modèle respectueux, réfléchi et adapté au mode de vie religieux, mais affirme que maintenir le statu quo est impossible. « 77 ans d’anomalie doivent prendre fin ».
Enfin, le ministre précise que l’adoption d’un véritable texte de loi sur la conscription débloquera ensuite le vote du budget, qui inclura un plan massif de relance économique, des baisses d’impôts et une réduction du coût de la vie, notamment dans l’alimentation. Il assure que son combat contre les monopoles laitiers n’est que la première étape d’une réforme beaucoup plus vaste visant à rendre Israël vivable pour ses citoyens. « Le peuple ne nous pardonnera pas si nous cédons face aux intérêts privés », conclut-il. Pour Smotrich, la bataille du lait n’est pas une histoire de vaches et de quotas, mais le symptôme d’un système qui doit enfin se mettre au service des familles israéliennes — celles qui travaillent, qui paient, et qui peinent à remplir un simple panier de courses.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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