Le mariage de Noa Kirel et du footballeur israélien Daniel Peretz a été l’un des événements les plus suivis de l’année en Israël. Entre les deux réceptions distinctes, les listes d’invités ultra-sélectives, les tenues signées par des maisons internationales et l’attention médiatique qui accompagne tout ce que fait la chanteuse, rien ne semblait pouvoir encore surprendre le public israélien. Pourtant, c’est une rumeur inattendue, presque absurde, qui a fini par enflammer les réseaux : la décision de Kirel de tourner un clip du titre « Bridezilla » le jour même de son mariage aurait-elle été motivée par des considérations fiscales, dans le but de requalifier une partie des dépenses comme frais professionnels et ainsi réduire son imposition ?
Face à l’écho grandissant de cette théorie du complot numérique, la chanteuse a décidé de réagir pour la première fois. Invitée à l’émission « HaTzinor » sur la chaîne Reshet 13, l’une des plateformes les plus influentes du paysage audiovisuel israélien, Kirel a mis fin au silence. Elle a expliqué que cette décision n’avait « rien à voir avec les impôts », insistant sur le caractère artistique du projet et sur l’envie de capter l’énergie unique du jour de son mariage. La séquence, diffusée en début de semaine, a immédiatement été reprise par les médias de divertissement israéliens, qui suivent de près chaque étape de la carrière de la jeune star.
Cette réponse ferme intervient après plusieurs semaines de spéculations. La rumeur avait prospéré dans un climat où la transparence financière des célébrités est devenue un sujet sensible en Israël, à la suite de plusieurs scandales impliquant des figures publiques. Le nom de Kirel, qui a représenté Israël à l’Eurovision 2023 et consolidé depuis son statut d’icône pop nationale, attire naturellement une attention disproportionnée, souvent à la frontière entre fascination et jalousie. Sur les réseaux, certains comptes anonymes affirmaient même, sans preuves, que des « experts fiscaux » avaient confirmé la faisabilité d’un tel montage. Or, selon les règles de l’Autorité fiscale israélienne, une dépense ne peut être reconnue comme professionnelle que si son lien avec l’activité commerciale est clair, documenté et cohérent ; ce n’est pas parce qu’un événement est filmé qu’il devient mécaniquement « déductible ».
Règles générales (hébreu) de l’Autorité fiscale :
https://taxinfo.taxes.gov.il
Plus largement, la polémique souligne la manière dont l’écosystème médiatique israélien fonctionne à l’ère des réseaux sociaux. Une blague ou une hypothèse ironique postée sur Instagram ou X peut, en quelques heures, se transformer en récit quasi-officiel, repris dans les conversations et dans certains médias en quête de buzz. Le cas du clip de « Bridezilla » est typique : à l’origine, une observation amusée sur le fait de « rentabiliser » un mariage de star ; à l’arrivée, une théorie du complot élaborée, accusant implicitement Kirel d’optimisation fiscale agressive. Cette mécanique, bien connue dans les sphères politiques israéliennes, s’est simplement déplacée dans le domaine people.
Le choix du couple d’organiser deux événements séparés – un pour la famille proche, un autre pour le cercle élargi d’amis, de personnalités et de partenaires – a également entretenu le fantasme d’un mariage ultra-produit, pensé comme un plateau de tournage géant. Pour certains internautes, le clip est devenu la preuve d’un « projet commercial » déguisé. Pour d’autres, il ne s’agit que d’une extension logique de la carrière de Kirel, qui mêle depuis des années musique, image et storytelling extrêmement maîtrisé. Les grandes plateformes d’information israéliennes, comme Ynet ou Mako, ont largement couvert l’événement, en rappelant que le couple est au cœur d’un véritable phénomène médiatique depuis l’annonce de leurs fiançailles.
Au-delà du cas personnel de la chanteuse, l’affaire met en lumière un débat plus profond sur la confiance du public. Dans un pays comme Israël, habitué à la guerre de l’information contre ses adversaires à l’étranger, la prolifération de rumeurs internes, dirigées cette fois contre des artistes ou des personnalités publiques, fragilise encore un peu plus le débat. Si un simple clip tourné un jour de mariage suffit à déclencher des soupçons de fraude fiscale, que se passera-t-il quand il s’agira de décisions politiques ou sécuritaires, où la complexité est infiniment plus grande et les enjeux vitaux ? Dans cette perspective, le « cas Noa Kirel » ressemble à un symptôme : celui d’une société hyper-connectée, où l’on passe très vite de la curiosité à la suspicion.
En choisissant de répondre calmement, sans polémique et sans attaquer ses détracteurs, la chanteuse tente de reprendre le contrôle de son récit. Elle fait aussi passer un message implicite : les artistes israéliens sont des créateurs, pas des suspects par défaut. Dans un pays où l’image d’Israël est constamment mise en accusation sur la scène internationale, la tentation de transformer chaque succès en procès populaire peut devenir toxique. Défendre le droit d’une artiste israélienne à célébrer son mariage comme elle l’entend, à tourner un clip sans être immédiatement accusée de manipulation fiscale, c’est aussi défendre un certain espace de normalité et de créativité dans une société sous pression permanente.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés





