Un homme de 40 ans, Bilal Al-Asam, a été abattu ce matin à Tel Sheva, dans le Néguev, lors d’un règlement de comptes issu… d’une simple dispute entre enfants. Une escalade absurde, symptomatique d’une violence qui ravage la société arabe israélienne — 236 morts depuis janvier, quasiment autant qu’en 2024 — et qui révèle, une fois de plus, l’effondrement du contrôle des armes illégales et de l’autorité des familles face aux clans criminels.
Les secouristes du Magen David Adom, arrivés peu après 7h07, n’ont pu que constater le décès d’Al-Asam, touché par plusieurs impacts de balles. Un autre jeune homme d’une vingtaine d’années a été blessé légèrement et transféré à l’hôpital Soroka. Sur la scène du crime, les enquêteurs ont trouvé des indices concordants : tirs multiples, proximité immédiate avec des habitations et, comme dans tant de cas récents, un modus operandi professionnel, nourri d’armes volées dans les dépôts militaires ou acheminées par contrebande depuis la Jordanie.
La police a confirmé dans un communiqué lapidaire mais explosif : « Selon les premières constatations, il s’agit d’un acte de vengeance entre deux familles du secteur bédouin, consécutif à une altercation entre enfants. »
Ce qui n’était qu’un banal conflit infantile s’est ainsi transformé en un homicide d’une brutalité extrême. Quelques heures plus tard, les forces de l’ordre annonçaient avoir découvert dans l’une des familles deux fusils militaires volés, « probablement utilisés pour commettre le meurtre ».
Ce drame intervient dans un climat déjà saturé de violence. Avant-hier encore, Sabah Abu al-Qiyaan, 20 ans, a été tuée par erreur par deux hommes venus tirer dans un commerce de Jatt, faute d’avoir trouvé leur cible. Des images diffusées par Ynet et N12 ces dernières semaines témoignent d’un niveau inédit de terrorisme interne : fusillades, extorsions, règlements de comptes exécutés en pleine rue.
Le chiffre qui secoue la société israélienne tombe comme une sentence : 236 morts dans la société arabe depuis le début de l’année 2025, selon les données policières consultables publiquement. Une statistique glaçante, quasi identique à celle de 2024. Des meurtres « prévisibles », comme les décrivent des experts sécuritaires interrogés par Haaretz, puisque les réseaux criminels fonctionnent désormais comme des milices privées, surarmées, imposant leurs lois où l’État peine à pénétrer.
Le cas de Tel Sheva est tragiquement emblématique : deux familles en conflit chronique, une dynamique de vendetta enracinée, et des armes circulant librement entre les mains de jeunes hommes frustrés, désœuvrés et encouragés par l’impunité.
Le paramédic Yedid Shochat, qui a tenté de réanimer Al-Asam, a décrit une scène d’une violence rare : « Nous avons trouvé un homme inconscient, sans pouls, grièvement touché. Nous avons tout tenté, mais ses blessures étaient mortelles. »
Sur le plan politique, l’incapacité de l’État à endiguer ces violences devient un angle d’attaque majeur. Des députés de la coalition comme de l’opposition multiplient les accusations. Pour certains, c’est le signe du « retrait de l’État des zones périphériques », tandis que d’autres pointent « la tolérance excessive envers la prolifération d’armes illégales dans le Néguev ».
Les habitants, eux, parlent d’un sentiment d’abandon total : les vidéos circulant sur les réseaux sociaux montrent des tirs nourris au cœur des villages, des rodéos motorisés de gangs locaux et des maisons ciblées par des fusillades nocturnes, un climat surréaliste qui n’a rien à envier aux pires zones grises du Moyen-Orient.
Pour Israël, cette explosion de violence interne pose une question stratégique majeure : comment maintenir l’autorité de l’État dans un contexte où les organisations criminelles arabes fonctionnent comme des armées parallèles ? La lutte contre le terrorisme extérieur exige un système sécuritaire robuste ; or, cette criminalité endémique siphonne d’immenses ressources policières et affaiblit le tissu social.
Dans une région où les tensions communautaires, les trafics transfrontaliers et l’instabilité géopolitique s’entremêlent, laisser se développer un tel vide sécuritaire reviendrait à ouvrir un boulevard aux ingérences hostiles — de la Jordanie aux réseaux cartels opérant par-dessus la frontière égyptienne.
Le meurtre de Bilal Al-Asam n’est pas un « incident local » mais un avertissement national. En Israël, où la guerre extérieure impose déjà une mobilisation civile et militaire sans précédent, l’État ne peut se permettre de perdre des pans entiers de son territoire au profit de réseaux mafieux. Les querelles d’enfants ne doivent jamais, jamais finir en fusillades. C’est pourtant la réalité d’aujourd’hui — une réalité qu’Israël devra affronter avec la même détermination que ses menaces extérieures, faute de quoi le chaos intérieur deviendra sa nouvelle frontière.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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