L’ex-agent israélien suspecté d’enlèvement d’enfants en Allemagne craque et avoue : “La mère a payé”

L’affaire secoue l’Allemagne, Israël et le monde du renseignement : David Barkai, 68 ans, ancien officier de l’unité 504 de Tsahal et présenté par plusieurs médias allemands comme ex-agent du Mossad, a reconnu devant les enquêteurs allemands que la mère des enfants enlevés, Christina Block, héritière d’un empire de restaurants haut de gamme, avait financé l’opération d’enlèvement.
Selon son témoignage, révélé par Bild et Die Zeit, Block aurait versé 220 000 euros pour faire kidnapper deux de ses enfants à leur père, au Danemark, le soir du Nouvel An 2024.

Une reconnaissance explosive qui bouleverse un procès déjà sous très haute tension et qui expose l’une des familles les plus riches d’Allemagne à un scandale judiciaire et médiatique d’ampleur internationale.


Selon les sources judiciaires allemandes, David Barkai, qui a livré une déposition de quatre jours, aurait passé un accord avec le parquet — un possible accord de plaider-coupable, en échange de la levée d’un mandat d’arrêt international pesant contre lui.
Son témoignage accable non seulement Christina Block, mais aussi son propre avocat, Maître Andreas S., qu’il accuse d’avoir géré les transferts d’argent, supervisé l’opération et validé les étapes du plan.

D’après le procès-verbal long de 327 pages, auquel plusieurs médias allemands ont eu accès, Barkai affirme :

« Ils ont payé environ 220 000 euros pour l’enlèvement.
150 000 euros sont arrivés de l’avocat, 20 000 euros en liquide directement de Christina Block. »

Block, entendue à plusieurs reprises, nie catégoriquement avoir commandité l’enlèvement. Elle accuse au contraire sa mère décédée d’avoir financé l’opération à son insu, et affirme n’avoir appris la disparition des enfants qu’après coup.


Un espion israélien, des pseudonymes et une opération filmée

Le dossier a pris une ampleur particulière en raison du passé de Barkai dans le renseignement israélien.
Les enquêteurs décrivent une opération digne d’un scénario de série :

– surveillance du père, Stefan Hensel,
– usage de drones, de jumelles, de systèmes d’écoute,
– caméras installées dans des appartements,
– déplacements sous fausses identités,
– séjour dans un hôtel de luxe sous les noms “George Blue”, “Doris White” et “Johnny Ford”,
– une note d’hôtel impayée de 230 000 euros.

Selon les médias allemands, le groupe a même enregistré une société-écran à Hambourg pour légitimer leurs déplacements.
L’hôtel “Grand Elysée”, propriété de la famille Block, servait de point de base logistique pour l’équipe israélienne — détail qui renforce les soupçons d’implication de la mère.


Une planification digne d’une opération clandestine

Le témoignage de Barkai indique que la mère et l’avocat avaient accès aux vidéos de surveillance du père et des enfants.
Cette affirmation, explosive, n’a pas reçu de réponse claire de la part de Block ou de son conseil.

L’opération elle-même — l’enlèvement de Clara, 13 ans, et Theodor, 10 ans — s’est déroulée au Danemark, alors que les enfants passaient la Saint-Sylvestre chez leur père.
La police danoise et allemande a ensuite déclaré l’affaire prioritaire, estimant qu’il s’agissait d’un kidnapping international orchestré.

Le procès, en cours à Hambourg, implique sept suspects, dont Barkai, sa collaboratrice Karen Tenenbaum, son mari et plusieurs exécutants étrangers.


Des Israéliens entraînés auraient participé — accusations, démentis et confusions

Un ancien agent allemand, Werner Mauss, avait affirmé que l’ancien chef du Shin Bet, Yaakov Perry, et la société israélienne de renseignement d’affaires CGI Group avaient été sollicités pour constituer une cellule d’enlèvement.
Ces accusations ont été formellement démenties, et une plainte pour diffamation a été déposée en retour.

Dans son propre témoignage, Barkai n’a cité aucun nom israélien haut placé, mais n’a pas non plus nié que des commanditaires israéliens pouvaient être impliqués.
Pour plusieurs juristes allemands, cette ambiguïté pourrait être stratégique — une manière pour Barkai d’obtenir un accord favorable tout en créant un flou volontaire.


Les co-accusés israéliens : “Nous pensions que tout était légal”

Deux prévenus représentés par l’avocat israélien Nir Yatslovitz affirment avoir été manipulés par Barkai.
Selon leur défense :

« Barkai les a trompés. Il leur assurait que l’opération était légale, connue des autorités et validée dans le cadre d’un litige familial. »

Ils prévoient de tout révéler à la police et au parquet de Hambourg.
Leur objectif : montrer qu’ils ne savaient pas qu’ils participaient à un kidnapping international — un argument central pour faire tomber les charges de complicité d’enlèvement.


Un feuilleton judiciaire de portée internationale

L’affaire mêle :

– un ex-agent israélien,
– une héritière multimillionnaire,
– des avocats influents,
– des opérations clandestines,
– des pseudonymes,
– des techniques de renseignement,
– un enlèvement d’enfants,
– un procès à haute visibilité médiatique.

Le procès reprendra le 10 décembre, et Barkai devrait être appelé à témoigner publiquement.
Son récit pourrait alors redéfinir l’ensemble du dossier, mettre à mal la défense de Block, et exposer des années de pratiques opaques dans la sphère du renseignement privé.

Ce que révèle surtout cette affaire :
la frontière dangereusement mince entre les opérations de “sécurité privée” et des actions criminelles internationales — un terrain où anciens agents, avocats et milliardaires se croisent et se brûlent.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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