Une scène inhabituelle s’est déroulée ces derniers jours à Rafah : une milice locale dirigée par Yasser Abu Shabab affirme avoir capturé quatre membres armés du Hamas, lesquels se seraient rendus après avoir émergé d’une zone souterraine proche de l’espace humanitaire. L’information, relayée par la presse locale de Gaza et confirmée par les images diffusées par Abu Shabab lui-même, révèle un phénomène rare : des habitants de Rafah collaborant ouvertement avec Tsahal en pleine guerre.
Selon la déclaration de la milice, les hommes d’Abu Shabab — qui assure opérer « aux côtés de la coalition internationale » — ont intercepté les quatre terroristes lorsqu’ils ont tenté d’attaquer la zone. Pris au piège, les hommes du Hamas auraient immédiatement déposé les armes avant d’être conduits, sous bonne garde, jusqu’à un point de transfert où ils ont été remis aux forces israéliennes.
Parmi les quatre capturés se trouve, selon un canal d’information gazaoui, Tariq al-Shaawi, dont l’identité et les aveux ont été enregistrés en vidéo. Dans les images diffusées, l’un des terroristes se présente, admet son appartenance à l’aile militaire du Hamas et reconnaît avoir participé à des activités armées. La milice affirme que les quatre individus s’étaient rendus « il y a déjà plusieurs jours » avant la publication de la séquence.
Cette collaboration discrète mais effective entre miliciens locaux et armée israélienne n’est pas entièrement nouvelle, mais elle reste rarement documentée aussi clairement. À Rafah, où la pression militaire de Tsahal a démantelé une grande partie des structures terroristes, certaines factions locales cherchent désormais à se dissocier du Hamas, accusé d’avoir plongé la bande de Gaza dans le chaos.
Tsahal, de son côté, a publié le même jour un autre document vidéo : l’identification et la frappe de six terroristes armés dans l’est de Rafah. La séquence, filmée depuis les airs, montre les membres du Hamas sortant d’un passage souterrain avant d’être éliminés par une frappe aérienne dirigée par les forces au sol. Après cette neutralisation initiale, des soldats de la brigade Nahal ont pénétré dans un bâtiment voisin pour y poursuivre les opérations.
À l’intérieur, ils ont retrouvé quatre terroristes supplémentaires :
- l’un, gravement blessé, avait déjà été atteint par la frappe aérienne ;
- trois autres ont été abattus à bout portant lors d’un échange de tirs avec les soldats ;
- deux individus ont été arrêtés.
Selon le porte-parole de Tsahal, plus de vingt terroristes ont été éliminés dans le secteur oriental de Rafah cette semaine seulement. Les forces israéliennes poursuivent des opérations « ciblées, méthodiques et continues » visant à identifier les derniers noyaux combattants, souvent retranchés dans des infrastructures souterraines.
Ce double événement — capture par une milice locale puis élimination par Tsahal — illustre un changement important dans la dynamique interne de Rafah. Depuis plusieurs mois, la population civile souffre durement du contrôle militaire du Hamas, devenu de plus en plus brutal et prédateur. La pression militaire israélienne, combinée au rejet croissant de la population envers l’organisation islamiste, a ouvert la voie à l’émergence de groupes locaux cherchant à s’aligner sur une coopération minimale avec Israël pour garantir une forme de stabilité.
Le cas d’Abu Shabab est particulier : présenté dans certains médias comme un « chef tribal », dans d’autres comme un « chef milicien », il se décrit lui-même comme un acteur local voulant protéger sa communauté face aux « aventures meurtrières » du Hamas. Son groupe affirme surveiller les mouvements dans la zone humanitaire, empêchant les infiltrations terroristes et maintenant un semblant d’ordre. Cette version reste difficile à vérifier de manière indépendante, mais les images publiées semblent confirmer une collaboration active.
Pour Israël, ce type de dynamique locale n’est pas nouveau : dans d’autres zones de conflit, des alliances temporaires sont nées autour d’un intérêt commun — neutraliser les cellules terroristes qui mettent en danger la population et les forces sur le terrain. Si cette collaboration devait se renforcer, elle pourrait constituer un avantage stratégique : meilleure connaissance du terrain, accès à des informations internes, et réduction du soutien civil au Hamas.
Mais la prudence demeure. Du point de vue israélien, ces milices restent volatiles, sujettes à des pressions tribales, politiques et sécuritaires. L’intégration de leurs renseignements doit donc rester encadrée et vérifiée. De plus, le Hamas pourrait chercher à se venger de ces groupes, les accusant de trahison.
À Rafah, où les opérations se poursuivent, la stratégie de Tsahal reste inchangée : neutraliser les dernières forces armées du Hamas, sécuriser les infrastructures souterraines et empêcher toute reconstitution des unités combattantes. L’arrestation ou l’élimination de plus de 20 terroristes en une semaine illustre l’intensité de cet effort.
Les images publiées par Abu Shabab, autant que celles publiées par Tsahal, témoignent d’un point de bascule possible : la peur commence à changer de camp. Et lorsque des habitants de Gaza collaborent à la capture de terroristes, c’est la preuve que le Hamas a perdu plus que des tunnels — il a perdu une partie du contrôle social sur lequel il avait bâti sa domination.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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