Selon le quotidien libanais Al-Akhbar, proche du Hezbollah, le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdel-Atti, a transmis à Beyrouth un message d’une rare sévérité : l’escalade entre Israël et le Liban serait désormais “inévitable” avant la fin de l’année si le Hezbollah refuse de modifier sa posture militaire. Derrière cette mise en garde sans précédent se cache un tournant stratégique majeur dans la politique régionale de l’Égypte.
Au cours de sa visite à Beyrouth, Abdel-Atti aurait affirmé que Le Caire abandonne progressivement le principe de « gel des armes » au profit d’un nouveau paradigme : le désarmement complet. Non seulement au sud du Litani — comme l’exige déjà la résolution 1701 du Conseil de sécurité — mais aussi au nord du fleuve, avec une transition progressive vers le retrait total des armes contrôlées par le Hezbollah et par les groupes palestiniens.
Cette position, si elle est confirmée, représente un changement radical. L’Égypte, traditionnellement prudente face aux équilibres internes du Liban, semble désormais considérer que la présence armée du Hezbollah menace non seulement la stabilité de Beyrouth mais aussi ses propres intérêts : la sécurité de Gaza, sa médiation avec Israël, et la gestion de la frontière du Sinaï.
Le ministre égyptien aurait ainsi invité les dirigeants libanais à ouvrir des négociations directes avec Israël au Caire, sous parrainage conjoint saoudien et américain. Toujours selon Al-Akhbar, Abdel-Atti aurait averti : « Il n’y a aucune limite à l’escalade qu’Israël pourrait entreprendre. » Une formule percutante, visiblement destinée à faire saisir aux responsables libanais la gravité de la situation.
En particulier, Abdel-Atti aurait estimé que Tsahal a déjà pris la décision stratégique de lancer une opération militaire majeure au Liban, une opération qui ne se limiterait pas à des frappes aériennes, mais inclurait également une manœuvre terrestre et la destruction de « centaines de cibles militaires ».
Le message a été transmis à plusieurs dirigeants libanais, dont :
- le président du Parlement Nabih Berri, allié du Hezbollah,
- le Premier ministre Nawaf Salam,
- et des responsables sécuritaires de haut niveau.
L’idée centrale : le Liban doit proposer une feuille de route claire pour démilitariser progressivement le Hezbollah, sans quoi Israël imposera sa propre solution par la force.
Ce mouvement diplomatique inattendu du Caire s’explique également par un risque plus large : selon des sources régionales, toute escalade au Liban entraînerait un risque immédiat d’embrasement simultané à Gaza. Une perspective que l’Égypte redoute particulièrement, car elle pourrait :
- compromettre la fragile trĂŞve Ă Gaza,
- entraîner un nouvel afflux de réfugiés vers le Sinaï,
- relancer des projets auxquels l’Égypte s’oppose fermement, notamment la relocalisation forcée de Palestiniens,
- forcer Le Caire à une réaction politique ou militaire qu’il souhaite éviter.
En clair, pour l’Égypte, ce qui se joue aujourd’hui au Liban dépasse de loin la frontière israélo-libanaise : il s’agit d’éviter l’effondrement des mécanismes de médiation régionale que Le Caire s’efforce de mener depuis deux ans. C’est le cœur de sa stratégie : stabiliser la bande de Gaza, contenir le Hamas et préserver sa stature d’intermédiaire incontournable.
Mais une offensive israélienne au Liban — que de nombreux analystes israéliens jugent de toute façon probable — viendrait bouleverser ce fragile équilibre. L’Égypte mise donc sur une pression maximale contre le Hezbollah, qu’elle accuse officieusement d’avoir entraîné la région dans une spirale incontrôlable.
Du côté israélien, ce discours égyptien conforte une lecture déjà bien ancrée dans les cercles sécuritaires : le Hezbollah n’a aucune intention de se conformer aux résolutions internationales et utilise le sud-Liban comme base avancée iranienne. Une menace existentielle qu’Israël ne peut tolérer indéfiniment. Les propos attribués aux égyptiens ne font que renforcer l’idée selon laquelle Jérusalem pourrait frapper avant que l’organisation chiite ne consolide davantage ses positions.
Pour Beyrouth, en revanche, la situation est explosive. D’un côté, le Hezbollah répète qu’il ne renoncera en aucun cas à ses armes. De l’autre, l’État libanais est incapable d’imposer la moindre contrainte à l’organisation, sous peine de déclencher une guerre civile. La proposition du Caire — désarmement progressif, supervision par l’armée libanaise, négociations avec Israël — semble intenable politiquement, même si elle est la seule qui pourrait empêcher une guerre.
La question centrale reste donc la suivante : le Liban a-t-il encore la capacité de choisir son destin, ou celui-ci est-il désormais dicté à la fois par les ambitions iraniennes et par la patience limitée d’Israël ?
Ce qui est certain, c’est que le message égyptien ne laisse plus place au doute : la région s’achemine rapidement vers une confrontation, et seule une décision courageuse du Liban — improbable à ce stade — pourrait encore en détourner le cours.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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