Le piège du “bon Juif” ou du “mauvais Juif” : l’avertissement amer venu de New York

 

La victoire électorale de Zohran Mamdani, nouveau maire de New York, a déclenché un malaise profond au sein de la communauté juive américaine. À peine élu, il a offert une première démonstration de sa doctrine : un glissement subtil mais dangereux consistant à séparer les Juifs entre deux catégories — les « bons Juifs », acceptables politiquement, et les « mauvais Juifs », ceux dont l’attachement à Israël devient soudainement suspect. C’est ce que décrit avec inquiétude Tamar Ish-Shalom, dans un texte devenu viral.

Le récit commence par un mème satirique envoyé à l’auteure : l’organisation Nefesh B’Nefesh, qui aide les Juifs nord-américains à faire leur aliyah, y félicite ironiquement Mamdani pour son « employé du mois ». L’humour masque mal l’angoisse. Car même les Juifs progressistes, habitués à défendre des positions critiques vis-à-vis d’Israël, reconnaissent être « surpris par la vitesse à laquelle leurs craintes se sont matérialisées ».

La semaine dernière, une manifestation d’une rare agressivité s’est tenue devant le Park East Synagogue, sur l’Upper West Side. À l’intérieur, un événement de Nefesh B’Nefesh encourageait l’aliyah — une activité parfaitement légale et courante. À l’extérieur, des militants pro-palestiniens hurlaient deux slogans devenus tristement courants depuis le 7 octobre : « globalize the intifada » et « death to the IDF ». Les cris étaient lancés à quelques mètres des portes du lieu de culte.

La réaction du maire Mamdani fut immédiate — et troublante. Par la voix de sa porte-parole, il déclare d’abord « condamner le langage entendu lors de la manifestation », mais ajoute ensuite que les lieux sacrés « ne doivent pas être utilisés pour promouvoir des activités violant le droit international ». Autrement dit, il suggère que l’événement dans la synagogue — un simple rassemblement d’information sur l’aliyah — violerait le droit international. Une accusation grave, vague, non étayée et surtout politiquement commode.

Ce raisonnement n’est pas innocent : il s’appuie sur l’idée que certains Juifs américains qui montent en Israël s’installent ensuite dans les implantations, ce qui permet à des groupes anti-sionistes de présenter tout soutien à Israël comme intrinsèquement illégitime, voire illégal. Cette confusion volontaire prépare un terrain glissant : faire comprendre aux Juifs que toute expression de lien national avec Israël fera d’eux des “mauvais Juifs”.

Selon Tamar Ish-Shalom, c’est précisément la stratégie : forcer les Juifs américains à choisir.
Le « bon Juif », selon cette vision, est celui qui ne voit dans sa judéité qu’une dimension culturelle ou religieuse, jamais nationale. Celui qui accepte de rompre avec Israël — ou mieux, de s’opposer à son existence politique.
Le « mauvais Juif » est celui qui assume un lien, quel qu’il soit, avec l’État d’Israël, même s’il le critique. Celui qui croit que le peuple juif forme un tout — religion, culture et nation — une complexité que beaucoup, depuis toujours, ont du mal à accepter.

Dans ce contexte, la déclaration du maire est un signal : les synagogues qui accueilleront des événements liés à Israël pourraient désormais être considérées comme menant des activités “illégitimes”. La protection policière, la sécurité municipale, l’attention du maire — tout cela pourrait devenir conditionnel. « Choisissez bien quel Juif vous voulez être », tel est le message implicite.

Pour la communauté juive américaine, le choc est immense. Selon le dernier sondage « The Jewish People Policy Institute », 88 % des Juifs américains estiment que l’existence d’Israël est essentielle à l’avenir du peuple juif. Beaucoup critiquent la politique israélienne, parfois durement, mais cela n’a jamais signifié qu’ils renonçaient au lien fondamental entre leur identité et Israël. Aujourd’hui, ils se trouvent accusés d’être « du mauvais côté » pour avoir simplement affirmé un lien historique et affectif.

Dans cette atmosphère, la montée en puissance de Mamdani inquiète. Le maire de New York contrôle un outil décisif : la police. Il nomme et peut destituer son commissaire, influence les budgets, les priorités, et détermine le niveau de protection des lieux juifs. Pour les deux tiers des Juifs new-yorkais qui n’ont pas voté pour lui, selon les premiers sondages, sa position actuelle accentue la crainte d’une forme de pression politique déguisée.

Le scénario esquissé par Tamar Ish-Shalom est clair : si les institutions juives refusent d’endosser le rôle du “bon Juif” déconnecté d’Israël, elles pourraient payer le prix. Aujourd’hui symbolique, demain peut-être matériel. Sécurité réduite, stigmatisation politique, accusations infondées de complicité avec des « violations du droit international ».

Le texte résonne comme un avertissement : cette tentative de redéfinir la judéité selon des critères politiques extérieurs n’est pas seulement une menace pour la communauté américaine ; elle s’inscrit dans un phénomène global — celui d’une pression croissante sur les Juifs pour renoncer publiquement à Israël afin d’être « acceptés ». Une pression qui, ironie tragique, ressemble beaucoup à ce que les Juifs ont tenté d’éviter tout au long de leur histoire.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés

 

.