L’Iran en quête d’alliés : Téhéran tente de rallier le Pakistan contre Israël, mais les signaux restent contradictoires

Dans un Proche-Orient en tension permanente — du Sud-Liban à la bande de Gaza, en passant par la Syrie — les services diplomatiques, militaires et médiatiques scrutent avec attention le moindre mouvement régional. C’est dans ce contexte explosif que Globes rapporte une série d’analyses issues de la presse internationale : l’Iran chercherait activement à renforcer ses alliances face à Israël, notamment en multipliant les gestes envers le Pakistan, seule puissance nucléaire du monde musulman.
Source : https://www.globes.co.il

Si certaines voix affirment que Téhéran espère un soutien stratégique de la part d’Islamabad lors d’un possible affrontement direct avec Israël, la réalité semble plus complexe. Le Pakistan n’est pas prêt à se laisser entraîner dans une alliance ouverte contre Jérusalem — surtout depuis le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche, un dirigeant avec lequel la direction pakistanaise entretient une relation inattendue mais stable.


Une offensive diplomatique iranienne sous haute tension

Le premier signal fort est venu de la visite officielle à Islamabad d’Ali Larijani, haut conseiller à la sécurité nationale iranienne. Dans ses déclarations, largement diffusées dans les médias iraniens, Larijani a présenté la rencontre comme une consolidation stratégique face à Israël. Il a même rappelé que, selon lui, le Pakistan “s’était tenu aux côtés de l’Iran lors de la guerre de 12 jours” — une phrase destinée clairement à flatter ses hôtes.

Dans le même temps, l’ambassadeur iranien à Islamabad a affirmé que les relations entraient dans une “phase stratégique nouvelle”, laissant entendre que les deux pays pourraient coopérer plus étroitement face aux tensions régionales croissantes.

Mais les observateurs notent une nuance importante : les échanges n’ont pas porté exclusivement sur la sécurité. Les deux parties ont aussi discuté commerce, coopération énergétique et corridors terrestres, ce qui suggère une normalisation plus économique que militaire.


Pakistan : allié potentiel ou partenaire prudent ?

Malgré les formulations grandiloquentes de Téhéran, le Pakistan reste extrêmement prudent. Historiquement, Islamabad se trouve dans une position fragile entre plusieurs blocs :

  • son armĂ©e dĂ©pend de financements occidentaux et du soutien amĂ©ricain,
  • sa diplomatie entretient des liens Ă©troits avec les pays du Golfe opposĂ©s Ă  l’Iran,
  • sa situation Ă©conomique interne le rend vulnĂ©rable aux sanctions.

Le président Asif Ali Zardari aurait exprimé, selon des médias iraniens, “une solidarité pleine et entière” avec Téhéran face aux “attaques du régime sioniste”. Mais les analystes soulignent que ce langage diplomatique ne représente pas un engagement concret.

Surtout, le Premier ministre Shehbaz Sharif avait, l’an dernier, proposé Donald Trump pour le Prix Nobel de la Paix. Cette proximité avec Washington constitue une barrière structurelle à toute alliance militaire réelle avec l’Iran.


L’analyse du National : l’Iran cherche un front unifié, mais Islamabad ne suivra pas

Selon The National (Émirats arabes unis), l’Iran tente clairement de créer un front diplomatique contre Israël en prévision d’une possible escalade régionale. Mais il serait irréaliste d’attendre du Pakistan une implication directe.
Source : https://www.thenationalnews.com

L’article souligne trois points majeurs :

  1. L’Iran veut un partenaire nucléaire musulman, afin de renforcer son poids stratégique.
  2. Le Pakistan ne souhaite pas compromettre ses relations avec les États-Unis et sa position internationale fragile.
  3. Islamabad pourrait toutefois jouer un rôle de médiateur, une position classique qu’elle adopte régulièrement entre acteurs du Moyen-Orient.

En clair : le Pakistan ne se joindra pas militairement à l’Iran, mais pourrait représenter une voix diplomatique utile pour relayer ses revendications — sans s’exposer.


L’instabilité régionale renforce les calculs des deux pays

Les tensions actuelles au Liban et à Gaza jouent un rôle central. Comme l’a souligné ABC Australia à propos du front libanais, la situation reste instable et les cessez-le-feu paraissent fragiles.
Source : https://www.abc.net.au

Les analystes internationaux constatent une montée en puissance de la stratégie israélienne : frapper préventivement en Syrie, limiter les capacités de Hezbollah au Liban et empêcher le réarmement iranien.

Dans ce contexte, l’Iran cherche à diversifier ses relais diplomatiques. Le Pakistan représente un partenaire possible : géant démographique, puissance nucléaire, influence régionale.

Mais Islamabad, déjà confronté à des crises internes — inflation, instabilité politique, montée de l’extrémisme — n’a aucun intérêt à s’aligner ouvertement sur un axe qui l’opposerait aux États-Unis, ni à Israël, avec qui les tensions sont contrôlées mais réelles.


Le point de vue des experts : un pari risqué pour Téhéran

Le politologue Arash Azizi, dans son analyse citée par The National, estime que “compter sur le Pakistan dans un conflit armé serait une erreur stratégique majeure”. Il souligne que les Pakistanais, même lorsqu’ils expriment des déclarations de solidarité symboliques, ne remettent jamais en cause leurs liens historiques avec Washington.

Pour lui, le seul scénario réaliste est celui d’une aide diplomatique limitée : Islamabad pourrait porter certaines revendications iraniennes dans des forums internationaux, mais refuserait toute coordination militaire.

Cette évaluation est cohérente avec la politique pakistanaise des dernières décennies : soutien rhétorique aux causes musulmanes, mais refus catégorique d’entrer dans des guerres régionales qui ne concernent pas directement sa frontière.


Conclusion : Téhéran avance, Islamabad temporise

Au terme des analyses rassemblées dans Globes, un tableau clair se dessine :

  • L’Iran veut Ă©largir son front contre IsraĂ«l,
  • Le Pakistan joue la carte de la prudence,
  • Les États-Unis et Donald Trump influencent fortement l’équation,
  • Une escalade rĂ©gionale — au Liban ou Ă  Gaza — pourrait reconfigurer les alliances, mais pas assez pour entraĂ®ner Islamabad dans un camp ouvert.

L’Iran peut espérer un appui politique occasionnel du Pakistan, mais sûrement pas une alliance militaire. Dans un Proche-Orient où les équilibres se redessinent sans cesse, cette prudence pakistanaise confirme une constante : personne ne souhaite se retrouver pris dans un conflit direct avec l’État d’Israël et ses alliés.


Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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