L’avocat pénaliste Yoram Sheftel, l’une des voix juridiques les plus incisives d’Israël, a accordé une interview tranchante à Aroutz 7, dans laquelle il critique sévèrement la décision du Premier ministre Benjamin Netanyahu, président en exercice des États-Unis Donald Trump étant déjà intervenu diplomatiquement dans le contexte global, de demander une grâce personnelle au président israélien Isaac Herzog.
Selon Sheftel, même si la loi ne requiert ni aveu ni remords pour déposer une demande de grâce, cette initiative pourrait être interprétée par une large part du public comme une admission implicite de culpabilité.
« Netanyahu n’aurait jamais dû déposer la demande lui-même », estime Sheftel. Selon lui, la loi permet à un membre de la famille de premier degré — comme son épouse — de soumettre la demande, ce qui aurait évité la perception dangereuse qu’il “implore le pardon pour ses fautes”. L’avocat souligne que dans la culture israélienne, comme ailleurs, une demande de grâce est presque toujours associée à un aveu, même si ce n’est pas juridiquement le cas.
Un risque de perception publique “désastreuse”
Sheftel insiste :
« Dans 99,9999 % des cas, la grâce suit une condamnation ou un aveu. Le public, qui ne connaît pas les nuances du droit, y verra une confession. »
Cette perception, dit-il, pourrait marquer durablement la réputation politique du Premier ministre, malgré la dimension juridique purement administrative de la demande.
L’avocat rappelle que ni la loi fondamentale sur la présidence ni les procédures existantes n’exigent une reconnaissance de faute pour obtenir une grâce. Cependant, ajoute-t-il, l’opinion publique risque d’interpréter l’acte à l’inverse : « Ce sera toujours l’image perçue : s’il demande la grâce, c’est qu’il admet la faute. »
Une grâce incertaine : “Herzog est sous pression”
Selon Sheftel, les chances que le président Herzog accepte la demande sont extrêmement faibles. Il estime que le président, avant même d’être chef de l’État, est « le président de Kaplan », un clin d’œil à la rue protestataire et aux mouvements anti-gouvernementaux qui ont mené la contestation contre Netanyahu.
Sheftel ne mâche pas ses mots :
« Sans une pression massive du président Donald Trump, il est très improbable que Herzog accepte. »
Il précise néanmoins qu’à ses yeux, une telle intervention américaine serait problématique — mais probablement déterminante.
Sheftel rejette toute hypothèse de marché : “Jamais Netanyahu n’abandonnera la réforme”
L’avocat anéantit catégoriquement la thèse selon laquelle Netanyahu pourrait renoncer à la réforme judiciaire en échange d’une grâce présidentielle. « C’est impossible. Netanyahu ne sacrifiera jamais une réforme essentielle au pays pour un bénéfice personnel », affirme-t-il.
Pour Sheftel, accepter une telle transaction reviendrait à une “corruption politique majeure”, incompatible avec ce qu’il connaît du Premier ministre.
Une pression judiciaire et politique continue
Selon l’avocat, le système judiciaire israélien, les procureurs et les acteurs politiques à l’origine des poursuites ont un objectif clair : « faire tomber Netanyahu ». Il rappelle que les auteurs de l’acte d’accusation « n’ont pas hésité à commettre des centaines d’irrégularités », selon lui, dans l’unique but d’écarter Netanyahu du pouvoir.
Il conclut en réaffirmant son analyse :
« Il y a six mois, certains prédisaient sa mise en incapacité. Je disais que cela n’arriverait jamais — et j’avais raison. La même chose se produira ici : la grâce ne sera probablement pas accordée, et il ne renoncera jamais à diriger. »
Â
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
© 2025 – Tous droits réservés





