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La décision est tombée ce mercredi matin à Jérusalem : le Premier ministre Benjamin Netanyahou a choisi de nommer son secrétaire militaire, le général de brigade Roman Gofman, comme futur directeur du Mossad. Cette désignation, qui sera soumise dans les prochains jours à la Commission consultative sur les nominations aux hauts postes, intervient dans un moment géopolitique particulièrement tendu pour Israël, alors que la menace iranienne se renforce et que la guerre prolongée à Gaza continue de façonner les priorités sécuritaires du pays. L’actuel chef du Mossad, David Barnea, quittera ses fonctions en juin 2026, conformément à l’annonce officielle du bureau du Premier ministre. « Netanyahou a décidé de le nommer après avoir auditionné plusieurs candidats », précise le communiqué.
Le parcours de Roman Gofman éclaire les raisons de ce choix stratégique. Officier respecté, issu des unités opérationnelles et profondément immergé dans les cercles décisionnels de la défense israélienne, Gofman incarne une génération d’experts formés aux conflits hybrides et aux menaces transfrontalières. En tant que secrétaire militaire du Premier ministre, il a été associé aux crises les plus sensibles des dernières années : opérations en Syrie contre les infrastructures du Hezbollah, gestion des attaques de drones iraniens, coopération sécuritaire avec les États-Unis et les États du Golfe, ainsi que la coordination complexe entre Tsahal, le Shin Bet et le Mossad. Plusieurs analystes cités par Kan News et le Jerusalem Post lui attribuent « une compréhension fine des systèmes de renseignement et une capacité rare à maintenir la cohésion entre les différents organes stratégiques ».
L’héritage laissé par David Barnea est lourd et déterminant. Sous son mandat, de nombreuses opérations clandestines attribuées à Israël par des médias internationaux tels que Reuters, The New York Times ou BBC ont perturbé le programme nucléaire iranien, neutralisé des réseaux de financement terroriste et déjoué des infrastructures militaires secrètes du Corps des Gardiens de la Révolution islamique. Ces succès, bien que rarement revendiqués officiellement par Israël, servent de socle à la continuité imposée à son successeur. Barnea avait également renforcé la coopération avec les services américains, en particulier sur le dossier des missiles balistiques iraniens, comme l’ont confirmé plusieurs rapports publiés par l’AIEA.
La nomination de Gofman intervient alors qu’Israël intensifie également ses alliances régionales. Depuis les Accords d’Abraham de 2020, la collaboration sécuritaire avec les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc s’est considérablement renforcée. Les informations publiées par CNN et le Jerusalem Post montrent que ces partenariats s’étendent désormais aux systèmes de détection anti-drone, à la surveillance maritime et au suivi des flux financiers des milices pro-iraniennes. Le Mossad constitue un pilier central de ces dispositifs, et Gofman devrait trouver dans cette dynamique un terrain favorable pour consolider la nouvelle architecture de sécurité régionale soutenue par l’administration du président américain Donald Trump.
Sur le plan interne, la confiance du public israélien dans les services de renseignement reste élevée, malgré les traumatismes laissés par les attaques du 7 octobre 2023. Selon l’Institut Israélien pour la Démocratie, le Mossad demeure l’institution sécuritaire la plus respectée du pays, avec un taux de confiance dépassant 80 %. Toutefois, cette confiance s’accompagne d’attentes très fortes quant à la transparence, à la rigueur opérationnelle et à la capacité d’anticipation des menaces émergentes. La nomination d’un proche collaborateur de Netanyahou peut être perçue comme un message politique clair : le chef du gouvernement entend conserver un contrôle direct sur les organes stratégiques, mais il choisit un profil qui rassure par son professionnalisme.
Plusieurs analystes soulignent également que Gofman devra gérer simultanément deux fronts : la réorganisation interne du Mossad, avec l’intégration accrue de technologies d’intelligence artificielle et de cybersécurité, et la coordination avec Tsahal à un moment où l’armée se prépare à de possibles escalades simultanées au Liban, en Syrie et dans la bande de Gaza. Le président iranien, ainsi que plusieurs officiels du régime, ont récemment affirmé — via l’agence Tasnim — que Téhéran continuerait d’étendre ses capacités de missiles de précision, ce qui conforte l’analyse israélienne selon laquelle la région entre dans une phase de confrontation prolongée. C’est dans ce contexte que Gofman devra imposer sa marque : discrétion, rapidité d’action et capacité à anticiper les crises avant qu’elles ne deviennent des menaces existentielles.
L’aspect politique n’est pas moins important. Netanyahou, confronté à des tensions internes et à l’exigence d’efficacité sécuritaire exprimée par le public, mise sur un cadre proche et loyal, mais suffisamment solide pour résister aux pressions extérieures. La relation intime entre un Premier ministre et le directeur du Mossad joue un rôle déterminant dans la gestion des otages, dans les opérations clandestines et dans les négociations internationales les plus sensibles. En choisissant Roman Gofman, Netanyahou opte pour une continuité maîtrisée, un alignement stratégique et une préparation assumée aux défis de la prochaine décennie.
En définitive, la nomination de Roman Gofman marque un tournant sans rupture : une transition calculée, destinée à préserver la puissance opérationnelle du Mossad tout en consolidant les alliances régionales et en renforçant la posture israélienne face à Téhéran. Dans un Moyen-Orient instable et imprévisible, ce choix envoie un message clair : Israël entend rester maître de son destin sécuritaire, avec une direction du Mossad étroitement alignée avec la stratégie gouvernementale.
Rédaction francophone Infos Israel News pour l’actualité israélienne
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